#Corse Dossier U Ribombu « La question des déchets de 1998 à aujourd’hui »

En 1998 : des deux plans départementaux d’élimination des déchets ménagers élaborés pour la Haute Corse et la Corse-du-Sud en application de la loi de juillet 1992 sont adoptés. La même année, ces plans indépendants l’un de l’autre et non compatibles, sont mis en révision

En 2002 : le Plan Interdépartemental d’Élimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PIEDMA) est approuvé par arrêté inter-préfectoral en décembre 2002. Il prévoit le traitement par incinération, qui se heurte à une forte contestation.

En 2007 : Le SYVADEC (créé en 2005) devient un syndicat de réalisation chargé de la prévention, du recyclage, de la valorisation et du traitement des déchets ménagers.

Octobre 2008 : l’assemblée de Corse délibère sur l’abandon de l’incinérateur, dans le droit fil de la motion adoptée le 28 juillet 2006, et arrête le principe d’un nouveau Plan de Prévention et de Gestion des Déchets Non Dangereux (PPGDND) pour remplacer le PIEDMA.

Juin 2009 : La Commission de suivi et d’évaluation des plans déchets (CSE), en charge de l’élaboration des nouveaux plans et lance la procédure de mise en révision,

Novembre 2010 : l’assemblée entérine la procédure de mise en révision et acte par la même occasion l’arrêt définitif du traitement thermique.

2012 : Les études techniques sont lancées: diagnostic technique et environnemental, gestion des déchets organiques, actions de prévention, faisabilité technico-économiques, etc…

2013 : Le Projet de PPGDND adopté par la CSE est soumis à l’Assemblée de Corse pour validation avant lancement de l’enquête publique. Celle-ci est lancée en juin 2014

Décembre 2014 : Arrêté du président de l’Assemblée de Corse: résultats de l’enquête.

17 juillet 2015 : L’assemblée de Corse adopte le PPGDND,

2016 : Une nouvelle majorité nationaliste qui a accédé aux responsabilités, après un second trimestre 2015 et un début 2016 marqué par la crise des déchets fait adopter une feuille de route pour amender le PPDGND, d’ores et déjà obsolète.

En résumé,

  • Des plans départementaux inopérants, et aussitôt abandonnés, ont été adoptés en 1998, six ans après la loi qui les préconisait en 1992.
  • Une première mise en révision a abouti en 2002 (4 ans après) à un PIEDMA tout aussi inapplicable.
  • Il a fallu ensuite 13 ans pour adopter en 2015 un nouveau plan, qui dès son élaboration, apparait comme déjà inadapté.

Soit entre 1992 et 2015, une incapacité à traiter au fond la question des déchets ménagers (pour n’aborder que cette problématique), et ce n’est pas fini ! Pour justifier le recours à des expédients et en particulier l’enfouissement en vrac, les différentes autorités invoquent une urgence qui trouve son origine dans les retards accumulés depuis 23 ans.

Entre temps, après une période de relative inertie qui a encouragé les menées les plus irresponsables, la prise de conscience est intervenue notamment à la suite de la fermeture 2015 du centre de Tallone qui absorbait l’essentiel des déchets ménagers de Haute Corse. La crise qui s’en est ensuivie a montré qu’une partie des corses n’acceptent plus que l’on vienne dans leur périphérie déverser des montagnes d’ordures, sans tri préalable, sans prise en compte des nuisances considérables occasionnées par les centres d’enfouissement.

Dans les conditions actuelles de gestion, ces centres sont de véritables bombes à retardement, et pénalisent pour des dizaines d’années, voire plus, les régions dans lesquelles ils sont implantés, avec des incidences difficilement évaluables aujourd’hui, sur la santé des populations, sur la qualité de l’eau, de l’air et des sols, sur l’image de marque et le développement économique, agricole et touristique des régions concernés. Le tout dans une irresponsabilité généralisée.

Certes, le Syvadec, chargé du traitement final a un rôle déterminant dans les modalités de traitement et les nuisances, dignes d’un pays sous développé. Mais il faut rappeler que le ramassage et  tri préalable incombe aux communes et intercommunalités. Dans ce domaine, comme dans d’autres de l’organisation administrative de la Corse nous nous trouvons face à un fouillis ingérable, et à des comportements d’évitement, le seul souci des institutionnels étant d’envoyer des déchets (peu importe qu’ils soient triés ou non) au plus loin des populations dont ils ont la charge. C’est évident pour l’ensemble de la Corse, et en particulier pour les aires urbaines les plus densément peuplées, dont la seule action consiste à déverser les montagnes d’ordures dans le rural, pendant que le tri préalable progresse à doses homéopathiques. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur les comportements du citoyen de base, sans qui rien ne pourra se faire. Ajoutons que le gâchis généralisé s’est accompagné de la mise en place d’un système qui génère des couts considérables, et des profits qui le sont tout autant, dans des conditions qui mériteraient d’être éclaircies.

Il s’agit là en fait d’une problématique qui concerne l’ensemble des corses, avec des implications politiques, sociales, sociétales, et économiques. L’état des lieux sur le gisement en 2010 ; évaluait pour 391849 équivalents habitants (donc population touristique comprise) les DMA (Déchets Ménagers et Assimilés), à 235 000 t.(dont 54 % imputables aux bassins Nord-Bastais et Grand-Ajaccio), réparties comme suit.

  • OMR (ordures ménagères résiduelles) : 162 777 t.
  • Déchets valorisables collectés : 15645 t
  • Déchets récupérés par le réseau de déchèteries: 56 578 t.

Le taux de recyclage des emballages ménagers est inférieur à 18 %. Cette performance est beaucoup plus faible que celle constatée sur l’ensemble de la France (de l’ordre de 67 %). Le taux de valorisation est estimé à environ 20 %, à comparer aux objectifs du Grenelle (35 % en 2012, 45 % en 2014), le reste, soit 80% est enfoui. Depuis, peu de progrès ont été réalisés, et la capacité d’accueil des centres existants (Prunelli, Viggianellu et Vicu) sera à saturation au mois d’Aout, avec, si rien n’est fait, une crise qui se profile en pleine saison touristique.

Uribombu_rUneEt il est préoccupant de constater que la prise de conscience, aigue quand une crise survient lors de la fermeture ou du blocage d’un centre d’enfouissement, s’évapore dès qu’un exutoire, fut il ponctuel, est trouvé. Les nationalistes qui viennent d’accéder aux responsabilités trouvent une situation extrêmement préoccupante, et ont déjà commencé à prendre des mesures pour pallier des décennies d’incurie des exécutifs de droite comme de gauche.

Cependant, nous sommes donc aujourd’hui confrontés, à court terme, à la perspective d’un véritable « tsunami » de déchets pendant l’été. Et il ne faudra certainement pas, à ce moment-là, que ceux qui ont créé cette situation, viennent demander aux riverains des centres d’enfouissement de faire preuve de responsabilité, et d’accepter l’inacceptable, pour pallier la situation créée par leurs attitudes irresponsables, leur absence de choix, et leurs errements.

Paul Medurio

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