La victime d’une tentative d’assassinat, mardi à Ajaccio, accuse des policiers des « renseignements généraux » d’avoir monté des « cabales » contre lui dans le cadre de ses activités dans le domaine de la sécurité, dans un entretien à Corse-Matin publié jeudi.
« Un trouble est né du fait de ma situation professionnelle et a donné lieu à des cabales savamment orchestrées par certains fonctionnaires des renseignements généraux ripoux, un indicateur de police notoire, relayés par des tueurs à la solde des cols blancs », affirme Yves Manunta.
Ce gérant d’une société de sécurité, âgé de 49 ans, a échappé mardi à une tentative d’assassinat dans laquelle son épouse et sa fille de dix ans ont été blessées par balles près de leur domicile au centre d’Ajaccio.
Hospitalisées, leurs jours ne sont pas en danger.
« C’est un miracle, il y eu au moins une cinquantaine de balles tirées », a raconté cet ancien militant nationaliste blessé par balles en 1996 à Ajaccio lors d’une précédente tentative d’assassinat.
« Les tueurs sont venus non pas pour me tuer moi, mais aussi ma famille », raconte au quotidien régional M. Manunta, qui s’est blessé aux chevilles en chutant durant la fusillade.
« On m’a rapporté cet été que des réunions avaient eu lieu pour m’abattre, notamment pendant que ma société assurait la sécurité de deux soirées à Capo di Feno (près d’Ajaccio, ndlr). On m’a rapporté une +mise en place+ qui n’a finalement pas eu lieu », ajoute-t-il.
Relaxé en juin dernier devant le tribunal correctionnel de Marseille dans une affaire d’abus de biens sociaux au sein de la Société méditerranéenne de sécurité (SMS), M. Manunta souligne ainsi que « tout le monde sait à Ajaccio d’où vient le danger, cela remonte (…) à l’affaire SMS ».
Son ancien associé à la tête de la SMS, Antoine Nivaggioni, ancien militant nationaliste comme lui, a été assassiné à Ajaccio en octobre 2010. Les deux hommes s’étaient séparés en 2007, M. Manunta créant sa propre entreprise.
« Certaines pièces du dossier étaient classées +Secret Défense+ de 2002 à 2008 », selon M. Manunta, qui déclare s’être « retrouvé face à ce réseau qui prend ses racines à Paris ».
« Les tensions n’ont cessé de s’amplifier et l’escalade a été de plus en plus violente. J’étais en relation avec une certaine personne qui n’est plus de ce monde. Le lien est évident », ajoute-t-il.
Dix-huit personnes, parmi lesquelles plusieurs anciens dirigeants des Chambres de commerce et d’industrie de Corse et du Var, avaient été condamnées dans l’affaire de la SMS.
M. Manunta a toutefois décidé de ne porter plainte que pour son épouse et sa fille et pas en son nom, estimant que « la justice est à deux vitesses ».
« Elle oublie, par exemple, de renouveler les mandats de dépôt ou relâche des gens au bout de six mois. Le corollaire est la +mafioisation+ d’une société où certaines personnes vivent en totale impunité et exercent un pouvoir », ajoute-t-il.
Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue à Ajaccio après la tentative d’assassinat, a-t-on appris jeudi. « La police m’a informé du nom de certains gardés à vue et ils appartiennent à ce réseau », souligne M. Manunta
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