L’actualité des blogs politiques: Olivier Sauli « AU DELA DES DJIHADISTES DE PORTIVECHJU… »
Il y a peu, sous l’égide d’un nouveau sigle, Vigilenza Naziunale Corsa, l’un de ses responsables, le temps d’un rassemblement organisé à Bastia et consécutif aux attentats perpétrés sur Paris, a cru bon de brandir la prétendue menace de personnes concernées par la fameuse désignation de la lettre « s ». Cette menace viendrait donc d’individus situés à Portivecchju et présentés comme des djihadistes.
Il y a certes un danger réel et persistant de nouveaux attentats djihadistes pour la France. Ces attentats, pour condamnables qu’ils soient, restent quand même la conséquence de la stratégie géopolitique de l’Etat français au Moyen Orient et en Afrique aussi illisible que déroutante. La formation d’une entente et d’un soutien international pour frapper l’Etat Islamique ne la dédouanera pas ni de sa responsabilité, ni de sa duplicité sur sa politique à l’égard de certains pays constitués comme la Lybie ou la Syrie, pour ne citer que ces exemples là.
Même si le risque zéro n’existe pas, on ne peut affirmer que la Corse puisse être – stratégiquement – une cible conséquente pour l’Etat Islamique, avec toutefois une nuance pour les installations militaires sous drapeau français. Son territoire, ou quelques uns de ses espaces aménagés ( aéroports,…) peuvent potentiellement servir de bases de repli voire d’attaques pour quelques individus ou cellules, mais au delà c’est aussi et surtout le symbole du migrant qui est instrumentalisé, opposé à celles et ceux qui ici sur l’île subissent l’absence de logement, la précarité financière, et le chômage.
La peur du djihadiste, la peur du musulman, la peur de l’arabe, la peur de l’autre sont ici détournées, séquencées et mélangées au profit de desseins populistes extérieurs à la lutte du Peuple Corse, à sa volonté de se ré approprier ses droits, à s’émanciper de sa tutelle française. Ces peurs où l’amalgame sert malheureusement de ligne de conduite, prennent leur force sur le terreau de la déshérence sociale, économique et culturelle.Là ou le mouvement patriotique de libération nationale était hier encore bien présent …
Dans la configuration territoriale actuelle, ce terreau devient l’apanage du « Front National », que ne pourront malheureusement remettre à sa juste dimension, le comportement et les propos, voire les absences de propos de sa piètre tête de liste, Mr Canioni …
Dans ce contexte, la récente proposition de « Corsica Libera » prend toute sa place : « Dès à présent, les autorités de la Corse peuvent s’impliquer dans la gestion de ce problème à travers la création d’un « Observatoire des religions » qui serait placé sous la responsabilité du Conseil exécutif et de l’Assemblée de Corse. Un tel organisme serait en contact permanent avec les responsables des différentes religions, en même temps qu’il participerait au dialogue avec les différentes confessions, il centraliserait les renseignements collectés sur les dérives constatées. Ces éléments permettraient aux élus de la CTC de demander des comptes à l’Administration française sur la lutte devant être menée de façon implacable contre les démarches de radicalisation. »
Toutefois on ne peut faire l’économie d’une analyse beaucoup plus globale. Un mouvement patriotique de libération nationale doit tout autant prendre l’initiative d’aller spécifiquement à la rencontre des corps concernés pour empêcher outre le problème ci dessus posé, empêcher également les tentations communautaristes, enrayer enfin la colonisation de peuplement. On peut remarquer que se pose aussi ici avec acuité la question récurrente de la nécessité de mettre en place – selon une stratégie de contre pouvoirs parallèles – un corps électoral corse…
Il est un principe intangible et non négociable. Il répond d’un philosophie anti colonialiste et s’inscrit dans le droit international des peuples à disposer d’eux mêmes : Il n’y a qu’une seule communauté de droit sur la terre corse, c’est le peuple corse.
Il s’agit bel et bien de ne pas reproduire le schéma – en échec – du modèle multi culturel et intégrateur français. Il s’agit bel et bien de s’en dissocier pour s’en séparer radicalement.
Les manipulations communautaristes de l’oppresseur sont un piège mortel. Dans ce canevas, l’islamisme publiquement engagé trouve sa place par l’utilisation de l’espace politique. En France comme en Europe, comme le remarque si bien Samir Anghar en parlant des musulmans ( Chercheur au Centre Interdisciplinaire d’Etude des Religions et de la Laïcité de l’université Libre de Bruxelles ) dans un article ( » Islam de France et d’Europe : de la foi au militantisme » ) publié dans « Moyen Orient » ( n° 22 avril – juin 2014), » des associations militent pour l’intégration de ces derniers dans le paysage politique et social européen, en les appelant par exemple à s’inscrire sur les listes électorales. Ils défendent l’idée d’une « citoyenneté islamique », se proposant d’être des interlocuteurs privilégiés auprès des acteurs publics locaux et nationaux sur des questions aussi diverses que le religieux, le racisme ou les problèmes de délinquance dans les quartiers populaires ».
J’ai pu moi même éprouver aux dernières municipales de Portivechju, pour les avoir rencontrés, les velléités de dit représentants de la communauté maghrébine de me faire sentir le poids de leur électorat ou me prévenir sur leur volonté de s’organiser d’ici peu en « lobby ». Ces comportements comme ces tentations produiront d’inévitables confrontations tant que perdurera l’absence d’un réelle citoyenneté corse, tant que ne sera constitué un corps électoral consécutif de cette citoyenneté. Le risque de leur instrumentalisation est manifeste dans le système actuel en vigueur car il pourra participer à détourner notre aspiration patriotique.
C’est principalement au mouvement patriotique de libération nationale de faire preuve de rigueur pour éviter ces potentiels écueils.
Il est certes juste de rappeler que la Corse, son Peuple ouvrent leur terre, dans le respect de l’autre, sans discrimination aucune. Il est encore plus juste de rappeler actuellement que cette terre reste colonisée, que son peuple n’est toujours pas reconnu, et ses droits toujours bafoués. La xénophobie, le racisme prennent racine dans la négation de la liberté d’un peuple
Le djihadiste ne peut être l’arbre qui cache la forêt. Pas plus que la lutte contre l’Etat Islamique ne peut dissimuler trop longtemps les forfaitures d’une stratégie géo politique au Moyen Orient et en Afrique où des peuples et nations niés, à l’instar des touaregs, des berbères, des kurdes ou des palestiniens, restent les otages et victimes des menées néo impérialistes occidentales, américaines et arabes. Dans cette vision géo stratégique la Corse prend aussi toute sa place.