Les échéances européennes sont l’occasion pour les Corses de toucher du doigt un certain nombre de réalités cruelles qui tiennent à une évidence: quoi qu’il advienne du résultat du scrutin au soir du 25 mai,ils ne seront pas défendus en tant que Corses au parlement européen !
Il ne s’agit pas d’un postulat a priori mais du constat déjà ancien que les élus corses n’ont jamais manifesté la moindre intention de jouer de la sympathie que la situation de leur pays suscitait en Europe quand celle-ci affiche ostensiblement son hostilité au modèle français ! Les candidats corses au Parlement Européen s’alignent, pour la plupart, sur les positions des états majors parisiens : UMP, PS,FDG, FN et Verts, qu’ils se déclarent eurosceptiques ou non .
En réalité le débat se circonscrit à une guerre de com, où UMP et PS redoublent de mauvais arguments pour combattre la démagogie de Le Pen et Mélenchon, révélant l’impuissance de la classe politique à apporter des remèdes à une crise qui a dépassé depuis longtemps le cadre strict de l’économie.Mais il fallait bien que dans ce consensus de la médiocrité la Corse affichât une singularité. C’est la suivante:de toutes les régions-nations en conflit avec leur État de tutelle, la Corse est la seule dont le mouvement contestataire n’a pas de position raisonnée et donc stratégique sur l’Europe ni encore moins un discours structuré qui annonce avec force ce que le Peuple Corse est en droit légitime de réclamer à l’Europe!Autrement dit, les Corses ne paraissent pas avoir de projet politique assez subversif par rapport au statu quo pour forcer la main des autorités européennes et les obliger à examiner l’ultime survivance coloniale de la communauté européenne.
En témoignent les derniers soubresauts de la SNCM, fausse « continuité territoriale » mais vraie rente de situation; le monopole des groupes Veolia, Vivendi ou EDF,qui ressemble plus à un affermage colonial qu’à un véritable service public;la ruine de l’économie locale par le sous développement des structures et le déséquilibre sectoriel ; la dépendance chronique aggravée par la mort annoncée de l’agriculture ; le problème du foncier, valeur refuge et enjeu majeur d’un nouveau banditisme qui contrôle le tissu politique; la destruction systémique d’un art de vivre millénaire par une véritable substitution ethnique et la marchandisation de la culture corse. La Corse contemporaine est sur administrée mais elle n’est pas gouvernée!Aucun projet global, aucune perspective n’émane de ses structures politiques. Dans les rapports ambigus qu’entretiennent les instances européennes et le États nationaux, il faut tenir compte de la force d’inertie de ceux-ci, de leur incapacité à accepter une « dévolution ascendante des pouvoirs » au bénéfice du Parlement Européen et simultanément de leur refus-du moins pour la France- de toute « dévolution descendante » à l’endroit des collectivités dites régionales.
Dans cette optique on voudra bien considérer que la crise économique, pour réelle qu’elle soit, n’est qu’un prétexte à l’exacerbation des nationalismes d’État qui, malgré les protestations vertueuses, infectent la quasi totalité du paysage politique. Face à cette idolâtrie de l’État, le Peuple Corse n’a que « son nationalisme » pour se défendre. Encore faut-il remettre un peu d’ordre dans la confusion sémantique instillée par l’État jacobin et ses thuriféraires : contrairement au nationalisme maurrassien fondé sur le mythe du sang des morts pour rien dans des guerres qui ont failli ruiner l’Europe, le nationalisme corse n’est que la forme ultime du patriotisme d’un peuple qui prend conscience qu’il va disparaître. Ce que nous appelons « culture corse » n’est pas autre chose qu’un art de vivre ensemble, il est en réalité l’un des seuls vrais projets humanistes dans l’ univers globalisé de notre XXIème siècle. La Corse a besoin pour sa reconstruction de cette identification culturelle, et non d’une fallacieuse identité nationale véhiculée par des autorités académiques et bellicistes depuis Louis XIV ! Mais les Corses ont aussi et prioritairement besoin de pain et c’est bien là que notre revendication a radicalement évolué depuis le début du Riacquistu. Désormais le projet politique national ne peut se limiter à une reconnaissance identitaire . L’état de la Corse réclame trois types de mesure :
l’organisation d’un pouvoir politique moderne débarrassé d’une gérontocratie cumularde qui ne correspond plus à la société corse contemporaine et qui l’empêche d’accéder à la gestion de ses affaires ;une révolution de l’aménagement territorial qui prenne en compte la réalité de la Corse contemporaine et qui repense l’intégralité des équipements structurants dans un cadre novateur;un plan économique dont le but ultime ne sera plus de l’enfoncer dans l’assistanat mais de l’en sortir en exploitant des ressources importantes au regard de sa démographie. Nul doute que si ces conditions étaient réunies, la pratique culturelle qui anime encore notre antique société permettrait l’épanouissement d’un nouveau contrat social et garantirait une continuité du modèle européen en Méditerranée Occidentale.C’est bien à ce niveau que se situe le combat des Corses pour leur émancipation et c’est la tâche qui devrait échoir à un Mouvement National refondé dés lors que ses représentants voudront bien reconsidérer leurs objectifs !
Ghjacumu Petru
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