L’île a souffert dans son histoire mille tourments dont les agressions externes – Barbaresques, Rome, Pise, Gênes, la France-, constituent le soubassement essentiel du malheur collectif ; depuis cinquante ans, la flamme de l’inévitable et nécessaire Résistance s’est avivée ; multiforme, avec des violences par principe regrettables mais pas toujours évitables. Avec un refus constant, répressif, dilatoire de la France qui nie le peuple corse, le fait national et méprise les choix démocratiques de notre Assemblée de Corse, dépositaire de la souveraineté populaire.
Depuis peu, la raison l’emporte sur la passion ; le FLNC – organisation clandestine indépendantiste et violente-, a donné le signal de son choix, désormais, de la lutte démocratique, rejoignant ainsi la mouvance autonomiste par cette décision.
Les étudiants ont démontré in Corti, depuis un an, leur pugnacité, et leur sens de responsabilités en réduisant considérablement les affrontements avec les forces de l’ordre et en privilégiant des occupations pacifiques, des grèves de la faim, les démarches conjointes avec le Président de l’Università, le dialogue avec les forces politiques démocratiques. La ville est rassurée car elle sent que l’effervescence de notre jeunesse, est justifiée, de bon aloi, maîtrisée. L’avenir est donc moins anxiogène. De plus, l’action pour prévenir la violence, portée par Umani avec Jf Bernardini ou encore « Alternatives non-violentes » avec François Vaillant, sèment dans la jeunesse les graines de la conscience et de l’espérance en la démocratie.
Les incidents graves de Reims entre les supporters du SCB, la blessure grave et inacceptable de Maxime, la condamnation à 5 mois de prison d’un jeune manifestant à Bastia,- excessive, inopportune- Rémi, arrêté à l’audience, ont aggravé inutilement le contentieux. La manifestation, hier à Bastia, à l’appel de Bastia 1905, du SCB, du Rinnovu, est un succès populaire important ; son déroulement , ordonné, sans aucun débordement, est à la fois une démonstration de force, réelle, et de maturité ; c’est surtout un gage de bon augure pour le proche avenir ; car, malheureusement, le refus de Paris de toute véritable évolution politique, de tout signe de détente sur les prisonniers, démontre bien la voie, plus imposée que réellement choisie de la Collectivité Unique, est une impasse puisque l’Etat campe sur des positions initiales et majeures de blocage inacceptables. Or, la confiance est l’ingrédient de base pour résoudre la crise corse et elle est totalement absente. La lutte est donc devant nous.
Il faut la poursuivre avec détermination, avec constance, sur tous les terrains – en prohibant la violence- ; les grèves ciblées qui pénalisent l’Etat, les manifestations répétées comme celle contre le refus d’une intercommunalité rationnelle, ou les protestations contre la politique des déchets ou encore des transports, surtout l’internationalisation de la « question corse », la contestation contre la précarité ou l’atonie économique, la paralysie des Institutions de l’Etat, offrent une panoplie inépuisable de lutte.
Pour utiliser une métaphore sportive, nous jouons à domicile mais l’arbitre, les instances sont contre nous systématiquement ; la moindre violence est prétexte à nous sanctionner, à nous disqualifier pour nous exclure du match. Il faut donc faire appel à l’intelligence, à la créativité, à l’endurance, à la volonté pour faire échouer leur misérable politique ; qui s’aggrave, au prorata de la progression de nos idées d’émancipation. Leur politique, désormais démasquée, rejetée, ne peut qu’échouer car elle est assise sur l’injustice, le mépris, les manœuvres ; notre combat est porté par le Droit international, la recherche de la dignité collective du peuple corse ; la liberté qui ne se monnaye pas nous attend, à terme. Vinceremu.