« On ne construit pas une société forte sur des choix mous ». – Alain Madelin.Les dernières élections municipales d’Aiacciu ont été riches d’enseignements. Les séparations et les recompositions, si elles n’ont pas permis à M. Renucci de se faire élire à nouveau maire, ont toutefois donné une image de la réalité du camp dit « évolutionniste » et aussi du mouvement national. Une image intéressante à bien des égards qui doit nous amener à analyser les sinuosités de quelques – uns selon qu’ils se situent sur notre commune, ou sur celle de la capitale… Une situation qui tout autant peut concourir à dégager de nouvelles perspectives politiques dans un proche avenir.
DE LA MARTINGALE BASTIAISE…
Paul Antoine Luciani, dans un texte en date du 29 janvier 2015, avait donné son appréciation de la démarche électorale « Unis pour Ajaccio, uniti pa’ l’avvena ». Outre le fait qu’il explique les conditions d’entente du 2ème tour, il les démarque tout autant du contexte municipal bastiais, en distinguant particulièrement l’U.M.P. : « C’est la conception de l’intérêt général qui anime notre équipe qui nous a conduits à élargir notre rassemblement et à proposer à toutes les listes opposées à l’UMP et à ses comparses, de nous rejoindre autour d’un pacte municipal novateur. » II désigne ce contexte comme une « martingale ». Cette dernière dénomination – peu vertueuse – est d’autant plus facilitée que « Femu a corsica » à Aiacciu ne rejoindra ni même n’appellera à voter la liste conduite par M. Renucci après le 1er tour. Pour autant ce distinguo est contestable, particulièrement lorsque on aborde la dernière situation municipale porto – vecchiaise… En effet, il m’est aisé de rappeler que dans ce cadre, le « PCF – FG » a refusé les propositions de « U Riacquistu » pour une audacieuse alliance, s’accommodant d’une mise à l’écart de ce dernier pour un fragmentaire assemblage avec « Portivecchju Altrimenti ». Un bric à brac prévisible, critiqué en son temps par l’auteur de ces lignes, et confirmé depuis par la réalité des résultats électoraux de la cité du sel…
…AU BRIC A BRAC PORTO VECCHIAIS…
Ce bric à brac porto vecchiais met en relief l’illisible réalité de ces contorsions politiques car qu’est ce qui peut bien différencier – compte tenu de la réalité des forces en présence – les communes porto – vecchiaises et ajacciennes ? Cela suppose pour la mouvance « P.C.F. – F.G. » d’un affaiblissement idéologique au profit d’une logique opportuniste, et pour le mouvement national, des rapports traditionnellement instables entre certaines organisations patriotiques. Ce qui donne aussi une toute autre lecture du camp dit « évolutionniste », terme à la mode en ce moment, mais qui s’avère inexact si l’on approfondit les concepts respectifs des formations politiques concernées et portant sur l’avenir de la Corse. Quoi qu’il en soit, la politique d’isolement des courants patriotiques se reconnaissant dans la libération nationale et l’émancipation sociale a échoué. Elle met également en évidence les contradictions internes qui animent ces quelques planificateurs du confinement – aux effets limités – parce qu’ils en payent – ou en payeront – eux aussi les conséquences…
NOUVELLES PERSPECTIVES NATIONALES
Dans leur globalité, ces élections municipales participent à nourrir de nouvelles perspectives. Particulièrement par la mise en place de nouvelles convergences entre certaines sensibilités progressistes et patriotiques. Et notamment par le développement d’une approche de la Corse beaucoup plus sociale, situant l’intérêt commun au coeur d’un projet d’avenir. Dans l’environnement institutionnel domestiqué par l’Etat français, et qui isole la collectivité unique des revendications actuelles pour une solution politique à la question Nationale corse, situer l’ affranchissement social comme l’un des points essentiels de notre philosophie libératrice revêt toute son importance. Il reste, toutefois que bien des débats doivent continuer pour aboutir. Spécifiquement au sein du mouvement national par rapport au choix sociétal. On ne peut décemment se séparer d’un ordre établi sans en révolutionner sa nature par la mise en place de nouveaux rapports en matière d’émancipation et de démocratie.La distinction ne peut pas seulement se cantonner entre indépendantistes et autonomistes. La différenciation ne doit plus non plus porter sur qui est politiquement solidaire – ou pas – de l’action armée. la récente démilitarisation annoncée par un communiqué du « FLNC – UC » peut permettre d’approfondir et de transcender les précédentes diversifications pour une nouvelle offre sociétale, résolument populaire. A condition bien sûr de la vouloir, et de s’exempter de tous ces écueils qui ont fragilisés le mouvement national.
LE TEMPS EST TOUJOURS A LA LUTTE !
En l’état, si bien des choses restent à faire, rien ne doit pour autant demeurer figé. D’autant plus que la nature – coloniale – de l’Etat français n’a assurément pas changé. L’actualité est là pour rappeler que face aux aspirations d’apaisement politique, la répression s’affirme comme la seule et inadéquate réponse… Dans cette conjoncture deux initiatives paraissent intéressantes et demandent à être soutenues. La première est la saisine – commune – formulée il y a peu par Jean-Charles Orsucci (maire de Bunifaziu), Ghjuvan’Guidu Talamoni (élu Corsica Libera à la Collectivité Territoriale de Corse) et Jean-Baptiste luccioni (maire de Petrusedda) envers l’actuel président français pour ouvrir une nouvelle phase de discussion afin de faire « sauter les points bloquants ». La seconde est la réactivation du collectif « Simu di stu paese »; espace susceptible de permettre les mobilisations populaires face à l’intransigeance du gouvernement français.
N’oublions jamais que l’outrecuidance autoritaire française ne cède que sous les rapports de force populaires.
Ulivieru Sauli