Neuf patriotes corses, dont Pierre Paoli, membre de Corsica Libera, ont été renvoyés devant la cour d’assises spéciale à Paris dans une enquête sur des attentats contre des résidences secondaires durant l’année 2012 revendiqués par le FLNC, a-t-on appris ce vendredi de sources concordantes.
Pierre Paoli, aujourd’hui âgé de 63 ans, cadre du mouvement indépendantiste lors de son arrestation il y a un an, en février 2015, sept mois avant la victoire des nationalistes aux élections territoriales, a été renvoyé par le juge d’instruction le 10 août pour direction ou organisation d’un groupement terroriste, ont précisé des sources judiciaires et proches du dossier. Il n’est pas mis en cause pour une participation directe aux attentats, mais les enquêteurs, qui disposent d’écoutes téléphoniques, le soupçonnent d’avoir été le chef du FLNC (Front de libération nationale de la Corse) pour la Corse-du-Sud à l’époque des faits, ce qu’il conteste. Il a été placé en détention provisoire.
« Quand les débats publics s’ouvriront, tout le monde verra l’inanité de l’accusation. Pierre Paoli prône depuis des années la fin de la violence politique », a réagi son avocat, Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci.
Sortir « progressivement de la clandestinité »
Le FLNC a annoncé fin juin 2014 son intention de déposer les armes et de sortir « progressivement de la clandestinité ». Depuis, les indépendantistes de Corsica Libera ont remporté les élections territoriales de décembre 2015, en coalition avec les autonomistes de Femu a Corsica, et leur dirigeant Jean-Guy Talamoni a été élu à la présidence de l’assemblée de l’île. L’enquête porte à l’origine sur deux « nuits bleues », des séries d’attentats à l’explosif perpétrées dans les nuits du 10 au 11 mai 2012 et du 7 au 8 décembre 2012 contre des résidences secondaires, et visant des villas appartenant à des continentaux. Le FLNC avait notamment revendiqué les actions de décembre, soit trente et un faits, en dénonçant la spéculation immobilière. Les investigations, nourries par les écoutes, avaient permis d’établir un lien avec une cellule clandestine, opérant pour le compte du FLNC dans la région de Valinco, sur le littoral de Corse-du-Sud.
Les huit autres protagonistes, âgés de 28 à 64 ans, dont six sont toujours en détention provisoire, ont été renvoyés par le juge antiterroriste notamment pour des faits d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, et pour certains d’entre eux pour dégradations par explosifs en lien avec une entreprise terroriste et complicité, pour des explosions à Sartène et à Olmeto plage. Avant un procès, le dossier devrait être examiné par la chambre de l’instruction, plusieurs parties ayant fait appel de l’ordonnance, selon les sources.
Jean Rossi C&C