Conférence de presse de Femu A Corsica ce jeudi matin à l’Assemblée de Corse.
Voici le texte de la conférence de presse :
« Comme vous le savez, Femu a Corsica n’a pas participé à la rencontre organisée en préfecture, lundi dernier, dans le cadre d’un nouveau déplacement du ministre de l’intérieur, M. Cazeneuve.
Ce choix politique ne relève pas d’une stratégie de rupture, ou de refus du dialogue. Femu a Corsica a d’ailleurs fait preuve en toutes circonstances, y compris lors de séquences particulièrement tendues, d’ouverture et de sens du compromis.
Il s’agit pour nous de signifier, avec solennité, que les nationalistes corses exigent des réponses claires de la part de l’Etat, aux antipodes des « déjeuners républicains » ou autres réunions, sans objet ni méthode, qui s’enchainent ici ou à Paris depuis plusieurs mois.
La situation politique de notre île est en effet inédite : délibérations répétées de l’Assemblée de Corse, souvent à l’unanimité, sur des sujets capitaux, dépôt des armes annoncé (et confirmé ces derniers jours) par le FLNC, volonté générale d’apaisement…
Plusieurs signes d’importance s’ajoutent aujourd’hui pour ouvrir une perspective nouvelle, porteuse de sens et d’espoir, dont la première conséquence est l’affaiblissement du système ancien, au profit de majorités d’idées, transversales et non partisans.
Dans pareil contexte, l’Etat devrait logiquement se hisser à la hauteur de l’enjeu, comme il sut le faire lors du processus de Matignon, alors que la Corse vivait au quotidien des heures tourmentées, marquées par les polémiques et les oppositions frontales. Il a manifestement choisi l’inverse, méprisant nos exigences démocratiques et nos délibérations, se murant dans un silence coupable sur la plupart des grands dossiers.
Femu a Corsica, régulièrement présente lors des dernières rencontres, a choisi cette fois-ci de ne plus cautionner ces manœuvres dilatoires ou plus précisément encore, cette stratégie du pire. Confronté à des difficultés sociales, économiques et culturelles, notre pays attend une réponse politique de l’Etat, parce qu’il traverse une des périodes les plus dures de son histoire, caractérisée par une aggravation du chômage, la montée de la précarité, les difficultés posées aux entreprises, mais aussi les menaces sur la desserte, et par extension, la saison touristique.
Pour le nationalisme corse, la création de la Collectivité Unique à l’horizon 2018, à laquelle notre groupe a fortement contribué par son action dans l’hémicycle, ne peut, seule, tenir lieu de solution politique après 40 années de combat. Le processus engagé par les élus de la Corse ne peut sérieusement s’en satisfaire. Il doit être poursuivi sans retards. Nous en appelons donc, après ce geste fort, à une prise de conscience générale. Du côté de l’état tout d’abord : nous l’engageons à consacrer, par une attitude volontariste, les efforts et compromis réalisés par la Corse, au travers de son Assemblée.
Le statut de résident, la coofficialité de la langue corse, la réforme fiscale, la question de l’arrêté Miot, l’examen objectif et sans tabou de la revendication d’amnistie, l’inscription de la Corse dans la Constitution doivent, entre autres sujets, donner lieu sans délai à des réponses claires et phasées.
Il incombe ensuite à la classe politique, toutes tendances confondues, de saisir l’opportunité historique d’une véritable mutation. Alors que la campagne électorale débute déjà, le choix collectivement offert est simple : pérenniser un système, des modes de pensée et d’action révolus, car reposant sur une vision ancienne de l’action publique et sur la constitution de majorités partisanes et étroites. Ou bien s’adapter à la modernité, en œuvrant concrètement pour des idées, des projets, en thèse avec les aspirations de l’immense majorité de notre peuple. C’est précisément dans cette seconde optique que nous nous situons, au nom de nos fondamentaux, et que nous inscrivons notre stratégie historique d’accession aux responsabilités.
C’est donc, pour terminer, à l’ensemble des nationalistes que nous souhaitons nous adresser. Nous pouvons, rassemblés dans la diversité de nos options, être le moteur incontestable de la prochaine majorité territoriale. Ce faisant, nous serons en mesure de peser sur l’état, mais également sur les institutions communautaires et internationales pour obtenir un statut d’autonomie à l’échelle de l’Europe, conforme au droit à l’autodétermination du peuple corse.
Le défi est immense. Femu a Corsica, pour sa part, est tout à fait prête à le relever. Il nous faut donc ouvrir, dès aujourd’hui un large débat autour des voies et moyens à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs majeurs. »
FEMU A CORSICA
16 juillet 2015