C’est une majorité sortante disloquée qui concourt les 6 et 13 décembre en Corse pour une mandature éclair de deux ans avant de laisser place à une collectivité unique fusionnant la collectivité territoriale et les conseils départementaux.
Douze listes sont en lice pour l’élection de 51 conseillers dans l’attente de l’application le 1er janvier 2018 de la loi pour la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe).
La majorité du président de l’exécutif sortant Paul Giacobbi (PRG), par ailleurs député de Haute-Corse, est fragilisée sur plusieurs fronts, notamment sur son aile gauche où quatre autres listes se présentent à l’élection « territoriale ».
Le président sortant de l’Assemblée de Corse, le communiste Dominique Bucchini, a ainsi décidé de faire cavalier seul pour porter la voix du Front de gauche.
Au sein de l’exécutif territorial, Jean Zuccarelli (PRG), chargé de l’agence de développement économique de la Corse, emmène sa propre liste tandis qu’Emmanuelle de Gentili, qui a assuré la direction de l’Office hydraulique insulaire, a été investie par le Parti socialiste.
Jean-Charles Orsucci, vice-président de l’Assemblée et maire divers gauche de Bonifacio, tenant d’une gauche autonomiste, s’est lui aussi désolidarisé de la mandature en ralliant Vanina Pieri, chargée de l’Agence du tourisme de la Corse.
A ces divisions s’ajoutent les démêlés judiciaires de Paul Giacobbi, mis en examen en juillet pour détournement de fonds publics.
LE COME-BACK DE JOSÉ ROSSI
La justice veut comprendre le rôle de l’élu, alors président du conseil général de Haute-Corse, dans l’attribution de 300.000 à 400.000 euros de subventions allouées à des gîtes ruraux dont auraient notamment bénéficié ses proches entre 2008 et 2010. Il nie les faits qui lui sont reprochés.
Les nationalistes entendent profiter de ces failles, notamment le maire autonomiste de Bastia Gilles Simeoni dont la liste Femu a Corsica avait recueilli 26% lors du précédent scrutin territorial en 2010.
Le dernier sondage en date, une enquête Opinionway réalisée entre le 27 et le 30 octobre, place Gilles Simeoni en tête du premier tour avec 18% des intentions de vote, mais deux autres listes nationalistes lui disputent les suffrages : celle de Jean-Guy Talamoni (Corsica Libera, 8%) et celle de Paul-Félix Benedetti (U Rinnovu Naziunali, 1%).
Si une alliance nationaliste est envisagée, Gilles Simeoni n’exclut pas de partager le pouvoir avec des partis traditionnels au nom de l' »ouverture », comme ce fut le cas lors de son accession au pouvoir en 2014 à la mairie de Bastia.
La droite corse se divise en trois listes.
Après dix ans d’absence, l’ancien ministre de l’Industrie d’Edouard Balladur José Rossi a été investi par Les Républicains pour un duel fratricide avec le député LR de Corse-du-Sud, Camille de Rocca Serra, ancien président de l’Assemblée de Corse.
Hyacinthe Santoni, ancien député des Bouches-du-Rhône, porte les couleurs de « Debout la France », parti de Nicolas Dupont-Aignan.
Le Front national est emmené par Christophe Canioni, un quasi-inconnu. Traditionnellement bas dans les scrutins locaux insulaires, le parti de Marine Le Pen est crédité de 12% dans le sondage OpinionWay.
La spécificité du scrutin corse, où les candidats doivent obtenir 7% au lieu des 10% requis ailleurs pour accéder au second tour, devrait élargir la représentation politique.
Source : Reuters 29/11/15 à 13:07