Un peuple existe s’il va de l’avant ! Le peuple catalan existe bel et bien, et sa « marche en avant », si elle n’a jamais cessé au cours des siècles, connaît depuis quelques années une accélération extraordinaire. Dans moins de deux semaines, il a rendez-vous avec l’Histoire. Et, avec lui, tous les peuples d’Europe qui aspirent à la liberté !
Dimanche 27 septembre 2015, les Catalans vont retourner aux urnes. Non pas, comme il y a un an à peine, pour tenir un referendum « extra-ordinaire » dont les résultats ont été un formidable encouragement, mais pour des élections officielles, celles de la Generalitat, le Parlement de la Catalogne. Ces élections sont apparemment ordinaires, ce qui permet de contourner le véto constitutionnel espagnol, mais le cadre politique posé par le mouvement nationaliste en a fait une élection plébiscitaire, un referendum de substitution dont le résultat constituera un fait démocratique essentiel.
L’enjeu ? Que le mouvement nationaliste obtienne une majorité absolue au sein du futur Parlement catalan. Celui-ci votera alors, au nom du peuple catalan, une « déclaration d’indépendance » qui enclenchera un mouvement irréversible pour la reconnaissance de ses droits historiques.
Pour réussir ce défi, le mouvement national catalan développe les grands moyens.
Les grands moyens démonstratifs tout d’abord, et la Diada catalana, la fête nationale catalane, du 11 septembre 2015 n’a pas à craindre la comparaison avec celles des années précédentes, pourtant elles aussi littéralement « colossales ». Cette fois c’est l’avenue Meridiana, 5,2 km de long, large comme les Champs Elysées, qui a servi de cadre à une manifestation d’une ampleur inégalée en Europe pour un rassemblement exempt de tout contexte émotionnel comme l’avait été la manifestation de Paris qui a suivi l’attentat contre Charlie Hebdo.
Durant l’après-midi, la foule -1,5 million de manifestants !- s’est massée sur toute la longueur du parcours. La plupart d’entre eux se sont inscrits au préalable par internet et un tronçon, matérialisé par une couleur, leur est dévolu, où ils se rendent par une rue adjacente car il est impossible ou presque de se frayer un chemin sur l’avenue principale. La délégation ALE est parmi les « officiels », avec notamment les leaders nationalistes catalans, au pied du podium d’arrivée, dressé avec des écrans géants devant le siège du Parlement catalan, celui qui doit, si les urnes en décident ainsi, accueillir une majorité indépendantiste le 27 septembre prochain.
Un chemin a été ménagé au milieu de la foule tout au long des 5.200 mètres de l’avenue rebaptisée pour l’occasion « Via Lliure », avenue de la Liberté. Chacun attend l’heure symbolique, 17h14, pour 1714, date de la défaite catalane face à la monarchie absolue, les Bourbon, encore aujourd’hui famille régnante en Espagne. A cet instant, du haut de l’avenue, un groupe s’élance, formé d’une trentaine de sportifs catalans connus, qui portent une flèche géante. Leur cortège parcourt un tracé dessiné au milieu de la foule ; la flèche est acclamée avec ferveur tout au long des trois quarts d’heure que dure la course. Cette flèche en direction du Parlement catalan symbolise l’enjeu du scrutin du 27 septembre, ce résultat vers lequel tous les efforts doivent tendre pour imposer le droit du peuple catalan de décider par lui-même de son avenir.
Au pied du podium, au milieu des drapeaux qui flottent au vent, nous suivons la progression du cortège sur l’écran géant. L’impression est exceptionnelle de cette foule si dense, si joyeuse et si disciplinée, décorée aux couleurs nationales catalanes, qui acclame le passage de la flèche, puis se referme derrière elle juste après. Les images prises du toit des immeubles et depuis les hélicoptères sont époustouflantes. Le succès est total. La campagne est lancée pour le vote du 27 septembre !
Politiquement, pour que le 27 septembre soit un succès, les mouvements nationalistes ont commencé par signer un pacte les engageant sur le vote de la déclaration d’indépendance dès la nouvelle Generalitat élue. L’un d’entre eux, la CUP, classé à l’extrême gauche, fait liste à part. Les deux autres, les deux acteurs les plus importants, Convergencia Democratica di Catalunya, centre droit, et Esquerra Republicana di Catalunya, classé à gauche, ont décidé de faire une liste commune, Junts pel Sì, Unis pour le oui. Cette Union, réalisée sous la pression de la société civile, affiche aux premières places des leaders à forte portée symbolique : Raul Romeva, ancien député écologiste aux fortes convictions indépendantistes, est tête de liste, suivi par Carme Forcadell et Muriel Casals, deux femmes qui dirigent depuis plusieurs années les associations ANC et Omnium en charge de l’organisation du referendum de 2014 et des Diadas géantes qui ont si largement contribué à la mobilisation et au bond en avant des convictions indépendantistes en Catalogne depuis 2006. Les leaders des deux partis, Artur Mas et Oriol Junqueras, occupent les quatrième et cinquième places. Ainsi, symboliquement, l’Union nationale est portée par cette liste qui sortira très largement en tête du scrutin. Leur objectif : la majorité absolue des sièges, et si possible, avec l’appoint de la CUP, la majorité absolue des voix.
On le leur souhaite de tout cœur, pour eux, et pour nous !
Sur la photo du bas, je suis au coté de Raul Romeva, le tête de liste, un ancien député écologiste aux fortes convictions indépendantistes.
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