Suite à notre dernière rencontre le 17 septembre, vous nous avez adressé une lettre ouverte dont le contenu laisse supposer que nous n’aurions eu que peu de respect à votre égard.
La publication de cette lettre le jour même où elle nous a été transmise est plutôt surprenante et significative de votre conception des choses en la matière. Il est donc nécessaire de revenir sur nos trois rencontres après la réunion des animatrices et animateurs du Front de gauche à laquelle vous avez en partie participé.
Nous avons ce jour- la, 18 juillet, entériné par un vote des 77 présents la proposition de candidature de Dominique Bucchini comme tête de liste. Dans le prolongement de celle-ci, le PCF a versé au débat une contribution qui ne demande pas l’alignement de celles et ceux qui, individuellement ou en tant que force organisée, sont susceptibles de participer à la démarche de rassemblement pour construire une alternative citoyenne à l’austérité en Corse et dans le pays. Il faut rappeler à cet égard que, depuis 2004, avant même l’existence du Front de gauche, cette démarche de rassemblement s’est traduite, au plan électoral, par la présence de deux non-communistes sur les quatre premier(e) de notre liste.
Cette contribution publique nous semblait répondre à plusieurs de vos interrogations à la fois sur l’analyse de la situation politique, le contexte, le cadrage et le contenu du message que nous voulons porter devant les électrices et les électeurs. Pour autant ni cette contribution au débat ni les quelque huit heures de réunion et d’échanges que nous avons eues ne vous ont permis de discerner des éléments de réponse à vos questions. Nous le regrettons.
Nous vous avons proposé de mettre en place une coordination de campagne pour définir des axes d’intervention communs dans toutes les initiatives et la communication de la liste. Nous vous avons interrogés sur la façon de procéder, notamment en Haute Corse où nous n’avons aucun interlocuteur de Manca Alternativa /Ensemble. Nous n’avons eu aucune réponse.
Nous avons également précisé qu’un bilan critique de la mandature devait être dressé et que l’action du groupe communiste et Front de gauche devait faire partie du débat, notamment sur les sujets importants de l’actualité insulaire auxquels vous n’avez pas semblé accorder d’importance. Nous avions aussi proposé que, du 7ème jusqu’au 13ème rang (le groupe actuel compte sept membres), plusieurs places pouvaient être réservées à votre mouvement, sans préjuger du nombre total de candidats pouvant le représenter sur l’ensemble de la liste. En l’absence de toute référence à la représentativité de chaque composante, cette approche nous semble conforme à ce que doit être la composition de la liste en tenant compte, sans visée hégémonique, de ce qu’est le PCF aujourd’hui, à la fois dans le Front de gauche et dans l’histoire politique de la Corse.
Nous n’avons donc pas éludé la question d’une analyse contradictoire ni de la majorité régionale ni du bilan des élus du FDG. C’est le sens même de notre texte d’orientation, qui est une contribution claire au débat public ; c’est la signification de l’interview de Michel Stefani parue dans Corse Matin le 13 septembre, une expression politique à laquelle vous avez souscrit lors de notre rencontre du 17 septembre.
Notre objectif est bien de construire une liste incarnant la sensibilité antilibérale et anti-austérité, avec des femmes, des hommes, des militantes et des militants, des jeunes impliqués dans le mouvement social et associatif, acteurs du combat pour le progrès social.
A propos du second tour, un point que vous semblez avoir placé au centre de vos préoccupations, nous pensons que décider aujourd’hui qu’aucune alliance n’est possible serait une erreur politique. Une telle posture de principe anticipe sur les résultats du premier tour ; elle ne peut que signifier un aveu d’impuissance à rassembler, et n’entraîner qu’une marginalisation de fait du Front de Gauche avant même que les électeurs aient tranché… Cela ne correspondrait pas non plus à l’objectif consistant à affirmer une politique régionale au service des besoins sociaux de la Corse plutôt qu’à une réforme institutionnelle d’inspiration libérale.
Cette posture, que vous voulez officialiser dans une charte, nous enfermerait dans le rôle politique que l’on voudrait nous assigner. Elle n’ouvrirait donc aucune perspective.Ignorant les résultats de la droite et de l’extrême droite, elle n’est pas non plus sans risques : beaucoup d’électrices et d’électeurs de gauche, au-delà même de la colère légitime qu’ils expriment à l’égard du PS et du gouvernement, considèrent qu’un retour de la droite au pouvoir ne serait pas bon, et ils peuvent estimer qu’il vaut mieux voter, dès le premier tour, pour ceux qui incarneraient à leurs yeux un « moindre mal » face à un danger jugé plus grand…
C’est pourquoi nous nous adressons à eux afin qu’ils soient directement associés à cette réflexion sur la gauche et son avenir, et sur ce que pourrait être une politique de gauche avec un Front de gauche plus fort et plus influent. Nous savons tous que le social-libéralisme a comme objectif explicite de réduire la gauche de transformation sociale à une petite force d’appoint. Mais nous ne renonçons pas, pour notre part, à modifier le rapport de force dans le pays et au sein même de la gauche.
C’est dans cet esprit que nous avons indiqué que nous nous réunirons, aussitôt les résultats du premier tour connus, pour décider comment notre combat contre l’austérité se poursuivra au-delà, avec ou sans alliances. A vous de dire à présent de manière claire si vous êtes partie prenante de la démarche. Nous vous rappelons que nous souhaitons présenter la liste la première semaine d’octobre.
Ajaccio–Bastia, le 20 septembre 2015
La délégation du Comité régional du PCF, membre du Front de gauche : Michel Stefani, Maxime Nordée, Jean-Pierre Maginot, Charles Mariani, Francis Riolacci, Marc Luciani, Gilles Larnaud, Gérard Gagliardi.