Corse – « Si proches, si loin »

Cofondateur du mouvement Corsica Libéra représenté à l’Assemblée de Corse depuis 2010, Pierre Poggioli est une figure historique du nationalisme corse. Il a connu les combats clandestins, et les a racontés dans son ouvrage « FLNC, années 70 » (1).

Mais aujourd’hui, à 61 ans, le porte-parole de Corsica Libéra n’est plus clandestin. Il n’est plus même persona non grata à l’université. « J’ai passé une maîtrise de droit à l’université de Nice en 1975. J’ai été exclu pour cause de militantisme par un conseil de discipline de Paris. J’ai fait appel. » Le jour de l’appel, il était en cavale. Il s’était dit qu’un jour, il reprendrait le fil de cette histoire, et ses études.

Matériau souterrain

En juin dernier, le militant a été fait docteur en sciences politiques à l’université Paul-Cézanne d’Aix-en-Provence pour sa thèse : « IRA (Irlande), ETA (Pays basque), FLNC (Corse) : analyse comparative ». Une première. « Il y avait des études sur un territoire, ou deux, mais jamais sur les trois de façon comparée », assure le docteur en sciences-po frais émoulu.

Pendant trois ans et demi de recherches, Pierre Poggioli a dû changer de posture, « s’extraire du statut de militant ». Il a tout de même utilisé son réseau, pour contacter les témoins, nombreux. « Beaucoup n’ont pas voulu que je les cite, que je les enregistre ». Ce matériau souterrain lui a tout de même permis d’avancer…

Le chercheur a fait sept voyages au Pays basque, et rencontré une cinquantaine de personnes. Dont Philippe Bidart (Iparretarrak) entré dans la clandestinité en 1982, ou encore Gabi Mouesca, issu de la même organisation séparatiste militaire, encore inéligible aujourd’hui. Au Pays basque français, il a rencontré les responsables d’Abertzaleen Batasuna (AB).

Le terrain a mis à mal ce qui aurait pu être un postulat. « On peut être dans l’idée que ces trois luttes (NDLR : IRA, ETA et FLNC) se ressemblent, car elles présentent beaucoup de similitudes dans les années 1970. Ce qui rapproche la Corse et l’Irlande est leur insularité. Le Pays basque est lui à cheval sur deux États. Mais quand on gratte, on s’aperçoit que ces trois contestations sont portées par des histoires influençant les moyens d’actions. » Les origines du FLNC sont récentes, explique t-il, alors que l’IRA puise les siennes début XXe.

Dimension ouvrière

Pierre Poggioli souligne les racines d’ETA dans le Pays basque espagnol industriel, dont Bilbao, et sa dimension ouvrière. Le chercheur a traité « de l’importance et des conséquences du Franquisme, et de la transition avec les répercussions suscitées au sein de l’organisation clandestine ETA ». Pour la partie française du Pays basque, il a étudié « la création de l’organisation clandestine Iparretarrak », ses activités et ses évolutions.

Les formes d’actions armées sont également distinctes selon les mouvements, écrit-il. « Après la chute du Franquisme, on a assisté à une guérilla urbaine assez intense, et à des attentats de plus en plus sophistiqués et meurtriers au Pays basque espagnol. » En Corse, il s’agissait de « propagande armée », nettement moins meurtrière, et en Irlande, « une version armée à l’état pur, avec occupation de positions. Mais dans les années 70, la lutte a évolué vers une guérilla rurale, puis urbaine, se rapprochant ainsi de la lutte basque ».

La conclusion du militant est optimiste. Les résultats électoraux de la coalition Bildu au Pays basque espagnol. « Pour construire, il faudra solutionner ces formes de lutte au niveau européen, et sortir ces trois territoires par le haut. » La thèse de Pierre Poggioli est chez un éditeur du Pays basque espagnol, pour publication dans sa version condensée.

(1) Éditions DCL (juillet 2006).

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