Que faire des départements en attendant la Collectivité Unique ? D’une certaine façon, ce sont les électeurs qui trancheront. L’abstention nous dira quel sera la crédibilité des futurs Conseils Départementaux. Elle risque d’être bien basse !
La campagne électorale des élections cantonales ressemble en tous points à un « accompagnement d’institution en fin de vie », ce processus médical qui ne laisse plus ni espoir ni illusions au patient. Le clanisme a perverti le concept « d’élu de proximité », et ainsi sapé par le bas la crédibilité démocratique du scrutin à venir, et la décision d’instituer une Collectivité Unique de Corse a donné le coup de grâce à des Conseils départementaux dont l’utilité politique n’est ressentie par plus personne ou presque. Ce qui pourrait bien conduire à une faible participation, malgré les efforts de Corse matin qui leur consacre une place considérable dans ses éditions quotidiennes.
D’une façon générale les électeurs nationalistes ne se sentiront guère engagés par ce scrutin. Ils ont souhaité depuis toujours la suppression des Conseils Généraux, et ils se sentent peu concernés par ces élections, à moins de se trouver eux-mêmes aspirés dans le campanilisme ambiant. Cela a pu être le cas, fut un temps, mais pour des raisons objectives – des cantons plus grands et donc une moindre proximité -, et politiques – qui s’intéresserait à une institution que l’on a décrié toute sa vie alors même qu’elle est enfin promise à la disparition ?-, cela sera très peu souvent le cas les 22 et 29 mars prochains.
Certains ont été tentés pour entrer en lice. Corsica Lìbera présente plusieurs « doublettes », occupant le terrain dans une moitié environ des cantons ; à Bastia, l’alliance municipale a souhaité se prolonger dans les cantons urbains ; à Portivechju, la succession de Jean Christophe Angelini, Conseiller Général sortant, est représentée par Vincent Gambini et Jean Charles Lahlou.
Mais d’une façon générale ces candidatures ne trouveront guère de vents porteurs, pas plus d’ailleurs que celles issues des forces politiques traditionnelles. Les débats d’idées sont en panne, seules les « machines électorales » sont en marche, et les résultats seront surtout analysés pour en évaluer la vitalité avant les territoriales.
Ces élections départementales sont en fait assez typiques d’une Corse qui marche à reculons. On vient à peine de tracer des perspectives d’avenir un peu nouvelles avec la décision d’instaurer la Collectivité Unique, et on enferme dans le même temps les électeurs dans un cadre étroit et révolu. Assurément, le débat politique n’y gagne ni en transparence ni en plus-value démocratique.
Au soir du 29 mars, tout le monde sera pressé de passer enfin à autre chose !