Corse : les responsables nationalistes sont venus défendre leurs demandes à Matignon

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des entretiens que le chef du gouvernement mène avec les présidents de région élus après les élections de décembre, pour évoquer notamment des collaborations en termes d’emploi. Mais l’échange avec les responsables nationalistes se déroule dans un contexte tendu entre l’île et le continent, et les élus corses entendent exposer de plus larges demandes à  Matignon.

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« La France est un pays ami. » Invité de France Info lundi matin, Jean-Guy Talamoni a donné le ton. « Nous ne tenons aucun propos provocateur vis-à -vis de qui que ce soit », a tenu à  souligner le président du conseil exécutif de Corse, qui a toutefois insisté sur le fait que« les Corses n’ont pas accepté que notre élection soit remise en cause par des déclarations hystériques de Paris ».ExecutifAssembleeCorse

MM. Talamoni et Simeoni plaident pour une révision de la Constitution qui permettrait à  la Corse d’acquérir l’autonomie. Mais depuis l’arrivée des nationalistes aux commandes de la collectivité, Manuel Valls a déjà  exprimé à  plusieurs reprises la position de l’exécutif sur le statut de l’île. « La Corse est dans la France et dans la République et aucun discours, en corse ou en français, ne pourra remettre en question ce lien », a-t-il prévenu le 23 décembre. Ces paroles fermes ont été prononcées une semaine après la cérémonie d’élection des présidents qui avait donné lieu à  des scènes jamais vues : discours prononcé en corse par M. Talamoni puis serment solennel prêté par les élus nationalistes.

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« Il n’y a qu’une seule nation, la nation française. Il est hors de question de revenir là -dessus », a encore rappelé le premier ministre le 30 décembre.

Les responsables nationalistes entendent pourtant évoquer ce sujet avec le chef du gouvernement. « Oui, bien sûr, il existe un peuple corse, a déclaré M. Simeoni lundi sur BFMTV. On va en parler avec [M.Valls], de sa langue, de sa culture, de son histoire. Et je pense que nous arriverons à  convaincre le premier ministre. »

Les élus de l’Assemblée de Corse ont voté, en mai 2013, une délibération en faveur de la coofficialité de la langue corse et du français, qui permettrait l’utilisation du corse dans tous les domaines de la vie publique. Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, s’était fermement opposé à  ce dispositif. « Il n’y a qu’une langue de la République, c’est le français. Il n’est pas concevable qu’il y ait sur une partie du territoire une deuxième langue officielle », avait-il lancé.

La question devrait à  nouveau être abordée lundi après-midi à  Matignon, mais Manuel Valls n’a pas changé de ligne sur le sujet.

M. Talamoni entend demander à  Manuel Valls l’amnistie pour ceux qu’il appelle les « prisonniers politiques corses », une vingtaine de personnes détenues en France métropolitaine et en Corse. Une éventualité que le premier ministre a déjà  rejetée en décembre, scandant qu’il n’y avait « pas de prisonniers politiques ».

Si cette amnistie n’est pas accordée, les nationalistes seront « dans l’obligation d’aller à  Bruxelles et dans les autres capitales européennes pour dire que la France, qui donne des leçons sur les droits de l’homme au monde entier » ne les applique pas pour « ce petit peuple corse qui est placé sous sa tutelle depuis le XVIIIe siècle », a lancé M. Talamoni sur France Info.

Le président de l’Assemblée de Corse qualifie également l’incarcération d’Yvan Colonna, condamné à  la prison à  perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, d’« acte politique ». « Yvan Colonna est un prisonnier politique, condamné pour des faits extrêmement graves, qui a toujours protesté de son innocence avec force », a appuyé lundi M. Simeoni, qui fut l’avocat du militant indépendantiste et avait pourtant expliqué en décembre que sa libération n’était « pas dans le débat ».

Le 25 avril 2014, l’Assemblée de Corse a adopté un vœu pour la création d’un statut de résident corse, une disposition qui obligerait toute personne désirant acheter un logement ou un terrain sur l’île à  justifier de cinq ans de résidence en Corse. Le but est de maîtriser la flambée de l’immobilier et la spéculation dans un territoire où les habitants rencontrent d’importants problèmes d’accès à  la propriété.

« C’est contraire à  la République », a tranché le premier ministre en décembre. La mesure créerait en effet une rupture d’égalité des Français – un problème « contournable » pour M. Simeoni, qui milite pour une révision de la Constitution dans laquelle seraient également inscrite le statut spécial de la Corse et un transfert du droit fiscal.

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