Les élus et les habitants des communes de l’Alta Rocca ont à nouveau manifesté ce samedi à Santa Lucìa di Tallà contre la carte des intercommunalités proposée par le Préfet, qui prévoit de supprimer leur territoire et de le diviser entre les deux nouvelles entités qui couvriraient l’extrême-Sud, celle autour de Portivechju et celle autour de Sartène et Prupià.
Mais cette montagne de l’Alta Rocca est un territoire par lui-même, avec ses logiques et son dynamisme propres. Il veut rester lui-même et il récuse la « logique démographique » qu’on lui oppose au profit d’un littoral face auquel chaque « moitié d’Alta Rocca » rattachée serait marginalisée.
Unie et institutionnellement reconnue, la montagne peut envisager son avenir. Divisée et annexée au littoral, elle est assurée de la programmation de son déclin. Les élus et la population de la région ont raison de s’opposer à ce projet, et espérons qu’ils seront entendus.
L’autre aspect du dossier, qui est particulièrement choquant, c’est de constater que la décision finale appartiendra non pas à l’Assemblée de Corse mais au Préfet en fonction des directives du Ministre de l’Intérieur.
Comment comprendre que les décisions d’aménagement du territoire corse ne soient pas compétence de la Collectivité Territoriale de Corse ? Alors même que c’est elle qui a la responsabilité d’arrêter le Plan d’Aménagement et de Développement Durable de la Corse.
Un premier pas a été fait par l’Exécutif qui, lors de l’entretien de Matignon, a obtenu de Manuel Valls que l’ordonnance prévue au titre de la loi NOTRe sur l’organisation des futures institutions de la Collectivité Unique soit également consacrée à la carte des intercommunalités. Ce qui repousse d’autant les décisions définitives, et permettra aux nouveaux élus de la CTC de peser pour modifier le projet préfectoral.
Avec l’Etat, la négociation sera un combat. Celui sur l’avenir de l’Alta Rocca en fait partie.
François Alfonsi