Il y a peu, U Riacquistu di Portivecchju a interpellé la majorité municipale avec une proposition : la mise en place d’une plate-forme extra-municipale sur des thèmes qui engagent l’avenir de notre communauté. Au moment où certains débats irriguent les institutions existantes, il serait pour le moins pitoyable sinon désastreux que la 3ème ville de Corse ne s’empare pas à son tour de ces thèmes qui intéressent fortement tant notre région que notre territoire corse.
Il est pour le moins regrettable que notre démarche n’ait pas obtenu (nous sommes passés si près…) d’élu(e)s. Parmi tous les éléments qui ont pu participés à son insuccès, il ne faut surtout pas relativiser ceux qui ont été mis en exergue dans notre dernière conférence de presse et qui mettent en lumière un contexte où L’absence d’un corps électoral corse, l’usage de 1200 procurations, les multiples promesses d’embauches, les chantages et les intimidations qui les ont suivis, les pressions à l’emploi et au logement, les manipulations sur un électorat communautarisé ont gravement entaché l’exercice du vote. Ils ont également altéré l’expression démocratique…
A l’évidence nous aurions immanquablement abordé ces points qui, à l’instar de toutes ces récentes résolutions municipales et territoriales, posent avec acuité la question de notre destin.
Il est tout autant déplorable que l’opposition pourtant représentée au conseil municipal – « Campà Altrimenti » – n’ait pris aucune initiative dans ce sens. Peut-être la nature fractionnée de ses composantes explique-t-elle ce manquement…
C’est à la lecture d’un tel constat que s’est imposée à nos yeux, dans le cadre communal, cette proposition qui parait certes limitée mais qui dépendra – en partie – de ce que fera – ou pas – la majorité en place. En l’occurrence Georges Mela n’a-t-il pas affirmé, il y a peu : « Plus de concertation sur les sujets qui engagent l’avenir du territoire. L’objectif est de permettre aux porto – vecchiais de participer et de s’exprimer directement sur un sujet important pour eux » (Paroles de Corse – juillet 2014). Qui plus est, on ne peut réduire la démocratie au seul résultat électoral du 30 mars 2014 : la démocratie suppose une traduction quotidienne et une participation du plus grand nombre.
Il ne s’agit pas ici de quémander on ne sait quel petit strapontin de circonstance, mais de revendiquer la mise ne place d’un espace auquel la majorité en place ne saurait se déroger sauf à esquisser sinon s’opposer aux débats fondamentaux pour la commune comme pour la Corse. Au demeurant il ne faut pas non plus perdre de vue que l’action municipale, dans une logique structurée, permet un engagement plus concret du militant, notamment pour sa dénonciation du clanisme, de la financiarisation du bien public, et du colonialisme, à partir de sa propre ville. Elle permet tout autant d’engager, de confronter, notre approche de la Corse avec d’autres.
Qui peut nier que les points suivants ne constituent pas des repères essentiels pour toutes celles et ceux qui aspirent au développement de la Corse, à son bien être comme à son épanouissement ? Ces points sont :
– La place de notre langue et de notre culture
– La question du foncier, et sa transmission familiale
– L’équilibre social, familial et identitaire
– Le développement urbain et des hameaux
– Le droit au logement et à la propriété
– La lutte contre l’isolement, l’exclusion et la précarité
– Le statut de résident et la citoyenneté
La balle est donc dans le camp de ceux qui détiennent cette majorité. De notre côté, notre disposition au débat et à l’échange ne souffre d’aucune faiblesse et n’a pour objectif que de faire comprendre par le plus grand nombre la validité de nos propositions. Autant prévenir que nous ne nous prêterons à aucune gesticulation alibi…
La conjoncture politique de la Corse permet d’aborder – dans une meilleure sérénité – le débat auquel nous aspirons. L’histoire jugera de la portée légitime prise par la direction actuelle du F.L.N.C.- U.C. d’une démilitarisation progressive. Mais à défaut d’acquis, ou d’avancée significative, la décision annoncée a le mérite d’instaurer – dans l’immédiat – un nouveau climat politique propice à bien des échanges, des regroupements et des repositionnements. Il serait pour le moins dommageable de ne pas saisir l’occasion présente pour enfin sortir du carcan de l’immobilisme et ancrer la Corse dans un processus évolutif.
Il appartient à la municipalité de mesurer les enjeux en cours. S’y soustraire n’engendrera que désordre et injustice. Le temps est plutôt au courage pour se mettre enfin à l’ouvrage et construire,ici à Portivecchju comme ailleurs en Corse ,ce qu’un responsable du Sein Fein ,Joe Austin a un jour dit : « La paix ce n’est pas l’absence de violence, mais l’élimination des raisons de violence ».
Ulivieru SAULI
« La vérité, c’est que nous avons été arrachés en masse à toute appartenance, que nous ne sommes plus de nulle part, et qu’il résulte de cela, en même temps qu’une inédite disposition au tourisme, une indéniable souffrance. » Comité invisible (L’insurrection qui vient).