Portivecchju a été, il y a peu, à l’initiative de notre sympathique abbé Constant, l’objet d’un rassemblement réunissant toutes les confessions pour un moment de prière. Le but étant de rappeler que « la religion sait montrer les chemins de la paix ». En filigrane, la médiatisation de l’expansion de « l’Etat Islamique », la médiatisation de certaines de ses – atroces – exécutions…
Cette « expansion » – pour lointaine qu’elle puisse nous paraitre n’échappe pourtant pas au difficile exercice de géopolitique à laquelle nous devrions nous adonner pour un motif au moins essentiel : La Corse est en Méditerranée, là où après le golfe persique, l’Irak et la Syrie, ce mouvement étend son influence. L’autre critère est que l’Etat Français est entré en conflit – direct – dans le cadre d’une coalition internationale (particulièrement menée par les Etats Unis), contre ces tenants d’un califat commandé par le mystérieux « Abou Bakr al-Baghdadi ».
Nous ne pouvons faire l’économie d’une analyse rationnelle sur les réalités de cet expansionnisme dangereux qui dépasse désormais les seules frontières imposées de l’Irak et de la Syrie et qui aujourd’hui, s’affiche ostensiblement aux frontières turques, en y ciblant plus particulièrement le peuple kurde… L’Etat Islamique est une des inévitables conséquences des guerres interventionnistes américaines et occidentales. Il s’inscrit en défaut des frontières de « Sykes – Picot » de 1916 (accords franco – britanniques qui ont démantelé l’empire ottoman), et se déclare « universel » selon la logique du califat qui s’appuie avant tout sur la « communauté des croyants ».
La coalition affichée contre l’Etat Islamique nourrit bien sur d’autres desseins que le seul prétendument affiché de le combattre. Elle s’inscrit dans une logique de redéploiement présentielle impérialiste au Proche et Moyen Orient, particulièrement en Syrie. Elle est d’ailleurs appuyée par des Etats – Qatar, Arabie Saoudite et Turquie – qui ne faisaient pourtant pas mystère de quelques – uns de leurs soutiens à l’organisation « Daesh »… en l’occurrence pour la Turquie, outre sa constante opposition au régime baathiste syrien, c’est aussi une occasion de reprendre la main sur l’implantation auto – organisationnelle du mouvement kurde, particulièrement dans la région dite de « Royava (kurdistan occidental) ou les Unités de Protection du Peuple (Y.P.G. lié au Parti des Travailleurs Kurdes – P.K.K.) assurent la résistance face aux « takfiris » de l’Etat Islamique…
Il ne faut point être dupe de constater l’instrumentalisation impérialiste de « Daesh »…
Il serait pour le moins intéressant que l’ensemble des mouvements patriotiques se positionnent tout autant sur ce sujet. Cela aura au moins le mérite de la clarté quant à la Corse que nous voulons au cœur de la Méditerranée, notre berceau naturel…
Mais revenons en Corse, et plus particulièrement à Portivechju. Je comprends que notre abbé Constant, dans le registre qui est le sien, au nom de cette « universelle diversité des confessions », prenne l’initiative de rassembler, dans les jardins du presbytère, les croyants de la commune. Son affichage, auprès de l’Imam Mohammed Aït Bella, est significatif. Pour autant, même si ce dernier défend un islam de tolérance et de paix, sa présence parait autant symptomatique d’une approche communautariste qui risque de se faire au détriment du Peuple Corse, seule communauté de droit sur cette terre.
Pas question ici de stigmatiser une quelconque présence « étrangère » ou « immigrée », ni une toute autre philosophie religieuse. Pas question aussi de faire l’autruche. Car la libre circulation des personne, la liberté de culte, ne peuvent normalement se concevoir ici sans la reconnaissance des droits de NOTRE peuple à reprendre sa naturelle souveraineté. Elles ne peuvent non plus se concevoir sans la nécessaire citoyenneté corse qui leur donnera toute leur place, sans ambiguïté aucune.
J’ai remarqué que certains journalistes décrivant cet œcuménique rassemblement ont pu noter dans leur article l’absence – ou la présence – de certains politiques. En l’occurrence il est opposé la non – présence du Maire et de son exécutif à la présence du conseiller général de Portivechju. Je pense honnêtement que les deux parties – mais d’autres encore – partagent certainement le fondement de l’initiative de l’abbé Constant. Mais l’apparent « éloignement » des évènements pour les uns, et l’électoralisme « communautarisé » pour les autres ont quelque peu brouillé la quintessence de l’inspiration philosophique et religieuse voulu pour ce rassemblement.
Pour ma part, je n’ai pu personnellement y assister. Je m’y serais rendu. Cette manifestation m’interpelle tout de même car je ne retrouve pas les assurances attendues à l’égard de mon peuple et de tous ses droits…
Au moment de finir cette rédaction, et au nom des peuples à disposer d’eux-mêmes, j’ai moi aussi une pensée pour les victimes de tous ces agissements sanglants nés dans la putrescence des agissements impérialistes, particulièrement pour cette jeune combattante membre des Unités de Protection du Peuple – kurde – (YPG), Dilar Gencxemis, qui dimanche, s’est donnée la mort en provoquant celle de dizaines de militants de l’Etat Islamique. Son martyr – du haut de ses 20 ans – nourrira l’aube nouvelle de tous ces peuples et nations encore méprisés de nos jours…
Arin Mirkan (Nom de guerre de Dilar Gencxemis), GLORIA A TE !!!
« La religion est le lieu où un peuple se donne la définition de ce qu’il tient pour le vrai. »
Friedrich Hegel
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