Elus de gauche, de droite et indépendantistes étaient réunis, hier à la tribune des Ghjurnate di Corti pour rappeler, après l’initiative du FLNC que le temps de la maturité est venu. Celui des élections… approche.
La classe politique insulaire, dans sa grande majorité et au terme d’un travail commun appelle depuis plusieurs mois à l’évolution constitutionnelle.
Un pas vers plus d’autonomie, un peu moins loin de… Paris.
Du statut de résident à la langue corse, de la nécessité de protéger l’environnement, de développer l’économie d’une île classée parmi les régions les plus pauvres d’Europe, les élus sont d’accord.
La classe politique s’organise depuis 2010, à travers de longs débats, des discussions parfois menées rudement et les décisions successives adoptées par l’assemblée de Corse.
«Une démarche très courageuse»
Les Ghjurnate di Corti traditionnelles lieu de l’expression du mouvement nationaliste dont certaines éditions ont marqué l’histoire, s’inscrivaient hier dans cet état d’esprit. « Pour la première fois, les revendications portées par les nationalistes font leur chemin au sein de la société corse et sont reprises par d’autres »,souligne le conseiller territorial Jean-Guy Talamoni.
La Corse sur le chemin de la paix politique ? Les élus veulent y croire. Aux côtés des leaders de Corsica Libera siégeaient à la tribune hier, des personnalités politiques de gauche et de droite.
Ils ne campent plus sur leurs positions, leurs idées ou même leurs… fauteuils. Tous semblent désormais intégrer que les intérêts d’une île qui compte 300 000 habitants, ne sont finalement que les intérêts de chacun.
Et s’il restait des barrières à faire tomber, le FLNC par sa prise de position tant inattendue qu’historique du 25 juin dernier, s’en est chargé. « La démarche est très courageuse et sans préalable, souligne Emmanuelle de Gentili, responsable de la fédération socialiste de Haute-Corse et invitée des Ghjurnate. Il n’y a plus aucune raison de ne pas discuter de tout, tous ensemble ».
Pour le conseiller territorial, Pierre Ghionga, cette nouvelle orientation « ouvre des perspectives »tout comme pour Jean-Baptiste Luccioni, maire de Pietrosella, convaincu que « le débat est désormais politique ». Autre invité des 33e Ghjurnate, Jean-Martin Mondoloni, responsable d’une Nouvelle Corse, mouvement de droite, estime qu’il y a une « ingénierie de la paix » et qu’il faut s’attacher à la mettre en œuvre.
Le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci, reconnaît que la décision du FLNC de déposer les armes contribuera à « fédérer un maximum de progressistes ».Jean-Guy Talamoni estime pour sa part qu’il y a « aujourd’hui une autoroute pour l’ensemble des Corses qui veulent avancer ».
«Les élus ont compris qu’ils avaient des responsabilités»
Devant un parterre bien garni et très attentif, François Sargentini au nom de Corsica Libera explique : « Après 2010 et le vote à l’assemblée de Corse, il fallait sortir de la confrontation. Il nous appartient de donner plus de force au processus en cours. Les élus se sont rendu compte qu’ils avaient des responsabilités et il est temps de passer à une autre phase, démocratique. »
Des sujets qui fâchent, il en existe toujours mais la classe politique apparaît en mesure de les surmonter. Sur la table, les dossiers du statut de résident, de la langue corse, d’une fiscalité mieux adaptée, de l’économie pour permettre à la population active de trouver un emploi, font consensus.
De quelle manière les mettre en œuvre ? Il y a la réforme constitutionnelle sur laquelle les élus s’accordent à dire qu’elle réglera toutes les difficultés.
À plus brève échéance, il y a les élections territoriales de 2015. Jean-Charles Orsucci évoque son propre exemple, celui du maire de Bonifacio qui compte dans son équipe une première adjointe UMP et une militante de Corsica Libera : « Il y a un juste équilibre à trouver mais lorsque l’on s’entend sur un projet commun, c’est plus facile. Ce qui a été fait à l’échelon local peut être fait au niveau régional ».
«Les idées doivent passer avant les hommes»
Si les élus apparaissent capables de défendre devant la population corse, un projet de société, les modalités d’une telle mise en œuvre ne sont pas encore à l’ordre du jour.
Chacun demeure conscient et – cultive – tout de même sa différence. Corsica Libera milite quoi qu’il arrive pour l’indépendance mais rappelle que la construction politique à venir ne peut et ne doit pas se faire sans ses militants :« L’échiquier politique est en train de bouger mais nous avons toujours dit que les idées passent avant les hommes ou les postes. Nous sommes dans une approche dynamique et non statique. Nous avons un an et demi pour mener à terme toutes les discussions nécessaires, et faire en sorte que les élus travaillent ensemble »,note Jean-Guy Talamoni.
Entre les élections municipales qui ont secoué les lignes traditionnelles des partis, la prise de conscience de bâtir un projet de société pour la Corse et un gouvernement avec lequel il faudra encore négocier, il y a de quoi faire.
La classe politique insulaire atteindra-t-elle le degré de maturité nécessaire ? Hier pourtant, les représentants de Femu a Corsica étaient les grands absents de ces 33e Ghjurnate di Corti.
Les premières discussions à mener pour construire l’avenir de la Corse devront sans doute se faire, en premier lieu, au sein de la famille nationaliste.
[…] Retrouvez la suite de ce dossier dans Corse-Matin du 4 août
Ce weekend se sont déroulées les GHJURNATE INTERNAZIUNALE (dossier 33 ans), Lors du meeting de clôture Jean Guy Talamoni a annoncé la stratégie politique des mois à venir, ainsi que l’analyse du mouvement indépendantiste sur les mois passés (lien).
Vous trouverez sur ce lien les photos et les vidéos (lien), sur celui ci la conférence de presse de Corsica Libera (lien) pour annoncer les journées et enfin le communiqués du FLNC sur ce lien.
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