#Corse Les prisonniers politiques basques et corses en « grève de la faim », @Sulidarita et la LDH communiquent

Le 30 Mai dernier 6 prisonniers politiques de Fleury Mérogis, 4 corses (Xavier Ceccaldi, Cédric Courbet, Eric Marras et Laurent Susini.) et 2 Basques (Iturbide Otsoteko Joseba et Goieaskoetxa Arronategi Ibon), écrivaient à Mme Taubira pour lui faire part dans un courrier de la réduction des parloirs prolongés. Ils avaient symboliquement entamés une grève de plateau. Mais hier matin ils ont décidé de durcir leur mouvement revendicatif en entamant une grève de la faim totale et illimitée.

En tout 11 prisonniers politiques

EuskalCorsica

Les prisonniers en lutte sont Iurgi Mendinueta, Aitor Elizaran et Igor Suberbiola dans la division 1, les signataires d’une lettre à la ministre française de la Justice Christiane Taubira Ibon Goieaskoetxea et Joseba Iturbide dans la division 2 et Juan José Oses et Andoni Goikoetxea, dans la division 3. Les prisonniers corses également en lutte sont Cédric Courbey, Xavier Ceccaldi, Laurent Susini et Éric Marras.

Ce 16 juin l’Associu Sulidarità et la section de la LDH en Corse tenaient une conférence de presse dans les locaux ajaccien de sulidarità pour dénoncer ce énième problème alors que dans les deux pays, les processus de paix sont engagés et que les mouvements clandestins ont déposé les armes.

Entre ces deux dates et en soutien aux prisonniers politiques basques et corses de Fleury, les prisonniers politiques font aussi grève de plateau dans les prisons de VILLEPINTE, OSNY, BOIS D’ARCY et BORGU.

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Voici le texte de la conférence de la conférence de presse :

L’associu Sulidarità et la ligue des droits de l’homme sont une nouvelle fois réunies dans une démarche commune ce jour, afin de dénoncer la situation faite aux prisonniers politiques corses incarcérés à la prison de Fleury-Merogis et leur apporter un total soutien dans leur action engagée, face au refus incompréhensible de la direction de cet établissement de maintenir un troisième parloir prolongé par mois pour les visites familiales.

Devant cette situation, qui pénalise fortement les familles dans leur droit de visite, les prisonniers politiques corses de Fleury-Merogis ainsi que les ressortissants basques, avaient la semaine dernière, initié un mouvement de protestation, en refusant les plateaux repas.

Suite à, leur action pacifique et responsable, ils ont obtenu une entrevue avec la directrice qui à l’issue de cet échange est restée sur une position de refus.

Aussi devant une telle attitude injuste et incompréhensible, nos compatriotes et les détenus basques ont décidé depuis hier matin de durcir leur mouvement revendicatif en entamant une grève de la faim totale et illimitée.

Cette action de Fleury est également soutenue et accompagnée par des initiatives de soutien dans diverses prisons parisiennes et par les prisonniers politiques corses de Borgu.

Pour bien comprendre la situation, il est important de rappeler qu’en matière de droit de visite la loi pénitentiaire et la Cour européenne des droit de l’homme prévoit que celui-ci s’exerce au moins 3 fois par semaine pour les prévenus, 1 fois par semaine pour les condamnés ; et que tout obstacle y compris matériel à l’accès à ces dispositions, est considéré comme une atteinte caractérisée à ce droit fondamental.

L’exil carcéral forcé pour les détenus politiques et le coût financier qu’il signifie pour les familles constituent des obstacles à l’accès au droit de visite. Ils sont une atteinte caractérisée à ce droit fondamental.

Afin d’informer l’opinion publique sur la nouvelle situation que vivent les prisonniers a Fleury nous vous proposons de passer la parole aux familles concernées, afin qu’elles puissent nous décrire la nouvelle injustice à laquelle elles sont confrontées ;

Aujourd’hui notre discours est un appel à l’aide, un appel à la solution.
Nous, familles de détenus politiques, sommes personnellement touchées par la situation de nos maris, nos enfants, nos pères de familles.

Nous venons vous parlez d’un droit de l’homme, le droit de visite.
Il est celui qui nous permet de garder un contact avec ceux qui ont été exilé dans les prisons lointaines, loin de nous, loin de leur île.

Nous connaissons un rythme de visites qui se maintient à un aller-retour par mois.
Une fois sur place, les retrouvailles chaleureuses avec les détenus et ce petit moment avec eux est le seul bon souvenir que nous aimons garder de ces lieux. Et nous y attachons beaucoup d’importance.

Au sein de la Maison d’arrêt de Fleury Merogis, depuis 18 mois de vie « conjugale carcérale », nous pouvions visiter les détenus pendant 30 minutes et bénéficier de 3 parloirs prolongés par mois. (Car nous sommes à plus de 200km Paris).

Depuis le 1er Juin, la réglementation à changer. Elle nous « offre » 15 minutes de parloir simple… Un cadeau pourrait-on croire ? Et bien oui un cadeau empoisonné car nous devrons nous passer d’un parloir prolongé, soit 2 par mois au total.

Comment peut-on comprendre ou accepter un tel changement, en sachant qu’il y a peu de temps, Fleury Mérogis proposait 4 parloirs prolongés aux familles.
Pourquoi cette privation ? La prison n’est-elle pas assez dure à vivre ?
L’éloignement n’est-il pas assez lourd à supporter ?

Visiblement rien n’est assez difficile pour nous et pour les détenus vu ce nouveau règlement. Après les courriers et les appels interminables pour joindre la direction de cette prison afin d’intervenir face à cette situation, Nous voilà sans réponse. Personne n’a daigné s’intéresser au problème.

Dans cette maison d’arrêt y sont incarcérés : les prisonniers politiques Basques ainsi que les nôtres : Xavier Ceccaldi, Cédric Courbet, Eric Marras et Laurent Susini.

Ils ont entamé tous ensemble, hier matin une grève de la Faim pour protester contre ces faits. Ils réclament un règlement digne de la plus grande maison d’arrêt d’Europe.
C’est à dire 4 parloirs prolongés par mois, afin que nous puissions continuer à les voir dans des conditions adaptées à notre éloignement.

Nous tenons à remercier les autres détenus politiques, entre Borgo et Paris, qui ont décidé de se manifester en soutien aux détenus politiques de fleury merogis.

Au nom des familles de ces prisonniers, je retiens toute votre attention sur l’impact que ces parloirs peuvent avoir sur les détenus. Ils en ont besoin, Nous en avons besoin.
Eis’ils se battent, nous nous battons.
Je vous parlais au début de mon discours, d’une Solution et non pas de plusieurs solutions… car il n’y en a qu’une à nos yeux : elle s’appelle l’Humanité.

ce changement de gestion des parloirs aggrave une situation déjà trèscompliquée. Il a pour conséquence de désorganiser encore plus les déplacements, de puiser encore plus dans les jours de congés. Rappelons que les horaires de parloir du samedi, de 8h05 à 9h35, sont en total décalage avec les horaires des avions en provenance de Corse.

Rappelons qu’une visite à Fleury-Mérogis équivaut à un trajet de 1100 km pour une famille corse ; qu’elle signifie des déplacements difficiles à organiser, des visites irrégulières, en moyenne, une visite par mois de 4 heures cumulées dans le mois, contre 9 heures pour les familles résidant en région parisienne. Aujourd’hui, le changement voulu par la nouvelle direction aggrave la discrimination que subissent les détenus corses et basques.
Depuis plusieurs mois, la question des prisonniers politiques corses est considérée comme centrale dans la construction d’un processus d’apaisement durable. L’Assemblée de Corse dans sa totalité demande le respect des droits de ces détenus. Tel est le sens premier de leur rencontre avec la Garde des sceaux, Madame TAUBIRA, il y a quelques jours. De plus en plus de Corses portent cette même revendication comme l’atteste l’importante mobilisation dans les rues d’Ajaccio samedi dernier. Le principe d’une amnistie a été également adopté par l’Assemblée de Corse.

Au Pays basque, la question des détenus corses et celle de leurs droits sont également considérées comme une priorité pour construire la paix. Cette exigence a été largement exprimée lors de la rencontre humanitaire sur le Pays basque qui s’est tenue à Paris il y a quelques jours, à laquelle nos deux associations ont participé.

Aujourd’hui, nous rappelons les revendications portées par Sulidarità et la LDH dans le cadre d’une plateforme commune « Une urgence démocratique et sociale » rendu publique en juillet 2014 :
le regroupement des prévenus corses dans une seule prison de la  région parisienne
la fin de  l’ostracisme  en matière de libertés conditionnelles dont sont victimes les prisonniers politiques corses
le respect de la loi pour les prévenus dont l’instruction est close, qui ont droit au rapprochement familial en Corse au même titre que les détenus  définitivement condamnés.

Nous rappelons également que la totalité des prisonniers politiques corses condamnés sont conditionnables, certains depuis longtemps.

Notre démarche commune est à l’origine de la rencontre avec la Garde des sceaux. Mais elle ne s’arrête pas avec cette rencontre. L’attitude de fermeture de la direction de Fleury-Merogis reste du domaine de l’incompréhensible. Cet autisme administratif est insupportable. Il oblige les prisonniers à recourir à la grève de la faim pour se faire entendre au-delà des murs de la prison. C’est au gouvernement et au Président de la République que les détenus corses et basques s’adressent. Pour que leurs voix portent, ils ont besoin de notre soutien. Ils ont besoin de la solidarité la plus large.

Le changement de gestion de parloirs à la prison de Fleury-Merogis est une décision irresponsable, une agression contre les familles et les détenus corses et basques. Il est évident que le transfert des prisonniers politiques corses à Borgu et des détenus politiques basques au Pays basque est la solution raisonnable et humaine, synonyme de paix.

Mais dans l’immédiat, afin de mettre fin aux tourments des familles, nous exigeons que la direction de la maison d’arrêt de Fleury-Merogis rétablisse la périodicité des parloirs prolongés.

Ajaccio, le 16/06/2015
l’associu Sulidaritàet la section de Corse de la LDH

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