#Corse #Ghjurnate @Sulidarita « 180 municipalités ont voté une délibération » #amnistia

Voici le discours de Cathy Bartoli, vice-Présidente de l’Associu Sulidarità, lors du débat samedi aux Ghjurnate Internaziunale di Corti :

Bonghjornu a tutte è a tutti,

Avant de débuter mon intervention, je souhaiterai au nom de l’Associu Sulidarità remercier toutes les personnes qui ont contribué à la campagne Amnistia, et toutes celles et ceux qui ont manifesté sous diverses formes leur soutien à cette campagne et particulièrement deux membres de la délégation Catalane présents à nos côtés aujourd’hui : Jordi Mirò et Conxita Bosch pour les mobilisations qu’ils ont organisé l’an dernier et il y a quelques semaines à Barcelone en Faveur d’une loi d’amnistie pour les prisonniers politiques Corses.

L’associu Sulidarità souhaite également remercier la Ghjuventù Indipendentista, et la Ligue des Droits de l’Homme pour leur participation à chacune des mobilisations que nous avons organisé.

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Comme vous le savez, l’Associu a lancé début 2015 une campagne demandant le vote d’une loi d’amnistie.

En quelques mois, cette campagne a pris une ampleur qui nous a non seulement réjouis, mais également surpris.

En effet, un soutien massif à cette campagne s’est très vite fait sentir, et chose historique, ce soutien venait de l’ensemble de la classe politique Corse, et plus largement, de l’ensemble de la société.

Pour la première fois de notre histoire, une question aussi sensible a permis de fédérer, de mettre d’accord des personnes aux idées diamétralement opposées.

C’est ainsi qu’au bout un an d’une campagne intense, il convient de faire un bilan pour vous donner un bref aperçu de ce soutien.

Le 4 Avril 2015, nous lancions un appel au commune de Corse, afin que celles-ci prennent une délibération demandant le vote d’une loi d’amnistie.

Plus d’un an plus tard, plus de la moitié des communes, soit plus de 180 municipalités ont voté une délibération allant en ce sens.

À ces votes, viennent s’ajouter les délibérations prises par d’autres assemblées délibérantes de Corse :

  • La Collectivité Territoriale de Corse,
  • Le conseil Général de Haute-Corse,
  • L’Università di Corsica Pasquale Paoli,
  • Le Conseil Communautaire des Cinque Pieve di Balagna
  • Le Conseil Communautaire d’e Trè Pieve
  • Le Conseil Communautaire du Fium’orbu Castellu
  • Le Conseil Communautaire de l’Aghja Nova

Quelques jours avant le Ghjurnate de l’an passé, nous avons élaboré un manifeste pour l’amnistie qui depuis a été signé par plusieurs centaines de  représentants de la société corse. Dans les mondes Sportif, culturel, politique, dans l’éducation, parmi les associations, un soutien massif s’est rapidement manifesté et a démontré qu’une certaine volonté émanait du peuple Corse.

La volonté de tous ensemble, construire la paix, l’avenir.

La volonté de mettre fin à des années d’injustices permanentes dont sont victimes nos prisonniers et recherchés politiques.

Mais également de faire respecter la démocratie à un Etat qui est venu jusqu’à l’Assemblée pour la nier.

En effet, le 4 Juillet dernier, Manuel Valls déclarait devant une assemblée démocratiquement élue, contrairement à lui qui n’est que nommé, que non seulement il n’y avait pas de prisonniers politiques, mais surtout, qu’il n’y aurait pas d’amnistie.

  • Comment peut-il ainsi nier la volonté populaire ?
  • Comment peut-il ainsi nier la réalité même en niant l’existence des prisonniers politiques ?!
  • Mr Valls, s’il n’y a pas de prisonniers politiques, pourquoi ?
  • Pourquoi nos frères sont ils jugés à Paris par une Juridiction Spécialisée ?
  • Pourquoi lors de ces procès, on leur demande quels sont leurs orientations politiques ?
  • Pourquoi leur demande-t-on également de renier leur engagement politique ?
  • Pourquoi les lois Françaises et les Règles Européennes en matière de rapprochement familial ne leur sont pas appliqué ?
  • Pourquoi leurs demandes de remise en liberté conditionnelle sont systématiquement refusées ?
  • Pourquoi la demande de Conditionnelle de Sampieru Andreani a été refusée au motif qu’il ne reniait pas ses idées ?
  • Pourquoi si ils n’existent pas, leurs familles ont à endurer quotidiennement l’enfermement, l’éloignement, l’anxiété ?
  • Pourquoi refusez-vous Mr Valls de voir la réalité en face ?

Face à ce déni de démocratie, il est effectivement compliqué de trouver les moyens  de réagir, et de provoquer un changement de politique de la part du Gouvernement.

De nombreuses voix se sont élevées ces derniers mois, proposant d’internationaliser la question afin de sensibiliser l’opinion publique au-delà de nos frontières.

Pour notre part, ce travail d’internationalisation a débuté il y a plusieurs mois avec la Campagne « Corsica Amnistia ».

Cette démarche a déjà permis de récolter plusieurs dizaines de signataires du manifeste pour l’Amnistie, du Canada, à Bruxelles en passant par Barcelone ou le Bénin.

Cette campagne Internationale nous a également permis d’effectuer une intervention sur la situation des prisonniers politiques au 8ème forum sur les questions relatives aux minorités du  Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Suite à ce bilan des mois passés, il est nécessaire de traiter de l’actualité, et celle-ci en matière de répression demeure chargée, comme vous l’ont détaillés Maître Posperi, les bâtonniers d’Aiacciu et Bastia, ainsi que le collectif des avocats.

Alors que nous connaissions la double peine, qui conjuguait enfermement et éloignement, l’Etat a semble-t-il décidé d’innover, en créant avec le FIJAIT (Fichier Judiciaire national automatisé des Auteurs d’Infractions Terroristes) la triple peine.

L’actualité est également marquée par le procès de 3 Jeunes Corses à la rentrée à Paris.

Nous souhaitons rappeler qu’alors qu’en Corse, nous tentons de construire une paix durable, il est impensable que de nouvelles condamnations viennent troubler cette volonté d’apaisement.

La solution politique viendra d’une loi d’amnistie, et non pas de nouvelles condamnations qui ne pourraient qu’augmenter les tensions dues à la politique actuelle de l’Etat.

Nous tenons à assurer la Ghjuventù Indipendentista les seront jugés lors de ce procès, de notre soutien et de notre participation aux mobilisations qu’ils engageraient dans ce contexte.

L’actualité, c’est aussi le refus de la levée du statut de DPS pour Petru Alessandri et Alain Ferrandi.

Mr le ministre de la Justice justifie son opposition à la levée du statut de DPS, avec pour argument, le fait qu’en Corse, ils soient actuellement médiatiquement présentés comme des prisonniers politiques, ce qui signifie de fait selon le ministre un engagement contre l’état français.  Alors si ce courrier n’était pas aussi choquant, ce motif pourrait prêter à sourire quand on sait qu’aujourd’hui la majorité des communes de Corse se sont prononcé en faveur d’une loi d’amnistie pour les prisonniers et recherchés politiques Corses. Si l’on en croit les propos du Ministre, ces communes seraient donc engagées contre l’Etat Français. O Jean Guy, poi priparà un referendum per l’indipendenza alora !

Avant de terminer mon intervention, je tiens d’ailleurs à saluer le travail de nos élus au service du peuple Corse et en soutien à nos prisonniers politiques.

Dans le contexte de mobilisation unitaire issu de la victoire aux élections de Décembre dernier, nous appelons aujourd’hui l’ensemble des signataires du manifeste pour l’amnistie, et plus largement du peuple Corse, au travers des Syndicats, des Mouvements, des Associations, à nous rejoindre autour d’une table dans les semaines à venir, afin de discuter ensemble des modalités d’une mobilisation populaire d’envergure tendant à débloquer la situation actuelle en ce qui concerne la revendication d’Amnistie.

AMNISTIA PÀ TUTT’I PATRIOTTI !

FEMU LI VULTÀ !

Cathy Bartoli
Vice-Présidente de Sulidarità

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