(PAROLES DE CORSE) Par Vincent de Bernardi. Depuis votre élection à la tête de l’Assemblée territoriale et du Conseil exécutif, la Corse est à nouveau au cœur des débats mais aussi de controverses.
Si le lexique a changé, s’il a quitté le registre de la criminalité et des affaires, il s’est déployé sans aucun discernement, stigmatisant sans retenue la Corse et les Corses..
aux clichés et à la caricature s’est disputée la glorification. Je ne reviendrai pas sur les évènements des Jardins de l’Empereur à Ajaccio et sur les dérives qui ont suivi. Elles ne sont pas propres à la Corse contrairement à ce qu’on voudrait laisser croire. J’insisterai seulement sur la mise en exergue d’une identité et sur le recours à l’histoire comme justification. Qu’on le veuille ou non, votre victoire a réveillé, au-delà de votre propre camp, un fort sentiment identitaire, flattant l’ego de toute une communauté. Elle a ranimé l’opposition de ceux qui, inflexibles, ne veulent reconnaitre qu’un seul peuple dans une République à jamais une et indivisible. Par votre victoire, vous avez donné une nouvelle dimension à l’épopée Paoliste comme aux déclarations de Jean-Jacques Rousseau qui avait vu dans l’île, un pays encore capable de législation, et souligné que la valeur et la constance avec laquelle ce brave peuple a su recouvrer et défendre sa liberté mériterait bien que quelque homme sage lui apprît à la conserver. En creux, cette utilisation de l’histoire vous amène à légitimer le fait que les Corses auraient toujours une aptitude particulière à la démocratie puisqu’ils en ont été les promoteurs au XVIIIème siècle et par la même à revendiquer une liberté trop longtemps confisquée. C’est ce recours à l’histoire glorieuse de la Corse des Lumières que vous utilisez pour écrire votre nouveau roman national Corse.