« Par crainte d’un mal, on se jette dans le pire. Le Front National qui flatte avec beaucoup de démagogie les élans et les penchants les plus populistes et les plus détestables de la société française, récolte les fruits de son militantisme xénophobe. Ce n’était pas une fatalité, mais notre gouvernement n’a pas su répondre aux inquiétudes légitimes de la population française.
Nos compatriotes chercheraient-ils les ennuis en rejetant aussi sévèrement les partis (qualifiés à tort) de traditionnels dont ils semblent s’éloigner? S’ils font fausse route en croyant que ce parti nationaliste pourra régler leurs anxiétés de temps de crise, il faut essayer cependant de comprendre le désarroi, cet insupportable sentiment de déréliction qui leur fait croire qu’ils n’intéressent plus les responsables politiques. Sous peine de voir se creuser le fossé entre le peuple et ses représentants, il y a une urgence à répondre aux attentes de ceux qui souffrent, ne croient plus en leurs « élites » et ne veulent plus apporter leurs suffrages aux partis politiques républicains.
La crise du capitalisme financier a creusé le fossé entre le peuple et les gouvernants. Ceux-ci, tout occupés par pure idéologie libérale, à gérer une crise dont ils ne contrôlent plus les principaux leviers, s’enferrent dans leurs austères politiques, obéissant d’un même coup à une Allemagne qui impose l’austérité généralisée pour mieux défendre son économie. L’Europe, oui, mais quelle Europe ? Il y a été répondu d’une façon biaisée.
Le vote de dimanche dernier était d’abord un vote qui n’engageait pas le choix du gouvernement de la France et permettait donc, plus qu’aucun autre, le défouloir, un vote sanction en quelque sorte. Il était aussi celui du rejet d’une certaine idée de l’Europe, celle, libérale, des privilèges accordés aux nantis, des mises en concurrence effrénée et faussée, du dumping social et fiscal, de la dévalorisation du travail au profit du capital, de l’individualisme contre celle de la solidarité des peuples. Même si je crois que ce vote sanction aura des suites, je crois qu’il est avant tout un message de désespérance et il convient d’y répondre vite en changeant de politique.
Nous avons la responsabilité, nous, les démocrates républicains, de retrouver le sens du peuple et particulièrement la Gauche qui doit se réinventer sans renoncer à ses objectifs. Parmi les raisons de cette progression inquiétante du Front National, il y a le désengagement progressif de l’Etat. Il faut donc redonner à l’Etat, aujourd’hui concurrencé par la logique du marché et la dérégulation, sa capacité d’intervention.
Nous devons nous ressaisir et lutter contre cette idée odieuse à mes yeux, que la progression du FN est inexorable. Rien ne serait plus désespérant pour nos compatriotes que d’abandonner cette lutte des idées. Mais trop de distance entre les électeurs et leurs représentants a fait qu’un parti xénophobe, anti-européen, sans autre programme que le repli sur soi économique devient, pour peu de temps je l’espère, le premier parti de France.
Cela nécessite une remise en question des attitudes péremptoires, des discours convenus, des comportements politiques stéréotypés qui manquent d’audace.
Cela veut dire aussi qu’il faut cesser d’être sourd à la colère du peuple qui s’est exprimée Dimanche dernier. Ce n’est pas seulement l’Europe et sa politique libérale qui ont été sanctionnées, mais aussi l’incapacité de nos dirigeants à donner le seul bon cap qui vaille : celui de la solidarité, politique, économique et sociale, des peuples européens. La politique actuelle du gouvernement est en cause. Injuste, inégalitaire, trop libérale.
Les électeurs avaient cru qu’en votant pour François Hollande en 2012, ce serait, enfin, plus de solidarité qui leur permettrait de mieux vivre et de croire à un avenir meilleur. Abstention aidant, le FN a prospéré sur cette désillusion populaire. Il faut vite retrouver une vision pour le peuple et non pour les marchés. »
Dominique Bucchini
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