Il ne viendrait à l’idée de personne dans l’Europe d’aujourd’hui de se poser la question de l’indépendance des États Baltes. Elle est pourtant récente, et hormis le court intermède de 1945, ce qui fut la grande Lituanie a été durant mille ans, prise entre la poussée géopolitique du monde germanique, de l’empire russe puis soviétique, des ambitions récurrentes des Polonais et des Suédois enfin.
Le Monde Libre ne manqua pas d’applaudir, lors de la chute du mur de Berlin , la fin de la sujétion des pays satellites et plus particulièrement la création des républiques libres d’Estonie, de Lituanie et de Lettonie en 1991…De même, il ne viendrait pas à l’esprit d’un seul européen non espagnol ou non anglais, de dire que les aspirations indépendantistes des Catalans ou des Écossais sont illégitimes.
Seuls les journalistes qui assurent le show politique et sportif sur les chaînes de la télé parisienne prétendent régulièrement le contraire.A y regarder de plus près, la question des indépendances nationales, tout au long du siècle passé et au début de celui-ci, s’est posé de deux manières différentes à l’Occident. Dans les possessions coloniales des empires européens, la montée des mouvements de rupture procède d’une exploitation insupportable à la fois des ressources du sol et des « indigènes », par une puissance qui les traitaient comme des citoyens de seconde zone.Vient s’ajouter dans la pensée politique française une dimension supplémentaire : la certitude que la France, « mère des arts , des armes et des lois », avait pour mission de civiliser ces « peuples premiers ». Ce qui explique que d’un point de vue historique, la gauche française, positiviste et humaniste , a longtemps été le fer de lance des aventures coloniales.On sait ce qu’il advint en mai 1940 du mythe français discrédité par cinq années de collaboration avec le régime nazi, et plus tard, dans quelles conditions tragiques se dénoua la question coloniale.
La question des peuples-nations-états souverains injustement annexés par les grandes puissances européennes est différente, en particulier en ce qui concerne la Corse. Lorsque après 1871 la IIIème République commença à imposer sa brutale administration centralisatrice, les Corses sortaient d’une guerre de 100 ans avec un État que pour une grande majorité ils n’acceptaient pas. Seules les familles des caporaux trouvaient leur compte dans une collaboration politique avec le pouvoir parisien qui, ne sachant que faire d’un territoire peu lucratif , s’était fixé pour but de circonscrire la moindre revendication (qu’il baptisa banditisme)par la coercition habituelle, mais aussi par l’encouragement à l’émigration.Ce fut d’autant plus facile que les Corses furent individuellement admis comme blancs et chrétiens dans la France raciste et dévote du début du XXème siècle. L’État y employa deux auxiliaires déterminants : l’école laïque et républicaine et les fondateurs de ces dynasties électives qui ont fait le charme de notre beau pays, volé une partie de son foncier , confectionné son folklore et ruiné son développement.
Au contraire de la Catalogne et de l’Écosse, la Corse ne dispose d’aucune organisation économique opératoire et se trouve dans une situation de dépendance qui la rend incapable de subvenir aux besoins d’un peuple si petit soit-il. Mais la question de l’indépendance s’y pose de la même façon, puisqu’elle met en évidence le blocage de la construction européenne par la résurgence des velléités souverainistes qui excluent les différences qualifiées d’« identitaristes » par l’intelligentsia bien en cour. Le problème de la souveraineté de la Corse au sein de l’Europe se pose avec acuité : seule la possibilité de se gouverner elle-même permettrait à la Corse de sortir de son sous-développement chronique et de l’impuissance politique qui transforment, lentement mais sûrement, une région européenne en une sorte de Haïti méditerranéenne…Le problème corse est plus que jamais un problème de cohérence européenne !
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