Fut un temps il était question de faire place au peuple mais la courte période qui nous sépare maintenant de l’échéance reine qu’est la présidentielle voit s’affirmer un frénétique besoin de candidater éloignant de ce juste mot d’ordre.
De place au peuple à l’annonce unilatérale de candidature, c’est la négation de la construction citoyenne d’un projet et d’une candidature en mesure de le porter efficacement. Autrement dit de faire renaitre l’espoir populaire d’une politique de changement, incarnée par une femme ou un homme respectueux de ses engagements à gauche dans le combat contre la domination capitaliste et antisociale de la finance.
Certains ont considéré que ce cheminement devait passer par une primaire. Pierre Laurent a eu raison de rappeler que ce n’était pas notre tasse de thé mais qu’il fallait néanmoins prendre en compte cette demande exprimée avec une attente forte à la fois sur le contenu à promouvoir et l’objectif à atteindre.
Les élections régionales ont marqué les esprits et reflété le refus de la politique d’austérité gouvernementale. La sanction des renoncements de François Hollande s’est vérifiée dans un recul de la gauche et une poussée de l’abstention dans son électorat populaire.
La progression électorale du FN sur ces bases est un paramètre que tous les progressistes ne peuvent négliger sauf à commettre une erreur politique lourde de conséquences pour l’élection présidentielle elle-même mais au-delà pour le monde du travail et de la création.
Cette élection structure la vie politique française en assurant l’élection d’un monarque républicain pour cinq ans. Cette juxtaposition avec les élections législatives assèche de plus en plus la démocratie dans une alternance où l’exécutif apparaît de plus en plus inféodé au Medef.
Aucune perspective de changement ne peut résister dans ce schéma mortifère pour l’expression et l’existence même d’un courant révolutionnaire à gauche. L’enjeu dans la période actuelle c’est donc de parvenir à briser ce piège établi par les forces politiques et économiques détenant le pouvoir.
Les Lundis de gauche participent de cette volonté indispensable. Ils sont ouverts à la réflexion et à la participation de tous ceux qui, interpelés par la situation, s’intéressent à l’action politique à mettre en œuvre afin que le peuple parvienne ainsi à se dégager d’un scénario où la question du changement est évacuée derrière le choix réducteur du moins pire pour faire barrage au FN.
Le choix du Parti de gauche et de Jean Luc Mélenchon d’annoncer prématurément la candidature de ce dernier, en repoussant l’exigence de cette construction politique citoyenne, constitue un obstacle au succès d’une démarche de rassemblement parce qu’il divise les forces de progrès capables d’offrir une alternative antilibérale crédible. Pour autant il faut poursuivre les Lundis de gauche avec détermination dans le même esprit pour faire gagner le peuple.