Comme dans les vieilles légendes du retour des saisons, où la nature était vivante, joyeuse au printemps et en été, puis morne et morte en automne et en hiver, la Corse, la belle endormie, s’éveille chaque année, à l’approche de la SAISON, où des touristes tant espérés, puis tolérés, puis détestés retrouvent des habitants d’abord heureux puis progressivement exaspérés par la chaleur, le sur-nombre et le rapport financier.
Autrefois, certaines fêtes coïncidaient avec le solstice d’hiver pour faciliter la levée des graines du sol et la montée du soleil dans le ciel. C’était une véritable « soupape » car pendant cette période, une grande liberté se manifestait : les esclaves prenaient la place de leurs maîtres oubliant leurs misères physiques et morales, mais ils n’en abusaient pas. Il fallait en effet éviter les représailles de ceux qui avaient droit de vie et de mort le reste de l’année.
Les classes sociales ont évolué et nous prendrons quelques précautions pour suggérer une analogie avec l’explosion de bonne humeur et de chaleur humaine qui ont vu les habitants de la région se rassembler, toutes générations et tous milieux confondus, lors du carnaval.
Prolongeons ce climat d’entente en partageant quelques réflexions : en saison, quand le temps est maussade ou pluvieux ou caniculaire, que peuvent faire nos visiteurs sinon affluer en centre-ville ?
Ne pourrait-on pas enfin avoir une politique de développement qui valorise notre commune au-delà de ses commerces ?
Si la mère et le soleil ainsi que la qualité de nos sites, resteront sans nul doute l’essentiel de l’intérêt que nous portent nos visiteurs, il ne nous est pas interdit de créer les conditions d’un intérêt nouveau, qui se porterait finalement plus sur ce que nous sommes.
Car, s’il est vrai que la commune de Porto-Vecchio possède un environnement naturel exceptionnel, il n’en est pas moins vrai qu’elle a une histoire, et des habitants pour s’en souvenir.
Comment changer l’état d’esprit qui entoure l’activité touristique si nous ne créons pas les conditions d’une offre d’intérêts diversifiés ?
Enfin, comment en vouloir aux consommateurs exclusifs de soleil, de paysages et de mer si nous ne leur offrons rien de plus ?
Il nous semble donc ici, comme nous l’avons déjà développé dans d’autres tribunes, que des efforts considérables doivent être faits en ce qui concerne la valorisation patrimoniale et historique de notre cité et de son bassin de vie.
La commune pourrait entre autres, impulser, un partenariat public/privé autour des marais salants et de l’usine à liège, deux vestiges de notre histoire qui méritent largement l’attention des élus que nous sommes, tant ils restent marqués dans la mémoire des Porto-Vecchiais. Outre le fait de permettre aux générations futures de connaître l’histoire de leur ville, ces réalisations donneraient du sens aux lieux où l’on vit, sans oublier son aspect économique valorisant.
Il en va de même pour le site de Marghese qui offre un potentiel important à la fois pour la valorisation de l’environnement forestier mais aussi agricole, et qui pourrait devenir une belle vitrine d’un développement agricole et rural dynamique que nous appelons de nos vœux, et que nous savons essentiel…
Les porto-vecchiais y trouveraient doublement leur compte : quels meilleurs arguments pourrait-on trouver pour transmettre et enseigner à nos enfants l’amour et le respect de notre patrimoine que de le restaurer, le mettre en valeur et le leur montrer.
L’intérêt pour le savoir faire des anciens se ressent même parmi les insulaires, les corses des autres régions de l’île y trouverait une raison supplémentaire pour nous rendre visite.
Groupe Campà Altrimenti au Conseil municipal de Portivechju.