Le 3 juillet au soir, la police resserre son dispositif autour de la ferme. Le 4, à 7 h 30, Yvan Colonna rejoint une bergerie. À 12 h 50, le voici qui repart dans le maquis. À 19 h 15 « deux fonctionnaires le voient arriver. Ils tentent de l’interpeller, il prend la fuite ». Mais Yvan Colonna est immédiatement maîtrisé.
«Quand je cours, je m’attends à prendre une balle dans le dos. C’est pour cela que je me retourne et que je trébuche.»
Loin des siens, sans nouvelles régulières, vivant au jour le jour grâce à des générosités de passage. « J’attendais tous les jours un événement positif, dit-il. Rien ne venait. Je restais l’assassin du préfet. » Le 4 juillet 2003, alors qu’il a trouvé refuge dans une bergerie de la région du Valinco, il s’aperçoit qu’un fonctionnaire le surveille à la jumelle. Le Raid l’a localisé. Son interpellation, qualifiée de « cause sacrée
» par les plus hautes autorités politiques, est imminente.
Yvan Colonna sort de la bergerie.
Il prévient discrètement un ami qu’il va falloir quitter les lieux. Revenu sur place, il prépare deux gros sacs de voyage. A côté de deux appareils de musculation, d’un string féminin, d’un caméscope, de plusieurs boucles d’oreille, de liasses de billets, d’une trousse d’écolier et d’une paire de chaussures de piscine, les officiers de la police judiciaire y découvriront une grenade défensive emballée dans du papier de cuisine et un chargeur de pistolet. La grenade, c’est « un vieux militant gaulliste » qui avait insisté pour qu’il la prenne avec lui, explique-t-il. Quant au chargeur, il avait été « oublié » par un de ses visiteurs. « J’aurais dû le jeter, je voulais le rendre », dit Yvan Colonna. Alors qu’il vient de franchir le portail, deux membres du Raid jaillissent des fourrés et le braquent avec leurs armes. Le berger jette son sac et prend la fuite. Il pense qu’on va lui tirer dans le dos, il se retourne, trébuche. « J’avais peur », se souvient-il. Maîtrisé à terre, il n’opposera pas de résistance aux policiers. Celui qui, dans une lettre rendue publique en 2001, signait « Yvan Colonna, patriote recherché », vient de terminer sa course.
Interpellation, l’avocat d’Yvan colonna, Me Garbarini, rappelle que « les membres du Raid ont toujours dit qu’elle s’était passée sans violence et sans difficulté« .
S’en suivra des manifestations de soutien en Corse, des actions en France, une pétition, des comités de soutien, et des procès, et une action à la CEDH.
Aucun rapprochement pour Yvan Colonna comme beaucoup d’autres prisonniers politiques.
Yvan Colonna est aujourd’hui comme 27 autres « otages de la raison d’état », les lignes ont bougé depuis un an avec le dépôt des armes du FLNC, et l’éventualité d’une amnistie pour tous ceux qui, un jour, ont résisté contre l’état colonial
I Scrianzati