On oublie trop souvent que le « chevènementisme » est l’état ordinaire de la gauche en France, une gauche pétrie d’un insupportable jacobinisme moralisateur. Le voyage officiel de Bernard Cazeneuve sur l’île est venu le rappeler avec force.
La prise en main du dossier corse par le nouveau ministre de l’intérieur a des allures de remake cinématographique. « Chevènement, le retour », tel serait le titre de ce scénario dont les pires épisodes sont sans doute à venir.
Car Bernard Cazeneuve est une sorte de clone de Jean Pierre Chevènement qui se serait reconverti en bureaucrate obstiné. Au Ministère du budget, où il avait été nommé comme successeur de Jérôme Cahuzac, il avait déjà donné sa mesure. Le sort des arrêtés Miot aurait dû nous alerter tant l’inertie gouvernementale opposée aux députés corses quand les amendements parlementaires ont été votés sur les droits de succession en Corse annonçait la censure programmée par le Conseil Constitutionnel.
Pour les Cazeneuve et consorts, le « républicanisme » est la nouvelle vulgate à la mode qui consacre le système jacobin en dogme absolu, en lieu et place de la seule valeur qui vaille, la démocratie. Car c’est bien là le fond du débat ; la volonté démocratique de la Corse a-t-elle droit de cité dans la « République » de ces gens là ? Manifestement pas !
Le passage, imposé par le protocole, du ministre par les salons de la Mairie de Bastia a illustré ce déni de démocratie. La grimace jacobine qu’il a présenté aux médias à cette occasion est en fait tout un symbole politique. Etre reçu par un maire nationaliste dans la préfecture de la Haute-Corse, qui plus est jusque là tenue par le plus anti-nationaliste des élus politiques insulaires, c’en était trop pour celui qui aurait tant voulu visiter une Corse tricolore, où l’identité corse serait un peu comme cette maison de Cugnòculi qu’il a montrée à la presse, une ruine tombant à terre, là où vivait au siècle dernier une arrière grand-mère esseulée.
Plus que les propos définitifs signifiant aux élus corses un refus global des propositions faites par une majorité absolue d’entre eux, les simagrées visant à occulter la réalité politique bastiaise, et à travers elle la réalité politique de la Corse, étaient totalement risibles et choquantes : effacement de la visite dans le programme officiel, puis sur le blog internet où chaque étape avait pourtant été mentionnée, tout a été fait pour manifester l’ire ministérielle contre les électeurs bastiais et leur choix démocratique de mars dernier.
C’est peu dire que cette visite ministérielle, la fin de non-recevoir adressée aux élus corses, et les attitudes et propos caricaturaux du ministre ont profondément choqué la Corse. Ce refus de tout dialogue, et la marginalisation imposée à l’Assemblée de Corse, représentation élue de la Corse, a de quoi inquiéter pour l’avenir. Car dans le triumvirat au pouvoir Hollande-Valls-Cazeneuve, il n’y a visiblement aucune place pour le peuple corse.
Quelles seront les conséquences politiques de ce niet gouvernemental ? En premier effet, on entend monter la petite cohorte de ceux qui ont pour seule politique de jouer les auxiliaires du pouvoir parisien. Il faut dire que le créneau est libre depuis l’éviction des Zuccarelli à Bastia et l’annonce de sa retraite par Nicolas Alfonsi. Alex Alessandrini est alors sorti de nulle part pour occuper le créneau. Il ne sera pas seul, et à droite aussi on aura la montée légitimiste des « défenseurs de la France », Marcel Francisci en tête. Le « camp français », globalement, va essayer de reprendre du poil de la bête sur le dos des « réformistes », et il va s’activer ferme contre Paul Giacobbi, contre le Padduc, contre la commission Chaubon, etc….
Coté nationaliste, il nous faut prendre acte de ce refus frontal de l’Etat. De toutes façons, la crise du pouvoir est telle en France qu’aucune perspective n’apparaissait réellement porteuse pour une évolution institutionnelle à court terme. Et tant que le peuple corse dépendra des vicissitudes de la vie politique française, il en sera ainsi.
En fait, l’avenir du peuple corse ne peut se concevoir qu’à travers une véritable autonomie pour la Corse. Le combat continue !
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CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]