La question foncière a été, de tout temps, au coeur du combat pour l’émancipation politique du peuple corse. Des événements d’Aleria au vote des 24 et 25 avril derniers, quarante années de revendication tumultueuses et troublées pour aboutir à la reconnaissance, par les élus de la Corse, d’un droit collectif …
– La question foncière a été, de tout temps, au coeur du combat pour l’émancipation politique du peuple corse. Des événements d’Aleria au vote des 24 et 25 avril derniers, quarante années de revendication tumultueuses et troublées pour aboutir à la reconnaissance, par les élus de la Corse, d’un droit collectif essentiel : celui de pouvoir vivre dignement sur sa propre terre.
Le statut de résident est une proposition ancienne du mouvement nationaliste, que l’on retrouve -formulée comme telle- dès le milieu des années 1990. Elle fut, plus particulièrement, inscrite au programme de la démarche d’Unione naziunale, lors des élections territoriales de 2004, et a été naturellement reprise dans les deux programmes nationalistes présentés en mars 2010. Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’une idée neuve, même si ces dernières années lui ont conféré une dimension inédite. En effet, l’explosion des prix du foncier et de l’immobilier, observée durant la décennie écoulée, l’a placée au centre du débat politique.
L’exemple de Portivechju est très éclairant : alors qu’il s’agit d’une destination très attractive, où l’on ne compte plus les constructions de résidences secondaires, de 1999 à 2010 la population a augmenté trois fois moins vite que dans le reste de l’île, et six fois moins vite que dans les communes environnantes (hors Bonifaziu). Ce sont des centaines de familles originaires de la commune, ou y vivant déjà, qui ne peuvent s’y installer durablement ; tout simplement car elles n’ont pas les moyens d’y accéder à la propriété, voire même dans certains cas à la location. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un processus de déclassement territorial, symbolique d’une aggravation des inégalités qui porte en germe de nombreuses dérives, qui déchaîne les sentiments de frustration et de dépossession. À cet égard, le film Les Apaches, de Thierry De Peretti, illustre parfaitement le phénomène en ce sens qu’il traite autant de racisme que de ségrégation économique et sociale.
Si l’on rajoute à ce tableau, déjà bien sombre, les liens qui existent entre appétits spéculatifs et violences criminelles, la réponse de l’Assemblée de Corse n’en apparaît que plus pertinente. Elle vient sanctionner trois décennies d’absence de décisions, incarnées par l’incapacité à adopter un schéma d’aménagement, puis un PADDUC. Le statut de résident a donné lieu à d’innombrables débats techniques et juridiques ; il était temps de lui donner sa véritable signification politique : celle du refus d’une société où des personnes (et capitaux) venus de l’extérieur pourraient s’accaparer notre terre qui, avec notre culture, fonde notre patrimoine collectif le plus précieux.
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Revue de Presse et suite de l’article :
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