L’atu des blogs politiques : @EdmonSimeoni « Lettera à i giovani corsi, Lettre aux jeunes corses »
« A giuventu, in ogni tempu, paga caru i sbaglii chi a sucetà face ; in Corsica é altro. Basta à ramintassi Ponte novu in 1769 induve a putenza culuniale ci ha stirpati é sottumessi ; à ramintassi u sfragelu di 14-18 chi a tumbatu 12.000 omi, spessu giovani,- parenti di tandu é per l’avvene- é ferritu dicine di millaie di persone.
L’après-guerre en Corse fut terrible car la terre, en déshérence, avait perdu les paysans, les bras, la force de vie et de régénération; la France avait toujours négligé la Corse, n’y avait organisé aucun développement ni économique ni d’infrastructures. L’issue était inévitable : la déprise rurale a conduit nos parents sur les chemins de l’exil – 300.000 habitants avant la Grande Guerre- per stantà u so pane, in Francia é ind’è e culunie, oghje smaritte, tandis que la clanisme, bien en place depuis les Génois, enraciné dans l’amitié, la parenté, l’entraide et surtout le besoin, devenait une institution, omniprésente, médiocre mais inévitable.
Soumis à l’Etat, indifférent, colonial, -source exclusive de tous les pouvoirs-, le système de clan a géré la pauvreté, aliéné les consciences, enchaîné les Corses, nivelé la société par le bas. Le non-droit et la fraude sont devenus la règle.
Et si dès 1950, la Corse a commencé à entrevoir le développement avec les Trente Glorieuses, avec la Somivac et la Setco en 1957, elle a, en 1962, accueilli 17.000 Rapatriés dont la moitié d’origine corse. Le traitement maladroit et inégalitaire de cette immense crise, avec des côtés bénéfiques (augmentation de la population et des investissements, a créé des problèmes inutiles et graves, sur un fond de contestation, de sous et de mal développement.
Vous connaissez la suite : la révolte, dès 1960, dans l’affaire de l’Argentella puis la naissance de l’Arc en 1967, les Boues Rouges en 1973, Aléria en 1975, le FLNC en 1976, les Barbouzes de Francia dès 1977, Bastelica Fesch en 1980, nous ont fait entrer dans une période de répression, de développement mal maîtrisé, de répétition de Statuts, inefficaces, frileux, assis sur la domination claniste et l’absence de démocratie. Fraude électorale institutionnalisée et démentielle. La France a confirmé, démontré qu’elle n’admettait pas l’existence du peuple corse et qu’elle était certaine que le temps jouait contre notre identité collective et la maitrise de notre patrimoine ; elle a donc choisi une stratégie dilatoire d’épuisement, de délitement de notre communauté.
Les faits sont brutaux : la Corse est une terre de pauvreté –INSEE- , de précarité, de spéculation, de violences criminelles, d’absence de démocratie et de faiblesse du développement. Or cette terre a des ressources naturelles et humaines majeures, une épargne conséquente -10 milliards d’euros d’épargne- un peuple courageux, ici et dans la diaspora. La France et le clanisme, son allié structurel doivent assumer seuls l’état préoccupant de note Pays qu’ils ont cogéré sans partage depuis Pontenovu ; le peuple corse lui-même n’étant pas cependant exempt de reproches.
Nous avons pris conscience, dès 1960, de cette situation et jeté, avec d’autres, les bases de l’analyse de la situation coloniale de la Corse ; nous avons, avec notre lot d’erreurs, impulsé ou accompagné toutes les luttes économiques, sociales et culturelle pour empêcher, enrayer les méfaits du colonialisme. Sans la passion, le courage, la ténacité et les sacrifices des militants nationalistes, sans l’implication de nombreuses forces de progrès et le soutien de la diaspora, sans le Riacquistu qui a redonné vie à notre culture, sans les forces écologiques qui ont apporté une contribution décisive à la protection de la terre et des rivages, le peuple corse serait mort et enterré. Depuis longtemps.
Il est nié reste très menacé dans son existence, son patrimoine, sa culture mais il a des richesses qui lui permettent de construire un avenir prometteur.
Nous avons, surtout vous avez, l’occasion de détruire, sans violence aucune, tous les liens de la sujétion. Le peuple corse a un droit imprescriptible à la vie, à la liberté, à la maîtrise de son destin, à la démocratie, à la paix. Il sera libre parce que sa démarche est conforme à l’Histoire et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il se développera dans le cadre de la Méditerranée et de l’Union Européenne.
La Corse a un besoin vital de sa jeunesse, de ses filles et garçons, de ses jeunes enfants dont plus de 40.000 à l’école primaire, pour s’émanciper et construire la Nation. Elle sera au rendez-vous, j’en suis certain, parce qu’elle partage avec toutes et tous, Corses d’origine ou d’adoption, Corses d’ici ou de la diaspora, cette passion de l’île, cette exigence de liberté et de dignité, sa soif d’humanisme qui, adossées au Droit, ne peuvent que triompher. Dumane….
Dr Edmond Simeoni
6 di Nuvembre 2015