L’actu des blogs politiques : Vincent Carlotti (Gauche Autonomiste) : « D’ABORD LA CLARTÉ … »
« Il est bien entendu que le premier sondage paru cette semaine sur les elections territoriales corses ne reflète, comme tous les sondages, que les intentions de vote à un instant donné, et qu’il faut se garder d’en extrapoler les résultats à l’excès.
On peut cependant dores et déjà en tirer, à travers les surprises qu’il contient, un certain nombre d’enseignements sur l’état de l’opinion, que la suite des événements ne viendra sans doute pas contrarier.
Le premier des enseignements est qu’après avoir conquis la mairie de Bastia, Gilles Siméoni se retrouve en pole position dans une élection territoriale. Il ne semble pas avoir perdu la confiance que les corses avaient placé en lui lors de cette échéance, et son nom rassemble près d’un électeur sur cinq. Cela fait des autonomistes le socle auquel ont vocation à s’agglomérer les forces qui aspirent à un changement radical de politique dans notre Île.
Le deuxième des enseignements est que Paul Giacobbi semble loin de se trouver dans la situation du favori, comme il l’avait proclamé lors de la présentation de la liste Prima a Corsica. Il ne figure qu’en troisième position. Bien sûr les jeux ne sont pas faits, et il ne faut pas sous estimer les ressources d’un clan, certes en difficulté, mais qui a démontré dans le passé sa capacité à jouer sur les artifices que lui offre la loi électorale, comme la chasse aux procurations et la docilité de certains maires du rural à bourrer les urnes.
Il ne sera pas facile pour lui de lever le doute sur une possible victoire que le résultat calamiteux de ce sondage va sans doute instiller dans l’esprit de ses soutiens. Prima a Corsica est une liste dont le seul ciment est l’idée que ses membres se font de la victoire de leur chef de file: Raymond Barre disait qu’il ne fallait jamais attacher son chien avec des saucisses, on verra dans les semaines à venir si ce dicton savoureux se vérifiera en l’espèce.
Je souhaite que les forces politiques qui aspirent pour la Corse à un changement radical de politique se rassemblent et remportent le prochain scrutin territorial. Elles en ont aujourd’hui les moyens et la victoire est à leur portée.
Je ne souhaite pas que Paul Giacobbi se retrouve à la tête de l’exécutif: quoi qu’il puisse se produire il faut mettre un terme aux dérives que chacun a pu constater dans sa gouvernance à la CTC comme au CG2B, sans compter la chronique judiciaire qui creuse un peu plus chaque jour le fossé entre nos concitoyens et leurs représentants.
J’avais refusé en 2010 de voter pour la liste qu’il conduisait qui avait été investie par le PS et je m’en étais expliqué dans une lettre ouverte à Martine Aubry. Ce que je craignais se vérifie aujourd’hui, comme cela se vérifiait d’ailleurs le soir même du second tour. Pendant que partout en France les listes d’union à gauche progressaient largement dans toute la France, en Corse la liste qu’il conduisait perdait au contraire 4 points entre les deux tours et privait la gauche de la majorité absolue.
Il faudra beaucoup de temps à la gauche pour se reconstruire , à Bastia comme à Ajaccio elle n’a pas été capable de se renouveler et de se dégager de la gangue du clientélisme : elle en a reçu la sanction qu’elle méritait.
Bien que je n’appartienne plus au PS depuis trois ans, je soutiens et je voterai au premier tour pour la liste La Corse qui Ose, que conduit Emmanuelle de Gentili dont j’apprécie les positions sur les questions économiques, l’ancrage des socialistes dans la défense du peuple corse, et la vision dans la reconstruction d’une gauche audacieuse et responsable dans notre Île.
Malgré le coup bas qu’a constitué la défection des amis dont elle était fondée à espérer le soutien, la liste qu’elle conduit peut et doit, j’en ai la conviction, participer au second tour. J’appelle toutes celles et tous ceux qui m’on fait confiance au cours de mon parcours politique à lui apporter leur concours.