En 1981, la France s’extirpait péniblement d’une longue période réactionnaire commencée dés la chute de Léon Blum en 1938. L’arrivée de Mitterrand au pouvoir suscitait de grands espoirs en termes de progrès social comme de libertés individuelles.
La modification de la donne politique à Paris induisait de surcroît la réconciliation du pouvoir central et des mouvements de revendication identitaire. Ce fut l’intelligence du président fraîchement élu, que de prononcer une mesure d’amnistie générale-y compris pour les policiers assassins lors des événements de l’hôtel Fesch- qui mettait selon lui un terme au conflit et préfigurait le nouveau statut de la Corse.
Dès lors que l’on considère que les revendications essentielles des Corses sont légitimes et que l’on déclare, d’une façon ou d’une autre,qu’elles seront prises en compte, tout à la fois par Paris et par les cadres des partis traditionnels en Corse,on admet de facto le caractère politique de la revendication. Ce qui implique d’une part, que les Corses aujourd’hui en prison, le sont pour des actes politiques, et que d’autre part, il ne pourrait y avoir de traitement politique sérieux sans prononcer une mesure d’amnistie générale !
C’est ce qui se fait après chaque conflit, c’est à dire quand tous les protagonistes sont décidés à faire la paix ! Il apparaît clairement que la Corse court après son développement depuis deux siècles et demi et que la pauvreté s’y accroît au même rythme que les écarts de condition sociale.
Tous les prisonniers politiques corses sans exception se sont battus pour la réalisation d’une Corse qui réponde à des normes modernes qui privilégient l’instruction publique, le cadre de vie, la sécurité de l’emploi, l’accès aux soins et l’identité comme garante de notre cohésion. La grande majorité des Corses souscrivent à cette aspiration.
De nombreux maires et leurs conseillers municipaux de nos 360 communes, qui sont la représentation la plus authentiquement légitime de notre pays ont déjà signé une pétition d’amnistie.
Que ceux qui continuent à considérer la politique comme une affaire de profession et non de conscience, acceptent de prendre en compte les vérités élémentaires qui constituent le fondement même de l’identité corse.
Ghjacumu Faggianelli, Corsica Libara