C’est, semble-t-il, le mot à la mode dans la classe politique française. Le sens commun condamne la négligence qu’il peut éventuellement traiter de « coupable ».
La vie publique française nous permet ces jours-ci d’aller plus avant dans l’analyse de ce comportement, voire des conséquences à géométrie très variable qu’il peut avoir en termes de mise en cause de la responsabilité des « négligents ».
Le premier cas est la mise en examen de Madame Lagarde pour « négligence ».
Elle aurait, selon la Cour de Justice de la République « négligé » d’analyser suffisamment et personnellement le dossier de recours à l’arbitrage dans l’affaire Tapie car c’est, en définitive, tout ce qu’on a réussi à lui reprocher après quatre années d’investigations.
Le Fonds Monétaire International, pourtant très soucieux des questions d’éthique, n’a pas cru bon de sanctionner Madame Lagarde, considérant sans doute que la supposée « négligence » dont elle est aujourd’hui accusée, ne lui vaudra aucune condamnation.
En revanche, la négligence fiscale des députés ou de leur conjointe semble avoir des effets paradoxaux, en raison inverse de la gravité des faits et de leurs conséquences pénales et financières.
Ainsi la « négligence » de Thomas Thévenoud, il est vrai choquante et irresponsable, à déclarer ses revenus comme tout un chacun, entraîne une vague de réprobation à son encontre, bien qu’il ne fasse l’objet d’aucune mise en cause pénale, tandis que la puissance de cette vague est telle qu’elle emporte son épouse dont le contrat de chef de cabinet du président du Sénat et le salaire qui va avec est suspendu, et que lui-même est exclu de son parti et de son groupe.
Mais d’autres négligences fiscales semblent passer inaperçues tout en étant manifestement d’une nature et d’un montant beaucoup plus significatif.
Ainsi la négligence d’une épouse de député, il est vrai UMP, à déclarer la possession d’une somptueuse villa de vacances dans une île de rêve, bien que cette négligence ait entraîné une mise en examen et l’obligation de verser une caution pour échapper à la prison, ne suscite aucune demande de la classe politique d’avoir à démissionner de ses fonctions électives, tandis que la vague de réprobation est, dans ce cas, tellement faible qu’elle ne va pas jusqu’à entraîner une exclusion du mari, par ailleurs aujourd’hui poursuivi et lourdement condamné dans le passé, de son groupe ni de son parti politique…
Je suis très en colère contre les négligents qui font de la politique et qui devraient savoir que lorsqu’on exerce une fonction publique, on doit veiller à refuser les cadeaux personnels, sauf lorsqu’ils sont purement protocolaires et d’une valeur très réduite, on doit s’efforcer d’être totalement sincère et à jour de ses obligations fiscales, ce qui est la moindre des choses quand on vote l’imposition et enfin avoir une vie personnelle qui ne puisse susciter ni scandale, ni réprobation pénale.
Ne pas être négligent suppose beaucoup d’efforts, beaucoup d’attention et oblige à y consacrer pas mal de temps.
Ne pas être négligent ne vous garantit pas contre la rumeur ou la malveillance voire la manipulation mais donne tout de même une certaine tranquillité d’esprit et une capacité à répondre aux attaques.
Reste que le meilleur moyen de se prémunir contre la négligence serait effectivement la prévention qui pourrait consister, par exemple, à vérifier la situation fiscale d’ensemble de chaque élu important au moment de son entrée en fonction, voire de sa candidature.