Le gardien de Bastia Jean-Louis Leca ne veut plus parler de l’affaire du drapeau corse mais il le porte symboliquement à merveille, arrivé à maturité footballistique et philosophique à 30 ans.
« Je n’ai rien à dire sur le drapeau, c’est de l’histoire ancienne ». Sollicité par l’AFP pour évoquer son geste qui a mis le feu aux poudres d’un Nice-Bastia, Leca, titulaire sur le tard dans le club de son c?ur, refuse la polémique et se concentre sur les trois matches à domicile en une semaine, qui pourraient être synonymes de maintien en Ligue 1, le premier contre Lorient, samedi (20h00).
Le 18 octobre 2014, il avait brandi au vent la tête de maure, alors interdite par arrêté préfectoral, ce qui avait déclenché une bagarre générale et l’envahissement du terrain.
Leca voulait se solidariser avec ses supporters, interdits de déplacement pour ce derby bouillant. Ils l’étaient encore le 26 février pour le même Nice-Bastia, et le gardien, auteur d’un grand match sous les insultes, a largement contribué à la nouvelle victoire des siens (2-0).
Cela ne l’a « pas du tout » gêné. « Je me mets dans ma bulle », raconte-t-il. « Et puis je préfère avoir des ambiances comme ça, où on sent le public derrière son équipe, plutôt qu’un stade mort ».
Le gardien de Bastia Jean-Louis Leca réussit un arrêt face à Troyes, le 6 février 2016 à Furiani
Une performance dans la lignée de sa bonne saison, celle de la consécration pour un gardien qui se dit « né au Sporting ». « Je ressens quelque chose pour ce maillot bleu, depuis tout gamin j’en suis supporter », confie-t-il.
Longtemps numéro deux, parti ensuite à Valenciennes (2008-2013), il s’impose enfin dans la cage cette saison.
– « Dans nos gènes » –
« Je suis en pleine confiance, c’est vrai », admet-il après son gros match à Nice. « Mais on ne va pas s’enflammer ». Bon coéquipier, et ex-numéro deux au long cours, il n’oublie pas de remercier Hervé Sekli, « super entraineur des gardiens qui me fait 100% confiance » et les « deux mecs à fond derrière moi, Thomas Vincensini et Jesper Hansen », ses remplaçants. « On forme à quatre une super équipe », assure-t-il.
Leca, toujours très disponible, parle également comme un leader. Il refuse qu’on évoque une certaine sérénité de son équipe. « Il ne faut pas non plus s’enflammer, il y a cinq matches on était à touche-touche avec tout le monde (pour le maintien) », souligne-t-il. « Moi je suis encore inquiet tant qu’on n’a pas 42 ou 44 points ».
Élément rassurant, Bastia va mieux avec quatre victoires en cinq matches et ce n’est pas seulement dû au remplacement de Ghislain Printant par François Ciccolini. « Je vais parler mal mais, si on en arrive là, c’est que tout le monde s’est +levé le cul+ pour aller chercher quelque chose, c’est l’état d’esprit, ça, c’est ancré dans nos gênes », ajoute ce Bastiais fier comme Ocatarinetabellatchixtchix, le héros d’Astérix en Corse.
Apaisé par sa tardive éclosion, il ne veut pas non plus profiter de sa bonne période pour enfoncer Alexy Bosetti, attaquant niçois qui l’an dernier lui avait jeté: « Tu es le remplaçant du remplaçant » lors de l’affaire du drapeau.
Aujourd’hui, Bosetti est prêté au modeste club norvégien de Sarpsborg et Leca titulaire en L1 (23 matches cette saison). « Je ne vais même pas polémiquer: moi, je fais ma saison tranquille, je ne cherche personne (il souffle). Je m’en fous complètement aujourd’hui, le plus important c’est que mon club soit encore en Ligue 1 la saison prochaine ». Avec un tel gardien du temple corse, c’est bien parti.