Les responsables du mouvement livrent leur analyse des dernières municipales et pointent des «fautes politiques graves» notamment à Bastia «où l’on a permis à des tenants de l’archaïsme de se recycler»
Alors que l’euphorie de la victoire se transforme pour certains en boulimie de travail, car il faut bien maintenant se montrer à la hauteur et préparer les changements annoncés, d’autres tirent les enseignements du scrutin municipal, et prennent acte de la nouvelle donne politique.
Si les dernières municipales ont modifié le paysage politique, elles ont aussi sensiblement impacté les relations qui prévalaient jusque-là au sein de la mouvance nationaliste, voire élargi un peu plus le fossé entre radicaux et modérés, laissant probablement des traces sur les positionnements futurs.
Corsica Libera a voulu rendre publique son analyse hier, au cours d’une conférence de presse à Bastia, revenant sur les choix des deux principaux leaders du courant dit modéré, à Porto-Vecchio et Bastia : ici comme là, on a « validé un préalable visant à exclure des militants de Corsica Libera, une décision grave et incompréhensible à un moment où ce préalable a été explicitement levé par la plupart des élus « hors mouvement national », souligne Jean-Guy Talamoni, évoquant une « faute politique ».
A Porto-Vecchio, cette stratégie a été « lourdement sanctionnée », et à Bastia, « malgré ce qui peut apparaître comme une victoire, cette faute a été aggravée par une gestion des symboles significative : se situer entre le drapeau tricolore et la tête-de-maure revient à accepter clairement le principe de la tutelle française ».
Il y a plus grave, selon les chefs de file de Corsica Libera, pour lesquels le succès du triumvirat emmené par Gilles Simeoni a toutes les allures d’un rendez-vous manqué. « Alors que le mouvement national pouvait prétendre après tant d’années de lutte et de sacrifices à arracher ses premières victoires dans des élections municipales, on a permis à des tenants de l’archaïsme de se recycler ».
Dans le viseur, François Tatti qui, « avec seulement 15 % des voix devient le nouvel homme fort de Bastia », en accédant à la présidence de la CAB. Et ce, alors que « ses options antinationalistes sont depuis longtemps affirmées et réaffirmées, notamment en ce qui concerne la coofficialité du corse et le statut de résident. Cela confirme ce que nous annoncions déjà dans l’entre-deux-tours : tout change pour que rien ne change,observe Jean-Guy Talamoni. D’ores et déjà, le pouvoir est retourné à ceux qui le détenaient il y a peu ».
Au final, « Bastia a un maire nationaliste et un conseil municipal qui ne l’est pas, l’ancien système s’est reconstitué, et il n’y a pas une majorité pour porter les idées nationalistes ».
Dans cette nouvelle configuration, le courant indépendantiste réaffirme son attachement à l’idée nationale, celle qui n’a cessé de contester la tutelle française sur la Corse. Et entend développer sa propre stratégie, ses propres alliances, « car il n’est désormais plus possible de maintenir un discours sur la base de l’unité du mouvement ».
« Pas d’anathème »
Corsica Libera continuera « à défendre les intérêts fondamentaux des Corses jusqu’à l’obtention d’une souveraineté pleine et entière »,sans pour autant opter pour le repli mais « en renforçant, au contraire, le dialogue avec l’ensemble des responsables politiques susceptibles de contribuer à une solution politique qui demeure un axe majeur. Nous le ferons sans ostracisme aucun,poursuit-il. Même si nous sommes contraints de dresser un tableau réaliste de la situation et d’analyser sans complaisance certaines attitudes politiques, nous ne jetterons l’anathème sur personne. Notre offre de dialogue s’adressera à tous ceux qui sont susceptibles de l’accepter sans prétendre nous imposer de préalable ». Une démarche qui se concrétisera dans les semaines qui viennent.
Enfin, l’exécutif de Corsica Libera proposera la mise en œuvre d’une démarche d’ouverture en direction des sympathisants, à travers notamment la création de cumitati dans les différentes régions de l’île.
Corsica Libera « remercie les milliers d’électeurs qui ont accordé des suffrages aux listes sur lesquelles figuraient des militants du mouvement et félicite les indépendantistes qui ont accédé à des fonctions électives au sein des municipalités et structures intercommunales ».
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