(RIBOMBU) Pedicroce, Castagniccia, canton d’Orezza, 127 habitants. Sa châtaigneraie, ses bars, sa place, sa sérénité, son école, sa gendarmerie. La Corse profonde, là où bat encore l’âme rurale de notre pays, là où vivent encore nos traditions et notre langue. L’école de Pedicroce est bilingue français/corse, évidemment. Et visiblement, cela ne plaît pas à tout le monde
Devinez, dans l’énuméré ci-dessus, quelle composante de ce charmant village proteste contre l’équité entre les deux langues à l’école. Bien joué, il s’agit de la gendarmerie. Ce n’était pas très difficile, il faut avouer. Lorsque la fille d’un gendarme arrive à la maison avec un mot en corse sur son carnet, écrit par l’institutrice bilingue de l’école, cela donne lieu à des réactions d’un temps que l’on croyait révolu.
« Suite à nos différentes conversations, vous avez bien compris que moi et mon mari ne parlions pas du tout le corse. Vous m’aviez répondu que les documents que vous me donneriez seraient en FRANCAIS ». La majuscule méprisante, colon jusqu’au bout. Sauf que la petite fille en question, qui, elle, bénéficie d’un enseignement où corse et français sont à parité depuis des années, parle parfaitement la langue corse, et traduit sans aucun problème les mots en corse à ses parents, comme le signale l’institutrice dans sa réponse.
Alors, quel est le véritable problème ? Cela irrite les gendarmes que leurs enfants apprennent une autre langue que celle de leur République soi-disant indivisible ? Peu importe. Quì, simu in Corsica, è si parla u corsu.
Si vous allez en Lettonie, allez-vous rouspéter parce que vos gnards apprennent le letton ? Non ? Et bien ici c’est pareil. Une fois que vous vous serez mis en tête que NON, malgré votre uniforme, et vos casernes, ici vous n’êtes pas en France, vous n’êtes pas chez vous, tout ira mieux.
Pour conclure, je citerai un grand philosophe du début de ce siècle qui avait déclaré à Luri, en 2003 : « Les gendarmes ne sont pas ici chez eux, on les tolère ». Ch’ella sia detta.