Mobilisation Corsica Libera en septembre 2014 #YES

#corse « L’Ecosse, une pierre au milieu du chemin ? »

« La comparaison semble osée pour certains mais le fait de rapprocher l’Écosse de la Corse nous permet de mieux comprendre les ressemblances comme les différences des mécanismes psychologiques, politiques et sociaux qui traversent l’opinion en Europe.

L’État-nation a été longtemps perçu comme le seul à même de protéger et d’émanciper. Il tenait lieu d’instituteur, de directeur, de médecin. Depuis 40 ans, les revendications nationalitaires ringardisées par les Etats à des relents folkloriques ont obtenu des résultats électoraux d’estime, parfois même des victoires. Leur programme économique et social, moins étoffé, laissait sceptique quant au bienfait de l’accession à l’indépendance, au nom d’une langue ou de coutumes différentes. Et puis après tout, en vertu de quels principes des droits culturels ne pourraient-ils pas être reconnus sur un territoire ou bien auprès d’une population donnée tout en demeurant dans un ensemble politique plus large ? Progressivement, de nombreuses régions ont obtenu des statuts d’autonomie et l’Écosse a retrouvé son Parlement en 1998. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Scottish-referendum-yes-v-014

Photos de la mobilisation (140)

L’inversion de la rhétorique libérale

Quelques années plus tard, il est devenu anachronique de réduire l’indépendantisme à un nationalisme des petits contre un nationalisme des grands. Paradoxalement, c’est peut-être la Dame de fer qui, en conduisant au démantèlement de l’État providence, a amené les nations du Royaume-uni à envisager d’autres formes d’organisation institutionnelle, parmi lesquelles l’indépendance. L’aveu de François Fillon prononcé en Corse face à des agriculteurs en difficulté: « La France est un pays en faillite », n’est à cet égard pas anodin et vient même corroborer l’extension de l’analyse. Alors même que les régions périphériques sont en droit d’attendre une plus juste répartition des ressources nationales dont elles ont été privées par la construction d’un centre puissant, la vampirisation se poursuit, le déséquilibre aussi, le retard s’accroit, même sous l’effet d’un PEI et des aides européennes.

Un indépendantisme aux valeurs sociales

Vision héritée d’un après-guerre glorieux, lorsque l’on pense aujourd’hui à l’État, on sous-entend « État providence ». Celui qui saura faire prospérer les richesses et les répartir équitablement sur le territoire. Donc si la fonction des institutions est bel et bien de protéger les plus faibles plutôt que d’exister pour elles-mêmes, des évolutions apparaissent nécessaires. La question de la gouvernance a pris le pas sur la posture historique légitimiste. La défense du modèle historique n’était pas du côté de William Wallace mais du côté de la Reine d’Angleterre. On assiste à un transfert des pouvoirs à la fois sous la pression du fait démocratique et sous la pression de la rhétorique libérale reprise à leur compte par les plus faibles à l’égard de l’État central : réforme territoriale en France et négociations pour une seconde étape de la dévolution au Royaume-Uni. Les discours politiques relevant du management et des théories de la performance formulés dans les années 1980 au sujet des mineurs et des industries écossaises se retournent aujourd’hui contre l’Etat. Selon l’économiste Thomas Piketty, en organisant la dérégulation ses politiques accroissent les inégalités. Or l’attente sociale est très forte. Hausse du chômage, difficulté de logement, les demandes demeurent sans réponse.  « Trainspotting », pendant du film « Les Apaches » de Thierry de Peretti, a remis le social au cœur du programme indépendantiste écossais dans les années 1990. Le Scottish National Party opère sa mutation vers un socle politique socio-économique plus étayé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la société civile y associe désormais la défense de l’Etat-providence avec l’accession à l’indépendance.

Les représentations négatives de soi

Cependant un autre sentiment partagé par les Écossais comme par les Corses, c’est qu’au-delà de la fierté culturelle, dès que l’on aborde la question de l’être politique, le premier est prompt à reconnaître la légitimité du second et inversement. Pourtant, ce discours s’accompagne bien vite d’une comparaison négative avec soi-même. Le doute existentiel quant au visage de l’Europe traverse tous les courants d’opinion. On a pu ainsi observer chez les partisans du « non » en Écosse, des mines sidérées du fait que la Corse ne soit pas en voie d’accession à l’indépendance : « Nous avons du pétrole mais les stocks sont limités. Vous avez du soleil. Cette énergie là est inépuisable. Vous en avez pour des milliers d’années ! ». Inversement, on a l’impression que si les Corses avaient pu voter, ils auraient donné leurs suffrages pour une Écosse indépendante : « Leur nation est reconnue, même dans les milieux sportifs. Ils ont du pétrole. Nous n’avons que des châtaignes ».

La victoire électorale du « no » ne change pas la donne. L’élan générationnel et politique visible à Edinburgh comme dans les conversations avec les Écossais montre qu’une nouvelle Europe se dessine, en lutte avec les sentiments humains les plus enfouis. Les Lumières du siècle de Kant et de Paoli nous le rappellent : « après avoir rendu tout d’abord stupide leur bétail domestique, et soigneusement pris garde que ces paisibles créatures ne puissent oser faire le moindre pas hors du parc où ils les ont enfermées, ils leur montrent ensuite le danger qu’il y aurait à essayer de marcher tout seul. Or le danger n’est sans doute pas si grand que cela, étant donné que quelques chutes finiraient bien par leur apprendre à marcher ». Le camp de la peur a gagné. D’autres matchs se jouent ailleurs. Il faudra courir plus vite ! »

 Source BLOG CORSICA

Citation extraite de l’ouvrage « Qu’est-ce que les Lumières? » d’Emmanuel Kant, 1784.

. . A l'accorta annant'à Google Infurmazione For Latest Updates Follow us on Google News Nos dernière informations sur Google Actus

Produit CORSU E RIBELLU

bandeauribelluteeshirt (1)

Produits à partir de 13e

error: