Le nationalisme #corse, conquérant, a le vent en poupe

Quarante ans après les évènements d’Aleria qui scellèrent la renaissance du nationalisme corse, les partisans de ce courant politique estiment pouvoir accéder au pouvoir par les élections, convaincus que leurs idées sont désormais partagées par une majorité de Corses.

Le 22 août 1975, un groupe de militants autonomistes occupant une cave viticole à Aleria (Haute-Corse) dont le propriétaire, un rapatrié d’Algérie, est accusé de malversations financières, est délogé lors d’une opération militaro-policière aéro-terrestre d’envergure dans laquelle deux gendarmes sont tués.

L’inspirateur de l’occupation, le docteur Edmond Simeoni, sera condamné à cinq ans de prison par la Cour de sûreté de l’Etat. Mais, selon la formule consacrée, « rien ne sera plus comme avant ». Les nationalistes les plus radicaux fondent, le 5 mai 1976, le Front de libération nationale de la Corse (FLNC).Aleria197522aoutSimeoniEdmondArchives (4)

La lutte nationaliste a permis de préserver la culture et les paysages corses

Après des décennies marquées par plus de 4.500 attentats revendiqués par le FLNC, des soubresauts et une guerre fratricide, l’organisation armée clandestine a annoncé en juin 2014 le dépôt des armes afin de favoriser une évolution politique.

Sans approuver la violence et tout en déplorant des dérives qui ont fragilisé le mouvement nationaliste, la population corse reconnaît généralement que ce sursaut a notamment permis de préserver partiellement l’environnement de l’île, de retarder la spéculation foncière et immobilière et de sauver la culture corse.

Bien qu’encore divisés entre indépendantistes et modérés, les nationalistes représentent depuis les élections territoriales de 2010 plus du tiers de l’électorat insulaire. Ils occupent 15 des 51 sièges de l’Assemblée de Corse. Par dizaines, ils sont devenus maires ou conseillers municipaux de nombreuses communes.

A l’unisson des évolutions politiques et culturelles observées ailleurs en Europe, de la Catalogne, à l’Ecosse et du Pays basque à l’Irlande, nombre de Corses considèrent bien appartenir à un même peuple, sans pour autant se dire nationalistes, comme le soulignent désormais des dirigeants politiques insulaires de tous bords.

Un renouveau nationaliste particulièrement perceptible chez les jeunes, dont une bonne partie parle corse entre eux.

Depuis l’entrée de sept élus de l’Union du peuple corse (UPC) d’Edmond Simeoni dans la première assemblée territoriale, en 1982, les idées nationalistes se sont répandues à des degrés divers sur l’ensemble de l’échiquier politique et dans la société corse.

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L’assemblée territoriale de Corse a voté plusieurs lois d’inspiration nationaliste ces dernières années

A l’unanimité ou à de fortes majorités, l’actuelle assemblée, à majorité de gauche, a voté ces dernières années une série de réformes d’inspiration nationaliste.

Il s’agit notamment de la co-officialité de la langue corse, de l’instauration d’un statut de résident pour acquérir un bien immobilier afin de freiner la spéculation qui sévit dans l’île, d’une réforme de la fiscalité et de la mention de la Corse dans la constitution française.

A l’automne, l’assemblée doit encore voter un plan de développement et d’aménagement durable (Padduc) insistant sur l’économie productive et non plus résidentielle axée sur le tout tourisme.

Mais, seul un projet de fusion des deux départements insulaires en une collectivité territoriale unique a été approuvé par le gouvernement.

Aucune des autres réformes de fond votées par les élus corses n’a reçu de réponse, pas plus que le renoncement du FLNC à la lutte armée pour favoriser l’évolution politique.

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A quelques mois des élections territoriales des 6 et 13 décembre, les deux courants nationalistes, indépendantistes et autonomistes, ont entrepris des discussions en vue d’un éventuel rapprochement pour parvenir à une véritable émancipation politique, économique et culturelle de l’île.

Pour favoriser cette évolution, Edmond Simeoni, 81 ans, dont l’un des fils Gilles, élu nationaliste à l’assemblée territoriale, a été élu maire de Bastia en s’alliant avec des élus de gauche comme de droite, a souhaité ne pas commémorer le 40e anniversaire des évènements d’Aleria.

« Il ne faut pas compromettre les démarches indispensables de dialogue et de convergence pour trouver une solution pérenne de dialogue et de paix à la question corse », a dit M. Simeoni dans un communiqué.

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