#Corse « Semaine catalane, référendum écossais : L’Etat-nation, une étoile morte ? »

Le 18 septembre 2014 se tiendra le référendum d’autodétermination de l’Ecosse et je serai présent à Edimbourg avec l’importante délégation de l’ALE pour assister à ce moment historique. De Catalogne, de Flandre, de Galice, du Pays Basque, de Frise… de nombreux partis membres de l’ALE ont fait le déplacement pour apporter leur soutien au Scottish National Party, également membre de l’ALE. De Corse aussi. Le PNC est un membre fondateur. Et c’est une délégation de Femu a Corsica qui sera présente avec moi, conduite notamment par Jean Christophe Angelini et Gilles Simeoni.

Ce vote sera l’acte premier d’une nouvelle vision de l’avenir de l’Europe.

femuPNCorsicaALEL’emballement médiatique des dernières semaines de campagne témoigne de la force du courant d’opinion écossais en faveur de l’indépendance. Le renversement des sondages en faveur du oui a pris de court l’establishment médiatique et politique, à Londres, Paris et Bruxelles, jusque là certain d’une large avance du non. Du côté de l’ordre établi, toutes les forces sont jetées dans la bataille pour endiguer la progression du oui, et chacun s’attend à un score extrêmement serré. Après un scrutin qui sera clos à 22 heures, la nuit écossaise sera longue, au rythme d’un dépouillement dont les résultats ne sont attendus qu’au petit matin.

Mais l’Ecosse n’est pas un phénomène isolé. La Diada du 11 septembre 2014 à Barcelone restera dans l’Histoire comme la plus importante manifestation politique européenne des cinquante dernières années. Même avec quarante ans d’expérience et la participation à des centaines de manifestations sur toutes sortes de sujets, je n’imaginais pas possible un tel degré de participation et d’organisation. Les images parlent d’elles-mêmes d’une foule de presque deux millions de personnes qui a reproduit sur les onze kilomètres des deux principales artères de Barcelone, en forme de V, les couleurs du drapeau national catalan, cinq bandes jaunes et quatre bandes rouges.

Pour ordonner cette foule de manifestants tous vêtus des tee-shirts rouges et jaunes, et la répartir tout au long des deux avenues, les organisateurs ont développé des trésors d’imagination. Tout d’abord un tiers des manifestants se sont pré-inscrits par internet et se sont vus assigner un secteur de manifestation à gagner par une rue adjacente, et, bien sûr une couleur de tee-shirt. Dans chaque rue adjacente, les volontaires organisaient des bureaux d’enregistrement contrôlant les arrivées de manifestants et les informant de la façon de structurer le cortège pour obtenir le résultat visuel escompté. Des milliers de volontaires étaient ainsi répartis tout au long des onze kilomètres, mettant en place les manifestants jusqu’à 17h14, heure retenue pour évoquer la date historique de 1714, le « Ponte Novu » des catalans face aux troupes franco-espagnoles de la dynastie des Bourbon.

Des centaines de milliers de poitrines reprennent alors l’hymne national catalan, emmenés par Lluis Llach, artiste emblématique de la résistance catalane sous le franquisme, et revendiquent la tenue du referendum d’autodétermination le 09 novembre prochain. La dissolution est tout aussi impressionnante que la formation de la manifestation, sans incidents, dans une ambiance exceptionnellement fraternelle de manifestants fiers d’avoir apporté leur pierre à la construction d’une Catalogne nouvelle.

scotlandcatalunyaAu vu de cette mobilisation catalane, le rapport de forces pour l’organisation du referendum du 9 novembre est désormais très favorable. Les partis catalans, sauf à se suicider politiquement, n’ont d’autre alternative que le bras de fer avec l’Etat espagnol. En effet, la Cour constitutionnelle espagnole a déclaré le referendum inconstitutionnel et le premier ministre espagnol a affirmé qu’il s’opposerait à sa tenue. Manifestement il aura toutes les peines du monde pour cela, et il semble même exclu qu’il y parvienne au vu de la force d’organisation et de mobilisation du mouvement catalan. L’édifice institutionnel de la « grande Espagne » risque alors de s’effondrer sous la pression de la foule et de sa mobilisation, exactement comme le mur de Berlin s’est effondré il y a vingt cinq ans.

Car l’Etat-nation espagnol est devenu une étoile morte, comme l’étaient devenus les régimes d’Europe de l’Est il y trois décennies. La crise économique a mis en évidence les limites structurelles de cet Etat unitaire incapable d’apporter des solutions aux difficultés économiques et aux attentes identitaires de ses concitoyens. Idem pour les Ecossais avec Londres dont les choix fondamentaux, que l’on veut leur imposer, sortie de l’Europe, politique sociale très dure, amènent à rejeter une tutelle qui a perdu toute légitimité.

L’Europe, si elle veut s’inscrire dans la durée à l’échelle de plusieurs générations, doit entrer dans une phase post-étatique au plan de ses institutions. Les Etats-nations du 19ème siècle sont désormais des étoiles mortes. Et les nations historiques d’Europe, en Ecosse, en Catalogne, mais aussi en Corse, développent des solidarités nouvelles qui régénèrent la vie démocratique et qui accélèrent cette évolution indispensable à l’approfondissement de la construction européenne.

François ALFONSI

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