(RIBOMBU) Mentre chì tutti i media spagnulisti aspittavanu una participazione debbulissima, i Catalani anu vutatu à più di dui millioni per a cunsultazione di u 9 di nuvembre nant’à l’indipendenza. Più d’80% si sò sprimati per u « sì/sì ». Iè à un statu Catalanu, iè à un statu indipendente. Un schjaffu maiò per Madrid è una sicurezza oramai scritta in u marmuru democraticu : a Catalogna corre in furia versu a so libertà.
Une démonstration démocratique, une gifle, une secousse, un élan populaire : les mots ne manquent pas pour qualifier la consultation du 9 novembre dernier en Catalogne. Ce scrutin considéré comme « illégal » par Madrid a été organisé avec force défiance et détermination par la Generalitat, la communauté autonome de Catalogne. Et les résultats ont dépassé les espérances : 2.3 millions de votants, presque 40% du corps électoral catalan. 40 000 volontaires bénévoles (l’équivalent de la population de Bastia) ont organisé, aux quatre coins du pays, ce scrutin dont la délégation de Corsica Libera présente le jour du vote à Barcelone a pu constater le caractère appliqué, impartial, consciencieux et professionnel.
Ce vote était annoncé en décembre 2013 à travers une conférence au Palau de la Generalitat rassemblant les principales forces politiques de la nation catalane, à savoir la CDC et l’UDC (centre droit), ERC (gauche), l’ICV et l’EUiA (gauche écologiste) et la CUP (extrême gauche). Depuis, l’Espagne n’a cessé de mettre le doigt sur le caractère illégal d’une telle consultation officielle. Cela n’a pas empêché la Generalitat d’organiser malgré tous les obstacles madrilènes une consultation populaire d’ampleur, bien que sans valeur officielle.
Dans la sérénité, et avec la force d’une nation qui se sait unie, puissante, et mue par une volonté commune de liberté, la Catalogne a dit oui.
Un scrutin placé sous le signe de la rigueur
Armés d’une patience sans faille, d’une logistique parfaite et d’un logiciel de pointe qui reliait tous les ordinateurs des bureaux de vote entre eux pour centraliser les données, les 40 000 bénévoles ont agi avec un sérieux très… Catalan. En effet, à aucun moment le visiteur non-averti ne pouvait croire qu’il ne s’agissait pas d’un vote de nature officielle. Listes d’électeurs mises à jour, scrutin contrôlé au millimètre, horaires respectés à la minute près, aucune possibilité de double vote ou de fraude…
Les délégations étrangères d’observateurs internationaux, parmi lesquelles se trouvait celle de Corsica Libera, ont pu apprécier l’application et le professionnalisme du peuple catalan dans cette consultation. C’est ce sérieux qui a fait la réussite du vote : personne n’a pu mettre en doute la véracité de l’expression populaire qui en est ressortie. Et quelle expression : 2,3M d’électeurs, entre 36 et 42% du corps électoral catalan selon les calculs. Il s’agit d’une participation incroyable pour un scrutin présenté pendant des semaines comme illégal, et qui a perdu son caractère opposable quelques semaines avant la date fatidique.
Qu’à cela ne tienne, les files d’attente étaient interminables à l’entrée des bureaux de vote, jusqu’à cent cinquante mètres de queue devant certains bâtiments hôtes de cette consultation à Barcelone. Le caractère irréprochable du déroulement du vote ainsi que l’incroyable participation ont donné un aspect bien plus concret à la décision qui est ressortie des urnes : avec ou sans l’aval de Madrid, le monde connaît désormais l’avis des Catalans sur leur destin politique. C’est l’indépendance qu’ils désirent, et plus personne ne peut le contredire.
Les aigris du dimanche confortent le peuple dans son choix
Evidemment, cette démonstration de force a fait des grincheux. En Espagne tout d’abord, où les quotidiens nationaux (La Razon, El Pais…) n’ont pas hésité à faire preuve d’une mauvaise foi à toute épreuve pour discréditer le vote. Illégal, corrompu, non-représentatif, les héritiers de la presse franquiste n’ont pas manqué de qualificatifs pour montrer leur désapprobation quant à la décision démocratique du peuple catalan. A grands coups d’éditos fielleux, de chiffres trafiqués et de lectures très approximatives des résultats, ceux qui ont tenté de jeter l’opprobre sur le 9N n’ont fait que se couvrir de ridicule aux yeux du monde.
Une aigreur relayée dans certains médias européens idéologiquement proche du camp rétrograde espagnol, comme en France ou en Angleterre, où certains craignent également -à raison- le séparatisme grandissant de ce qu’ils appellent « régions à forte identité » qui ne sont autre que des colonies ou des nations sans Etat.
En Catalogne aussi, quelques marginaux phalangistes ont décidé de mettre à mal la bonne tenue du vote. On a noté dans la capitale Catalane des actes de vandalisme dans certains bureaux de vote de la part de groupes d’extrême droite. Citoyens bousculés, urnes renversées, il s’agit peut-être du cri de désespoir d’une frange devenue ultra minoritaire. Là encore, cette aigreur exacerbée n’a fait que servir la cause indépendantiste, portée par un peuple serein et sûr de lui. Les fauteurs de trouble ont été arrêtés, et placés immédiatement en garde à vue, sans clémence aucune de la part des policiers locaux.
Du flic à l’immigré, en passant par l’Espagnol : tous pour l’indépendance !
Car en Catalogne, même les forces de police sont indépendantistes. Il existe d’ailleurs un groupement de policiers pour l’indépendance, les « mossos per la independència ». Traduisez, « i flicchi per l’indipendenza ». Surprenant vu de Corse, mais pas du tout lorsque l’on se place du point de vue catalan. En effet, l’identité catalane, sa revendication et la volonté d’émancipation populaire ont traversé toutes les couches de la population.
L’indépendantisme catalan n’est pas celui d’une classe sociale, d’une tranche d’âge ou d’une couleur de peau. C’est celui d’un peuple uni par la terre qu’il habite, par la langue qu’il parle et par le destin qu’il désire pour son pays. Tout habitant de la Catalogne peut être indépendantiste. L’association « Sumate » (« affaccati ») en est la preuve ultime. Il s’agit d’un groupe d’Espagnols, hispanophones, revendiquant leurs racines castillanes, qui habitent en Catalogne et militent pour son indépendance.
Imaginons nous un seul instant une association de français de Corse militant pour notre indépendance ? Cela paraît être un fantasme irréalisable, tant les intérêts de nos communautés respectives divergent. Pourtant, de l’autre côté de la Méditerranée, cela fonctionne. Les Catalans ont réussi un pari : celui de la communauté de destin.
Un vote loin d’être seulement économique
Oui, la Catalogne indépendante serait une grande puissance européenne. Oui, l’Espagne tire la Catalogne vers le bas. Oui, une Catalogne indépendante serait plus riche qu’au sein du giron espagnol. Oui, la Catalogne paye en quelque sorte la dette madrilène. Et pourtant, les arguments de campagne du 9N en faveur de l’indépendance n’étaient pas basés essentiellement sur l’économie. Il aurait été facile de surfer sur l’opposition des communautés, en disant aux Catalans « n’en avez-vous pas marre de payer des impôts pour les autres ? ».
Mais la revendication indépendantiste de ce pays est plus forte qu’une simple conjoncture économique. Elle se base sur tout un ensemble de critères qui dépassent largement le cadre financier. Les Catalans ont une conscience nationale, ils savent qu’ils sont Nation. Leur langue, leur culture, leur histoire, leur destin commun sont autant d’éléments qui servent de base à une volonté d’émancipation impossible à arrêter. L’aspect économique est important, certes, car il a certainement servi de déclencheur au raz-de-marée indépendantiste qui a déferlé sur la Generalitat ces dernières années.
Mais sans fond historique, culturel et politique, l’économie n’est rien. La Catalogne n’est pas un fantasme, elle est une réalité, et c’est le sens de la démarche séparatiste confirmée par l’élan populaire du 9 novembre dernier. Maintenant, reste à attendre les élections plébiscitaires que préparent les élus de la Generalitat, et peut-être, pour les mois à venir, la déclaration unilatérale d’indépendance. Un exemple pour toute l’Europe des peuples, et un espoir immense pour tous ceux qui veulent recouvrir leur liberté.
Maxime Poli