Le magazine Capital consacre, dans son numéro du mois d’octobre, un dossier sur les « privilégiés de la République », à savoir les agents EDF, les notaires, les pilotes d’Air France, les cheminots, les sénateurs et… les Corses !!! Car, bien entendu, la Corse et les Corses coûtent cher à l’Etat et au contribuable français. Il fallait bien dénoncer cela et rétablir certaines vérités, quitte à vexer les Corses, si réputés pour leur caractère susceptible (avons-le, nous sommes vraiment très susceptibles).
Si l’enquête du magazine s’attaque à certaines professions (citées ci-dessus), la Corse est la seule région visée dans cette dernière. Comme si « la Corse » ou « les Corses » étaient devenus des noms communs. Pour commencer, le journaliste remercie ironiquement l’Ajaccien Bonaparte, qui voici deux siècles de cela, a accordé des privilèges fiscaux, qui correspondent aujourd’hui à près de 400 millions d’euros, tous les ans, sur le budget de l’Etat. Ensuite, ce dernier fustige certaines TVA, 10% au lieu de 20% sur la majorité des biens et services, évoquant au passage le prix du paquet de cigarettes, les produits de premières nécessités, comme les produits alimentaires. Cela représenterait un cadeau fiscal de 225 millions d’euros par an. Tout le monde sait en Corse, que chez nous, les prix sont très attractifs. Nous serions vraiment de mauvaise foi pour dire et penser le contraire.
Forcément, dans cette enquête, il fallait bien parler de l’Arrêté Miot. Nous devrions plutôt dire, « l’odieux Arrêté Miot ». Celui-là même qui a permis, pendant des siècles, aux Corses d’échapper à l’impôt sur les successions, à nos bergers de s’enrichir grassement et à nos pêcheurs de s’offrir des villas luxueuses à Cavallo, Porto-Vecchio et à Calvi. L’indivision, en Corse, est une vue de l’esprit. En fait, nous sommes des escrocs ! C’est évident !
Mais l’article va plus loin. Quitte à y aller avec les deux mains et les deux pieds, allons-y jusqu’au bout ! Le magazine explique enfin que pour doper l’économie insulaire, les gouvernements successifs « ont empilé les avantages fiscaux aux entreprises locales : exonération d’impôt sur les bénéfices et les sociétés, taxes sur le foncier non bâti, allègement des cotisations patronales. Tout cela sans effet sur l’emploi et le développement ». Cela représente, là encore, 48 millions d’euros environ.
Faisons le compte, toujours selon le magazine, les Corses coûtent, de ce fait, 12 euros par ménage français. Avouons qu’à la lecture de ces chiffres monte comme une certaine honte d’être ce que nous sommes… Le « Corse » coûte 12 euros par an par ménage français. Heureusement que c’est écrit noir sur blanc, et sans vergogne en plus, parce que sinon nous ne l’aurions pas cru !
Cette enquête nous permet de comprendre pourquoi il n’existe, en Corse, aucun problème de droits successions, d’indivision, de chômage, de misère sociale, de cherté de la vie… Chacun sait que les Corses ne paient pas d’impôts sur le revenu, ni de taxes, ni de redevances. Il ne manquerait plus que ça ! Car nous le savons tous, même si notre omerta traditionnelle et ancestrale nous empêche de l’affirmer publiquement, nos entreprises réalisent des bénéfices exceptionnels au point qu’elles ne connaissent pas la crise. Comme chacun sait, nos multinationales corses ont envahi le monde, avec le financement opaque du milieu et des méchants indépendantistes, grâce à l’exportation massive de châtaignes, de figatellu et d’acqua vita. Et le tout, en profitant des largesses fiscales de l’Etat français et du soutien appuyé des différents gouvernements, de gauche ou de droite. Honte à nous ! Vergogna à noi !
Cela explique enfin pourquoi les Corses fument tant et boivent tant. Imaginez, si nous autres les Corses, n’étions pas aussi fainéants, nous serions vraiment les rois du pétrole !
(Frédéric Bertocchini – Alta Frequenza)