« Lettre à Messieurs Chirac et Jospin ».
Nationaliste corse, je suis incarcéré à Fresnes depuis dix-sept mois pour des raisons qui sont à l’évidence plus politiques que judiciaires. Malgré les démonstrations de l’illégalité de ma détention et de nullité des procédures, la Cour d’Appel de Paris a confirmé 54 fois depuis le 1er mars 1999 les ordonnances du juge Bruguière qui ne sait plus qu’inventer pour justifier ses théories de l’affaire Erignac. II est vrai que j’ai été à deux reprises condamné par la Cour de Sûreté de l’État en 1976 et 1981. Pour avoir démontré une fois déjà l’existence de polices parallèles en Corse, entre autres.
J’ai par deux fois en 1989 expliqué avec d’autres à Edgar Pisani, conseiller de la Présidence nous recevant à l’Élysée, pourquoi la politique de l’Etat en Corse était vouée à l’échec, et comment il était possible de faire autrement.
Nous n’avons pas été entendus. Au contraire, on s’est contenté d’appliquer à la Corse tous les stratagèmes de la guerre psychologique. Les aventures du préfet Bonnet en sont l’illustration la plus récente. Les origines de tous les drames sanglants que la Corse a connus sont à mettre au compte de cette politique dont rien ne dit qu’elle soit abandonnée.
La libération des incendiaires d’Etat, après une courte détention, alors qu’ils relèvent d’une procédure criminelle démontre que le concept d’égalité demeure au mieux un voeu, au pire un mensonge.
La France donne une bien piètre image du pays qui se veut celui des droits de l’Homme. II n’est que temps de mettre en harmonie idéaux et réalité en reconnaissant, après les torts esclavagistes et le génocide arménien perpétré par les Turcs, les droits du peuple corse anéanti par les armes françaises, à deux reprises au XVlllesiècle.
En attendant, recevez l’expression de ma considération la plus distinguée. «