« Vivre et travailler au pays », clament les bonnets rouges bretons. Ce slogan de la CFDT des années 70 est également bien intégré en Corse, à travers -entre autres- les revendications de « Simu di Stu Paese ». Travailler au pays : en voilà une folle ambition. Dans quel secteur ? Quelles sont les offres d’emploi ? Quels sont les 10 métiers les plus recherchés en Corse ? Un document de Pôle Emploi1 disponible en ligne nous donne la réponse, et elle est édifiante.
Lors d’une étude récente, il est apparu que les dix métiers du secteur privé les plus recherchés en Corse étaient :
1. Service en restauration ;
2. Personnel de cuisine ;
3. Aide agricole de production fruitière ou viticole ;
4. Nettoyage de locaux ;
5. Personnel d’étage ;
6. Services domestiques ;
7. Plonge en restauration ;
8. Maçonnerie ;
9. Café, bar brasserie .
Il s’agit majoritairement d’emplois du secteur tertiaire, à part l’aide agricole et la maçonnerie. Des métiers dont la rémunération moyenne tourne autour du SMIC, et dont le caractère saisonnier ne fait aucun doute. La progression professionnelle est quasi inenvisageable, les conditions de travail sont difficiles et le besoin de formation est très faible. Ici, on touche véritablement du doigt le « travail précaire ».
A titre de comparaison, en Île de France, les métiers les plus porteurs sont ingénieur et informaticien, mais aussi le secteur des arts du spectacle, de l’industrie ou de l’agro-alimentaire.2 Mieux encore, à l’échelle mondiale3, malgré la crise, les métiers les plus recherchés sont les ingénieurs et les commerciaux. Mais en Corse, ce sont les serveurs et les seconds de cuisine. Tous les diplômés de notre île, tous les étudiants s’en vont contraints et forcés pour enrichir le capital intellectuel et productif d’autres contrées, pendant que nous stagnons inexorablement dans le marasme et la médiocrité. Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?
La situation économique corse est catastrophique. Il faudra absolument changer de modèle de développement pour offrir la possibilité aux enfants de cette île d’y vivre et d’y travailler dignement, autrement qu’en survivant tels des esclaves modernes, au service d’un tourisme de masse, inhumain et destructeur, ou en se réfugiant dans la trop pistonnée fonction publique. Les potentialités existent : la terre est l’une des plus fertiles de Méditerrannée, les éléments sont favorables à une politique énergétique de pointe, la matière première est à portée de main, l’université forme des personnels compétents, l’industrie et la production de qualité sont largement envisageables, les idées sont là : qu’attendons-nous pour nous élever au rang des îles civilisées, plutôt que d’exiler nos compétences et de se complaire dans une misère sociale et intellectuelle mise en place par les politiques étatiques depuis des décennies, imposant le tout-tourisme et la dépendance ? Ce qui est possible en Sardaigne l’est aussi en Corse. Ce qui était possible il y a deux siècles en Corse l’est encore aujourd’hui. Rien n’est impossible: développer la Corse n’est pas utopiste. Le fatalisme est à envoyer aux oubliettes.
Si nous voulons préparer sereinement notre émancipation politique et culturelle, il faudra nécessairement l’accompagner d’une émancipation économique rapide et dynamique, encouragée par les pouvoirs publics. Paris nous a enfoncés dans une misère volontaire en nous destinant à l’ultra tourisme et en détruisant toute capacité de production au cours des siècles : à nous aujourd’hui de prendre le chemin inverse en choisissant et en réclamant fermement un modèle de développement radicalement différent, pour le bien de notre île et de ses habitants.
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CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]