Le journal FREE PAWOL (journal en ligne, Caraïbe) a rencontré Jean-Guy Talamoni à la Collectivité Territoriale de Corse, à Ajaccio, le 22 mars dernier. Elu en décembre 2015, il est le Président de l’Assemblée. Avocat de profession, ce nationaliste qui s’est toujours battu pour l’indépendance de son pays, n’a rien renié. Si sur le continent sa détermination dérange, Jean-Guy Talamoni l’affirme clairement, le développement économique de Corsica est une priorité et l’indépendance reste un but à atteindre.
Freepawol : L’élection des nationalistes à la tête de la Collectivité Territoriale de Corse aux cotés des autonomistes, est-ce vraiment une surprise aujourd’hui ?
Jean-Guy Talamoni : Un grand nombre de nos idées ont été votées par l’assemblée de Corse qui n’était pas nationaliste, notamment la demande de coofficialité de la langue corse, de coofficialité avec le Français, la demande d’un statut de résident pour l’accession à la propriété immobilière, la demande de révision constitutionnelle pour que la Corse puisse effectivement déroger au droit européen dans les matières les plus importantes et qui nécessitent aujourd’hui des dispositifs particuliers. L’armistice des prisonniers également a été voté par 47 élus sur 51. Donc il y avait un grand nombre d’idées que nous portions seuls, qui ont été validées par l’Assemblée, avant même notre accession aux responsabilités. Les Corses ont été finalement assez logiques avec eux-mêmes, parce qu’ils ont pensé que pour appliquer un projet nationaliste, il valait mieux que ce soit les nationalistes eux-mêmes qui soient aux responsabilités. Donc voilà, l’orignal plutôt que la copie.
Je pense franchement qu’il s’est passé quelque chose en décembre 2015, c’est historique pour la Corse. Nous pensons qu’un peuple – l’histoire nous l’enseigne – qui fait un pas vers sa souveraineté ne revient pas en arrière, sauf cas exceptionnel et situation vraiment particulière. Nous sommes persuadés que le pas que les Corses ont franchi va être confirmé et amplifié. Nous sommes désormais extrêmement serein sur notre capacité à changer les choses en Corse. Donc c’est très important aujourd’hui de travailler, non seulement bien sur pour ceux qui nous ont soutenus, mais au-delà, pour tous les Corses. Nous ne sommes pas les élus des nationalistes, nous sommes les élus de tous les Corses. Nous n’oublions pas les idées qui sont les nôtres, les formations auxquelles nous appartenons. Gilles Simeoni (NDLR : le Président du Conseil Exécutif) est autonomiste, je suis indépendantiste, je fais partie d’une formation indépendantiste, mais désormais ce n’est pas en tant qu’indépendantiste que je m’exprime, mais en tant que Président de l’Assemblée de tous les Corses.