(source) Après le FLNC-Union des combattants, le FLNC du 22 octobre… l’occasion de revenir sur la création du FLNC le 5 mai 1976
Dans la nuit du 2-3 mai 2016, le FLNC du 22 octobre a annoncé sa démilitarisation lors d’une Conférence de presse dans le maquis (en présence d’une cinquantaine de militants cagoulés, lourdement armés). L’organisation qui revendique 250 attentats dit « vouloir donner à la nouvelle assemblée de Corse la possibilité de gérer sereinement cette mandature ». Pour les clandestins, « L’accession des nationalistes au pouvoir le 13 décembre 2015 est un tremblement de terre politique dans l’histoire de France« . Disant vouloir « apporter [leur] pierre à l’édifice de la construction apaisée de la nation corse« , il estime que « la seule façon de contribuer à cette évolution nouvelle dans la Corse du 21e siècle est de renforcer le Processus de paix initié par l’Union des combattants ».scrian
Ce positionnement intervient près de deux ans après l’annonce du dépôt des armes du FLNC dit UC, intervenue le 25 juin 2014. » Après 250 attentats, dont certains spectaculaires, que les clandestins revendiquent, et de nombreux textes de revendication, les résultats de la synergie de cette vision se firent sentir et l’adhésion populaire devenait grandissante« , (porte parole organisation)
Début des années 2000, après nombre d’unions-scissions-recompositions au sein du FLNC qui s’était réunifié durant le Processus de Matignon (Démarche initiée par le 1er ministre Lionel Jospin qui a reçu tous les élus, nationalsites compris à Paris pour un débat à ciel ouvert et sans tabous sur la Question corse) et alors que le cycle attentats-répression a repris et se poursuit, une nouvelle série d’attentats touche Ghisonaccia (14 nov. 2002). Ils sont revendiqués par un nouveau FLNC (issu de ce FLNC réunifié) qui prend le nom de FLNC du 22 octobre (date de sa 1ère apparition).
25 Juin 2014 : Le FLNC-Union des combattants, qui a poursuivi ses activités militaires) annonce l’abandon progressif de la lutte armée : Dans une longue déclaration (14 pages) transmise aux médias, il annonce: « sans préalable et sans équivoque aucune, notre organisation a décidé unilatéralement, d’enclencher un processus de démilitarisation et une sortie progressive de la clandestinité »…. Cette importante communication marque un tournant politique majeur dans la situation politique vécue par la Corse depuis les années 70….. Près d’un an après il rappellera, dans un commuiqué à l’occasion de la venue du ministre de l’Intérieur dans l’île, (13 juillet 2015) son initiative politique, réitérant ses revendications pour une solution politique au Problème corse.
En 2016, alors que la répression s’est poursuivie sans discontinuer, le FLNC-22 octobre n’était plus intervenu depuis 2007. Après avoir revendiqué l’attentat à la voiture piégée perpétré le 10 décembre 2006 vers 13h devant le réfectoire du cantonnement de CRS (Furiani, près de Bastia) il a revendiqué le 2 janvier 2007, une trentaine d’attentats commis alors sur l’île les derniers mois et dit rechercher une « solution politique négociée » après l’élection présidentielle qu’il avait jugé importante. Sa dernière apparition date d’une interview au mensuel Corsica, novembre 2007. Le FLNC-UC, avait alors donné lui aussi une interview au mensuel Corsica (novembre 2007).
5 Mai 1976
Création du Front de Libération Nationale de la Corse, FLNC
1) Avant les années 60
Après la défaite de Ponte-Novu (9 mai 1769), et la fin de l’Indépendance de l’île avec Pasquale Paoli, la Corse tente en vain de résister militairement, avant d’être contrainte à une simple revendication socioculturelle, brisée avec le 1er conflit mondial. Le renouveau autonomiste sera encore brisé par la 2ème guerre et l’instrumentalisation mussolinienne, voulant la rattacher à l’Italie (Irrédentisme) de l’appartenance de l’île à l’aire italique, revendiquée par le Corsisme. Certains vont toutefois succomber aux «sirènes irrédentistes », se fourvoyant dans le fascisme, emportés par l’admiration pour l’Italie et la proximité culturelle et linguistique de la Corse avec cette Péninsule, longtemps « terra ferma » pour les Corses les siècles précédents. Cela les conduira à occulter la « réalité » fasciste du régime Mussolinien. Après la guerre, la revendication corse sera longtemps discréditée par ces dérives idéologiques.
2) Années 60 : Les premiers groupes clandestins
Dans les années 60, avec la «Décolonisation» de l’Empire français, se produit un renouveau du sentiment national corse. La revendication se réorganise. On assiste alors aux prémices de l’action clandestine armée dans l’île., précédée, en 1962, par le « Comité pour l’Indépendance de la Corse », CIC, mais ce mouvement clandestin a eu une existence éphémère et son message a été quelque peu brouillé par la récupération de son sigle (initiales inversées) par des activistes de l’OAS, pro-Algérie Française qui avaient perpétré plusieurs attentats en Corse, visant le PCF, des élus radicaux ou gaullistes (rapidement démantelé).
La plupart des premiers attentats «autonomistes», perpétrés au milieu des années 60, sont ciblés contre « la colonisation pied-noire », visant plusieurs colons rapatriés de la Côte orientale, la Corse étant devenue – officiellement ! – une « solution de rechange » pour l’État français après le départ d’Algérie[1]. Non signés, ces attentats émanent de militants qui deviendront par la suite, dans leur majorité, des proches du CEDIC puis de l’ARC. Dès 1964, plusieurs fermes de Rapatriés sont visées. Il y aura une dizaine d’attentats en 1965, une quinzaine en 1966 et 22 en 1967.
Mai 1968, un commando s’empare de 2.500 kilos d’explosifs et de 600 détonateurs à Borgo. Plus tard, le Préfet de Corse reçoit une lettre au nom d’une mystérieuse organisation clandestine, « Corse Libre« , avec un certain nombre d’actions de propagande (« bombages » de bâtiments administratifs). S’ensuit une série d’attentats (oct.-nov.) mais ce mouvement rencontre peu d’échos. Des arrestations sont opérées[2]. Des attentats, non revendiqués, auront encore lieu jusqu’au 8 janvier 1970, avec l’incendie de la Somivac[3] (Bastia). S’ensuit une accalmie après un attentat contre l’ORTF, malgré le plasticage de la ligne électrique carbo-sarde[4] (juin) et les 100 kilos d’explosifs contre «l’Hôtel-Club de la Marana » (mars 1970). Ils reprennent (1971-1972) puis se multiplieront, mais de façon plus organisée (1973) dans le secteur agricole e touristique ou visant la carbo-sarde. De violents incidents se produiront avec les forces de l’ordre lors de manifestations surtout dans le domaine agricole ou lors de la célébration du bi-centenaire de Napoléon (barrage à Porto)
3) « Fronte Paisanu » et « Ghjustizia Paolina »
Une nouvelle donne change radicalement le paysage politique à cette époque : la naissance de la clandestinité structurée. Les premières organisations clandestines apparaissent au début des années 70. Le véritable lever de rideau de celle-ci se fait avec le plasticage (1er févr. 1973) d’un navire italien de la « Corsica-Ferries » (port de Bastia) signant les débuts véritables de l’affaire des « Boues rouges« [5]. En juillet, une tentative d’attentat vise un cargo de la « Transat« , le « Monte Rotondu » (port d’Ajaccio). L’opération clandestine contre le « Scarlino« , l’un des bateaux de laMontedison (13 sept.) dans un port italien, aura un grand retentissement. Elle est revendiquée par le « Fronte Paisanu Corsu di Libérazione« , FPCL, qui apparaît officiellement (8 oct. 1973) avec trois attentats dont l’un contre la balise de la Base militaire de Solenzara. Il lance un ultimatum de 60 jours à l’État réclamant l’expulsion des colons de la côte orientale, la redistribution des terres aux agriculteurs corses, le départ des fonctionnaires français et l’enseignement de la langue corse. Il accorde une interview à « Paris-Match » (1er déc.) puis donne rendez-vous à des journalistes…dans la Cathédrale d’Ajaccio (8 janv.) après sa 1ère « nuit bleue » (9 attentats-4 janv.). Il se signalera, entre-autres opérations, par des attaques contre des caves vinicoles de Rapatriés. « Dissous » en Conseil des Ministres (30 janv. 1974) il réplique en visant le « Club-Méditerranée » (Cargèse) le Vice-Rectorat à Ajaccio (21 févr.) la caserne Saint-Joseph à Bastia et la station de San Ghjulianu. Il revendique 11 attentats (7-8 mai) puis, annonce une « trêve estivale » (2 juil.) après le plasticage de la gendarmerie de Pietrosella.
« Ghjustizia Paolina » (GP) – du nom de la justice implacable de Pasquale Paoli, notamment contre la vendetta (vengeance privée) – apparaît avec deux opérations spectaculaires (21 mars 1974) : le plasticage d’une « Caravelle » à Poretta et la Sous-préfecture de Bastia après la visite du 1er Ministre, Pierre Mesmer, dans l’île (26 mars). Le 8 juillet, GP organise une « nuit bleue« , estimant dans une lettre que le dialogue n’est plus possible, le point de rupture étant atteint, ne donnant plus d’autres choix que celui de la violence (16 juil.). Ses thèses (Manifeste de Pentecôte)vont influer sur la réflexion des étudiants et de la frange contestataire de l’ARC dont certains disent GP plus proche que le FPCL. Des dizaines d’attentats ont lieu (juin-sept. 1974) dont le siège de la « Compagnie Générale Transatlantique Maritime » (CGTM) les villas du 1erPrésident de la Cour d’Appel et du Procureur (Bastia). Le FPCL après une relative accalmie, signe son retour, visant une entreprise de TP (Asinao) et des biens d’un Rapatrié (Côte orientale). L’été 1974, « Ghjustizia Paolina» organise plusieurs opérations (Ajaccio, Nice et Marseille) revendiquant 25 attentats (Août-déc.). GP vise le Ministère de l’Éducation nationale (Paris : 18 nov.) et la DDE (Ajaccio : 28 déc.). Le FPCL plastique la Préfecture d’Ajaccio. 1974 voit une nette augmentation des actions clandestines : 114 en Corse (2 dans l’Hexagone).
4) Début des années 70
A) Avant Aléria
Avant les événements d’Aléria, La contestation corse s’organise de façon schématique autour de deux mouvances bien distinctes :
– Les «légalistes» (ARC et PPCA). Le PPCA (Parti du Peuple Corse pour l’Autonomie) est crée (1972) après le FRC (Front Régionaliste Corse). Lui succéderont le PCP, puis le PPC (Parti du Peuple Corse). L’ARC a acquis une position de suprématie sur ce terrain légal.
– Les «clandestins» (FPCL, GP) aux moyens plus radicaux (violence armée) critiquant les légalistes (“ réformistes ”).
La classe politique traditionnelle elle, pratique l’amalgame, accusant les légalistes d’avoir, par leurs discours voire leurs actes, suscité les violences clandestines. Dans les faits, cette répartition des rôles se fait dans une sorte de complémentarité.
B) Aleria
Avec la Présidence de Valéry Giscard D’Estaing (Jacques Chirac : 1er ministre) ont lieu les premières tentatives de règlement de la situation. La « Bi-départementalisation » scinde l’île en deux départements, la Haute-Corse et la Corse du Sud (oct. 1974). Le Gouvernement français s’inquiétant de l’évolution y envoie une Mission interministérielle dirigée par LibertBou[6](12 déc. 1974). Ce haut fonctionnaire délaisse les élus traditionnels, rencontrant les syndicalistes et les responsables autonomistes (dirigeants de l’ARC). Mais très vite, les limites de sa missionapparaissent. Après les premiers espoirs suscités par les déclarations de Libert Bou, les limites de sa mission apparaissent rapidement, et la situation va se détériorer. Les clandestins se manifestent. Le FPCL a plastiqué la Sous-préfecture et une coopérative agricole à Sartène (2 févr.) la Perception et la DDE à Ajaccio. Le 5 mars, suite au blocage d’Ajaccio par les transporteurs, il mitraille la Perception et la Trésorerie Générale de la ville. « Ghjustizia Paolina« , quant à elle, réalise une douzaine d’actions (25 mai) publiant le « Manifeste de Pentecôte« , avec un discours radicalisé qui aura beaucoup de succès auprès des étudiants.
L’île connaîtra 226 attentats pour l’année 1975. Les organisations clandestines en revendiquent 95 et les «barbouzes» (antinationalistes) 15. Les actions se multiplient dès janvier, tel le plasticage, par le FPCL, du Palais de Justice à Bastia pour dénoncer la légèreté des peines infligées aux fraudeurs de la vinasse, ou son opération commando contre le sémaphore militaire de la Parata à Ajaccio, début février.
La base de l’ARC rue dans les brancards. « U Ribombu« , journal étudiant, se démarque de la position officielle de l’ARC, reprochant au grand commis de l’État de ne pas prendre réellement en compte la dimension politique de la situation. A Cunsulta di i Studienti Corsi (CSC) créée à Nice (1973) se rapproche de certains agriculteurs et lycéens, poussant l’ARC à la radicalisation des positions, dénonçant la mission Libert Bou. Le 11 juillet, la charte de Libert Bou, réduite à une peau de chagrin, est approuvée et avalisée. Désavoué, il sera écarté des affaires corses (5 févr. 1976).
Le 21 août 1975, alors que le gouvernement et les clans mettent en place la bi-départementalisation[7]avec François Giacobbi (1er président du Conseil général) Edmond Simeoni, après un discours très offensif[8] au Congrès de l’ARC à Corti,occupe la cave d’un important viticulteur rapatrié (Aléria) au centre d’un vaste scandale vinicole, lié à la sur-chaptalisation. Certains responsables de la CSC, malgré l’exclusion dont ils ont fait l’objet lors de l’AG de l’ARC (juil.) pour avoir critiqué sa stratégie et ses orientations[9], participent à l’occupation. L’affaire vire au drame[10]. Les forces de l’ordre en nombre, interviennent sur ordre du ministre de l’Intérieur Michel Poniatowski. Deux gendarmes sont tués, un occupant, Pierrot Susini, est gravement blessé. Edmond Simeoni est emprisonné. Les autres occupants réussissent à franchir en armes les barrages des forces de l’ordre. Une semaine après, l’ARC est dissoute en Conseil des ministres. En réaction, des affrontements ont lieu toute la nuit à Bastia (un CRS tué, 18 blessés par balles) qui au petit matin est une ville occupée par les blindés de la gendarmerie mobile.
En août 1975, l’occupation d’Aléria et la nuit de Bastia conduisent au durcissement de la situation.
C) L’onde de choc d’Aléria
Etienne Riolacci est nommé préfet en Corse (29 août 1975). Des groupuscules «barbouzards», apparus en 1974 connaissent un regain d’activité. Ils laisseront la place bientôt aux réseaux de Francia. La mobilisation pour la libération d’Edmond Simeoni s’amplifie. A côté de son Comité de soutien, constitué après Aléria, se crée le «Comité Anti-Répression», autour de diverses organisations, -dont les jeunes de la CSC, organisés bientôt au sein de la CGNC (Cunsulta di a Ghjuventù Naziunalista Corsa)-, qui élaborera une stratégie parallèle à celle du Comité de soutien, jugé trop modéré. L’ARC dissoute, «l’Associu di i Patriotti Corsi» veut combler le vide laissé sur le terrain public (1er févr. 1976 à Caterraghju). Son ton est modéré et il renoue le dialogue avec les élus des clans qui demandent la libération d’Edmond Simeoni, lequel a lancé un appel au calme de sa prison (2 sept. 1975). Certains responsables et militants prennent alors leurs distances. Ils commencent à multiplier les contacts en vue d’une fusion de GP avec le FPCL pour créer le FLNC.
Les attentats « barbouzards »[11] aussi se multiplient. A Paris, des dissidents du FRC fondent « U Partitu Corsu pà u Sucialismu », PCS. Ce petit parti va prôner l’Autodétermination pour la Nation Corse, et œuvrer avec d’autres à la création du FLNC, dont il réclame ouvertement la création dans un opuscule « Vers la libération nationale de la Corse ».
Le débat sur l’avenir de la clandestinité est lancé par certains militants de GP et du FPCL aspirant de plus en plus fortement à une fusion des deux mouvements et à la création d’un « Front de Libération Nationale« . Amorcé fin 1975, il connaîtra de rapides développements. Des organisations éphémères, tels les « Comités Révolutionnaires Corses » (CRC) apparaissent. Les négociations sur la création d’un FLN se poursuivant, « GP« , a décrété une trêve « anti-confusion » (21 janv.). Mais certains sont partisans de la poursuite d’une clandestinité dotée de plus de moyens. Et les étudiants ont beaucoup lu (1973-1974) le livre d’Yves Courrière, « La Guerre d’Algérie« , même si pour eux la Corse… n’est pas l’Algérie.
D) Vers la création du FLNC
Les premières réunions[12] sur la création d’un FLN ont lieu à Porti-Vecchju puis chez un militant à Folelli (avril 1976). Le FPCL annonce sa dissolution, critiquant sévèrement la ligne politique des leaders autonomistes (24 avril 1974). Il va fusionner avec des responsables et militants de GP pour fonder le FLNC.
En 1976, les événements vont se multiplier, avec une augmentation spectaculaire des actions clandestines (près de 300 attentats).
E) Création du FLNC
Mais certains militants refusent de se mobiliser pour ce seul soutien et pour la seule dénonciation d’un scandale vinicole. Déçus, ils prennent leurs distances, dénonçant les «blocages du mouvement autonomiste». Des négociations sur la création d’un FLN s’amorcent au sein des organisations clandestines.
La veille du procès d’Aléria[13], à Paris (5 mai 1976) le FLNC officialise sa création par une « nuit bleue » (22 attentats en Corse et à Nice). Dans un tract (« Manifeste« ) il expose les raisons de son action et ses revendications autour d’un programme minimum.
Après les événements d’Aléria-Bastia (août 1975) avec la création du FLNC (5 mai 1976) la revendication nationaliste prend une nouvelle dimension. Malgré la répression, rythmant toute la vie politique, économique, sociale et culturelle de l’île, l’organisation clandestine va s’imposer comme élément incontournable au sein de la revendication dans son ensemble.
[1] Michel Rocard, 1er Ministre socialiste, reconnaîtra en 1989 à l’Assemblée nationale, les erreurs de l’État à cette époque à propos du détournement de la politique agricole corse en faveur des Rapatriés.
[2] Étienne Pierotti, principal instigateur, et son adjoint Roch Marchetti, se réfugiant en Italie.
[3] Société d’économie mixte chargée du reclassement des Rapatriés (Côte Orientale de l’île).
[4] Ligne électrique traversant et dénaturant l’île d’un bout à l’autre. Les Corses ne bénéficient pas de cette électricité. La Ligne permet à la France d’avoir un lycée français à Rome.
[5] Déchets toxiques déversés en Méditerranée par la société italienne Montedison
[6] Libert Bou doit analyser la situation sous l’angle économique et tenter d’amadouer les Corses. Une délégation de l’ARC est reçue le 21 janvier à Rungis par Libert Bou. Il demande au Comité Économique et Social, CES, et au Conseil Régional de modifier et même de compléter la « Charte de Développement » qu’il propose pour l’île, s’engageant à avoir l’aval du Gouvernement. Le document du C.E.S. préconisera un tourisme préservant les sites et l’identité corse. Il cherche à promouvoir les initiatives locales, à développer l’intérieur de l’île et le monde rural. Il demande une école hôtelière. Sur le plan industriel, il souhaite l’implantation de petites unités non polluantes et diversifiées. Il laisse croire qu’on peut même discuter de la « corsisation des emplois » et du retour des Corses de la diaspora.
[7] Les circonscriptions d’action régionale (CAR), équivalent des régions actuelles, sont créées en 1960, la Corse formant alors une CAR unique avec l’actuelle Provence-Alpes-Côte d’Azur : Provence-Côte d’Azur-Corse. Elle en a été détachée par un décret de 1970[ ]. Le 1er janv. 1976, elle a été divisée en deux départements, en application d’une loi de 1975[ ] : Corse du Sud (2A) et Haute-Corse (2B).
[8] Le 17 août, au Congrès de l’ARC, Edmond Simeoni, stimulé par un public nombreux et enthousiaste, galvanise ses troupes. Son discours dans un chapiteau chauffé à blanc est interrompu de nombreuses fois par la foule reprenant en cœur les slogans (I Francesi Fora) peu autonomistes, lancés à l’unisson par les jeunes en nombre, au grand dam des responsables qui ne peuvent les empêcher.
[9] Les étudiants contestataires de la CSC, membres de l’ARC dont certains ont été sommés de choisir entre la CSC et l’ARC avant d’être suspendus du mouvement, défendent un contre-projet politique à l’AG du mouvement. Ils s’attirent les foudres des responsables.
[10] SIMEONI, Edmond, Le piège d’Aléria., Paris, JC Lattès, 1976, 225 p
[11] Emanation de groupes luttant contre les indépendantistes, au nom de l’unité nationale française.
[12] POGGIOLI Pierre, FLNC, années 70, éditions DCL, août 2006, pp. 62-63.
[13]Edmond Simeoni sera condamné en juillet à 18 mois de prison, Serge Cacciari, inculpé pour la nuit d’émeutes de Bastia, sera condamné à 10 ans de prison