Le président de l’OTC lance un appel à la raison mais ses propos n’ont en fait rien de raisonnable. A l’entendre l’opposition n’énonce que des contres vérités quand lui s’en tiendrait à la stricte vérité. Nous allons, pour ce qui est des élus communistes, faire la démonstration du contraire.
Dans un PV de la conférence des présidents de groupes convoquée par le président de l’Assemblée de Corse le 25 février Mr Acquaviva a expliqué : « dès le 5 mars, la MCM pourrait rencontrer des difficultés pour payer les salaires, alors qu’en janvier, un dépôt de bilan avait pu être évité grâce au déblocage de 5 M€ par sa banque, versement facilité par le rapprochement des acteurs auxquels était parvenue la nouvelle majorité territoriale ».
Selon les attendus du jugement du Tribunal de commerce (TC) de Marseille du 25 février, MCM présente une trésorerie d’environ 3 millions d’euros après paiement des salaires au mois de février et prévoit un exercice également excédentaire en mars après avoir honoré 225 000 euros de cotisations sociales.
Pour ce qui est de la Caisse d’épargne, elle a sans doute considéré que le non respect de ses engagements présenterait moins de risque au moment ou se mettait en place un processus de faillite organisée de la MCM. Un prêt classique était prévu dans le cadre du plan de cession. Il a été semble-t-il modifié en prêt relais garanti par les versements mensuels de la compensation financière due au titre de la délégation de service public (DSP).
Que Mr Acquaviva ait facilité le rapprochement entre le consortium de Mr Padrona et Mr Rocca nous n’en doutons pas mais il eut été plus conforme aux décisions de la juridiction commerciale que de ne pas autoriser l’ouverture illégale de la ligne Corsica linea sous pavillon bis international et de cette façon d’empêcher la concurrence déloyale opérée pour détruire le projet industriel validé le 20 novembre 2015 par le TC de Marseille.
Mr Acquaviva fait également valoir que nous ne sommes pas soucieux des intérêts de la CTC et que l’absence de délibération aurait empêché de faire valoir ses droits sur la surcharge combustible. Or il sait que nous avons voté ce jour là la délibération 16/038 sous ce libellé « donne mandat au président du Conseil exécutif pour signer l’avenant n°2 à la convention de DSP maritime entre les ports corses et celui de Marseille (comptes d’exploitation et réajustement des coûts de combustible) ».
Dans Corse Matin du 9 mars Mr Acquaviva explique que « l’enjeu premier » est la fusion entre CM Holding (Patrona) et MCM (Rocca). Dans ce cadre Mr Rocca est devenu dans un premier temps le 15ème actionnaire CM Holding avec l’objectif de lui céder 100% des parts de MCM. Néanmoins la décision du TC de Marseille le 20 novembre 2015 stipule que dans les deux années suivant la cession toute modification du capital de MCM ne peut excéder 49 %.
Le procureur de la République à juste raison a indiqué de surcroit que « la crédibilité » du TC serait mise en cause par le « retour d’un candidat repreneur évincé ». Pour surmonter la difficulté et changer de juridiction est même avancée l’idée d’un transfert du siège de MCM en Corse. Face à ces manœuvres nous avons du mal à croire Mr Acquaviva qui dit : « la seule solution c’est l’alternative proposée par la CTC (majorité régionale) … et de consolider l’horizon d’une compagnie régionale ».
MCM, compte aujourd’hui 903 des 1.500 salariés de l’ex-SNCM et porte le projet industriel de desserte de l’ensemble des ports de Corse en DSP avec la CMN et des liaisons sur l’Afrique du Nord. Partant de là, la volonté de « préserver les opérateurs » devrait se traduire par l’acceptation de ce schéma le plus favorable pour l’emploi à travers le maintien de toutes les activités de la MCM et le recours à la DSP sans se soumettre, sous couvert de discontinuité, aux exigences ultralibérales de Bruxelles.
Au lieu de faire ce choix, qui n’exclut pas la possibilité d’une implication de la CTC quand les choses seront stabilisées, l’Exécutif préfère s’acoquiner dans l’urgence au consortium des patrons fraudeurs auteurs d’un parjure et prélude à un processus de faillite organisée de la MCM. De cette façon le démantèlement de la SNCM se poursuivrait les uns visant les cargos mixtes pour la desserte de la Corse les autres les ferries pour se positionner sur l’Afrique du Nord. Les perdants seront les salariés, les usagers et le service public de continuité territoriale.