« Vous avez été tous très nombreux à manifester votre soutien et votre peine pour la disparition prématurée d’Antò. Comment trouver les mots justes pour vous remercier toutes et tous alors que vous partagez la même douleur et la même incompréhension devant un malheur aussi brutal ?
J’ai pleinement conscience d’être incarcéré pour un acte politique mais aussi pour avoir infligé à une autre famille une épreuve tout aussi douloureuse que celle que la mienne traverse aujourd’hui. La vie m’en impose une supplémentaire, qui consiste à ne pas avoir pu être présent auprès de ma famille pour accompagner mon fils dans son dernier voyage.
Je souhaite, au plus profond de moi, et pour que tout cela puisse avoir un sens, que cette vie me donne la force et le temps de pouvoir vous rencontrer tous un jour.
Je n’ai pu obtenir qu’une permission d’une heure pour me rendre sur la tombe de mon fils et m’y recueillir, avec mes proches. Je n’ai pas été autorisé à pénétrer dans ma maison, où mes enfants ont grandi et qui ne se trouve qu’à quelques mètres de sa sépulture.
Devant le constat d’une faillite politique et des échecs répétés des démarches de rapatriement des prisonniers politiques, je revois avec une grande amertume l’impatience d’Antò , la tête pleine de projets. Et son immense déception de ne pas me voir rentrer sur notre terre.
Je voudrais lui dire, avec beaucoup de cynisme et un humour déplacé qu’il aurait apprécié, j’en suis sûr : « O figliolu, un hai trovu che què pà fà mi rientrà in casa ? ».
A to vita si n’hè andata in muntagna stu ghjornu funestu di sittembre… Mà aghju fattu a prumessa nant’à a to tumba… è per tutti quelli chi t’anu accumpagnatu (è eranu numarosi, chi hai campatu cumè un’omu dirittu, amatu è generosu), di ripiglià un ghjornu a to marchja è di compie u to parcorsu, ch’ellu ti tinia tantu à core di fà ancu i to amichi.
Chè tu riposi in pace.
Sentimenti corsi à tutti »