#Corse Municipales 2014 : L’heure de certaines remises en question ?

Les élections dans les petites communes, notamment de l’intérieur, ont été le théâtre des habituelles combinaisons et jeux politiciens n’ayant que peu à voir avec les grands débats politiques (gauche-droite, progressisme-conservatisme ou clanisme-nationalisme).

On ne peut malheureusement que noter que malgré les luttes impulsées par le mouvement national depuis 40 ans, les querelles de cloche-merle, le les réseaux parentaux, les  « petits » services rendus ont pesé encore et toujours sur le scrutin dans ces petites communes. Certes cela existe aussi dans les communes de plus grande importance, mais au vu du nombre beaucoup plus important d’électeurs, la donne y est différente.

Avant l’émergence du mouvement national, le clanisme régnait en maître grâce aux services rendus, il s’appuyait notamment sur une certaine inculture et ignorance des populations, mais aujourd’hui malgré le niveau plus élevé d’instruction des électeurs, les besoins économiques et sociaux étant de plus en plus grands, il est toujours aussi facile pour les élus de promettre quelques miettes  (les promesses n’engageant que ceux qui y croient) qui leur permettent toujours d’acheter nombre de voix ou d’exercer certaines pressions…

Dans les grandes villes de l’île

A priori la situation devrait être plus simple et plus politique à analyser dans un certain nombre de communes plus importantes, d’autant que représentant la majorité de la population de l’île, les débats auraient dû porter d’avantage sur des enjeux plus politiques, notamment au plan du développement économique, social et culturel, intéressant l’ensemble de la Corse au-delà des simples programmes de gestion communale.

Comme dans les petites communes, on peut juger que globalement le mouvement national corse a augmenté en nombre de voix et d’élus, c’est une bonne chose, mais il faut essayer d’aller plus loin dans l’analyse.

A Porti-Vecchju, l’alliance des nationalistes « autonomistes du PNC » avec les forces de gauche « républicaines françaises » s’est révélée une erreur politique, d’abord parce qu’elle s’est concrétisée dès le 1er tour et ensuite parce qu’elle  a conduit à l’ostracisme envers l’autre composante du mouvement national corse, à savoir U Riacquistu-Corsica Libera.. Ce choix s’est traduit par un échec et le renforcement de la Droite à Porti-Vecchju. La logique « nationaliste » aurait voulu que l’alliance se fasse d’abord avec U Riacquistu puis avec la gauche Républicaine. Cette union au 1er tour a fait d’une partie du mouvement national  l’otage de forces certes de gauche mais conservatrices au plan local et peu en phase avec les aspirations collectives du peuple corse, et ce malgré les avancées accompagnées y compris par ces mêmes forces au sein de la Collectivité de Corse !

A Aiacciu, l’échec est probant. La liste d’union aurait pu être une bonne chose, mais le déroulement des « débats » et des négociations  internes depuis la fin du mois d’août ont pesé sur la mise en route d’une véritable dynamique militante nationaliste qui aurait pu dans d’autres conditions prétendre à un rôle d’alternative à la droite et à la gauche. La tentative « pathétique » d’union entre les deux tours avec la gauche, catastrophique en termes d’affichage vis-à-vis des électeurs,  a confirmé ce manque de clairvoyance et de responsabilité politique. On ne bâtit pas une stratégie, surtout de replâtrage entre les deux tours autour d’objectifs politiciens tels que par exemple la prise de la CAPA. Une telle éventualité sur des perspectives claires au plan politique (et non pas réduite à des objectifs de postes) aurait dû être envisagée et assumée sereinement et clairement avant le 1er Tour, au vu et au su de l’opinion pour que les électeurs n’aient pas l’impression de se faire flouer à la dernière minute.

Les sondages somme toute avaient occulté une seule chose, le poids de la rumeur. En laissant croire que la liste nationaliste allait s’allier avec la gauche au second tour, et la liste n’ayant pas une position clairement assumée sur cette éventuelle alliance, un certain électorat nationaliste aura préféré marquer son opposition à cette éventualité en votant dès le 1er tour pour Laurent Marcangeli (Environ 3% des voix qui se portaient traditionnellement sur les listes nationalistes). La liste nationaliste apparaissant trop balbutiante ou trop floue dans ses prises de position « plus politiques » en matière de choix de société au plan social et économique.  Au 2ème tour, l’effondrement s’explique par le vote en faveur de Simon Renucci d’une autre partie de l’électorat nationaliste plus favorables aux idées de gauche.

A Bastia, au-delà de la chute de la « maison Zuccarelli » qu’il faut saluer, cette victoire laissera malgré tout un arrière-goût d’amertume avec le rejet de Corsica Libera. Même s’il est difficile en tant que militant nationaliste d’être totalement satisfait de la performance de Gilles Simeoni, le choix pour l’heure s’impose à tous au vu du résultat, mais l’avenir seul dira si Femu a Corsica a véritablement et définitivement opté pour une politique de rassemblement plus politicienne ou s’il prendra d’autres initiatives permettant et privilégiant le rassemblement des mouvements nationalistes dans une stratégie commune ou à défaut autour d’objectifs communs allant dans le sens de la reconnaissance des droits du peuple corse sur sa terre..

A Corti, pourtant ville universitaire et malgré la présence d’une jeunesse remuante et proche du mouvement nationaliste dans son ensemble, le mouvement nationaliste pourtant uni n’aura eu qu’un rôle de témoignage.

In Sartè, la liste modérée du PNC qui  n’aura même pas daigné se concerter avecCorsica Libera, a subi un  échec rendant inopérable un rapprochement prévisible avec la liste du  Front de Gauche du Président de l’Assemblée de Corse qui à 71 ans a tenté un comeback à la mairie qu’il a gérée durant de nombreuses années.

Le poids des enjeux nationaux français

Si l’on va encore plus loin, on peut aussi voir dans la victoire de la droite (Ajaccio, Corté, Sartène, Porto-Vecchju et un peu Bastia, le poids des enjeux « français » au vu de l’effondrement de la confiance en la politique de François Hollande et la sanction de sa politique, d’autant que dans l’île nombre de nouveaux électeurs récemment inscrits sur nos listes (Français de l’Hexagone ou  ressortissants de la CEE) se fichent des aspirations des Corses, car pour eux «  la Corse c’est la France », et ils ont reproduit les comportements électoraux de la majorité électorale de l’Hexagone.

Une inévitable remise en question

Aujourd’hui, le mouvement national doit se remettre en question et se donner les moyens d’une véritable stratégie politique de prise du pouvoir pour le peuple corse. D’abord au sein de chaque entité nationaliste et Corsica Libera doit y réfléchir avant d’envisager de quelconques démarches avec l’aile modérée du mouvement national.

Cela implique en priorité une assemblée générale extraordinaire pour analyser sans réserve et sans tabou la situation découlant de ces élections municipales. S’Il ne s’agit nullement d’exclure définitivement toute possibilité  de convergence avec Femu a Corsica-PNC, il faut revoir nos relations avec cette mouvance et réfléchir à les rendre performantes. Il nous faut éviter à tout prix tout antagonisme auquel pourrait conduire une certaine amertume  après ces élections, qui sera immanquablement utilisé par l’Etat et les forces traditionnelles, quand ils ne tenteront pas de le fomenter ou de l’amplifier pour mieux exploiter nos insuffisances politiques au détriment des intérêts du peuple corse. Cela ne pourrait qu’être contre-productif car source d’affaiblissement de l’ensemble du mouvement, voire dramatique pour la survie du peuple corse et de ses droits sur sa terre.

Les idées « de gauche »

S’il est un autre aspect des choses, et non des moindres, qu’il faut souligner après ses municipales, c’est malheureusement l’affaiblissement des idées de « gauche » au sein de la société corse, et du mouvement national corse.

Au sein des forces politiques républicaines françaises en Corse, le Front de Gauchecertes n’est pas favorable au Mouvement national qu’il se plaît à qualifier de droite, car il ne veut pas prendre en compte les aspirations collectives de notre peuple, refusant de reconnaitre les Corses en tant qu’entité collective. Mais il faut le reconnaitre et pour ma part, je l’ai souvent répété, c’est une des rares forces politiques dans l’île qui s’oppose aux forces de l’argent et aux forces de l’ultra-libéralisme qui rêvent de mettre la corse en coupe réglée au détriment des intérêts collectifs, d’un réel progrès social basé sur une plus grande justice sociale et une répartition plus équitable et plus juste des bénéfices du développement entre le plus grand nombre. Son affaiblissement quelque part joue contre les intérêts de la Corse et des Corses.

Si la Corse a progressé au plan de la prise en compte plus élargie au sein des forces politiques (droite et gauche) de la nécessité d’une évolution statutaire pour l’île, la Question politique corse ne saurait se résumer ou se réduire à cette seule problématique, et le contenu social, économique ne saurait être occulté. Les intérêts collectifs corses sont aussi économiques et sociaux et ils s’opposent à la toute-puissance de la finance et des trusts. Sans revenir au « Socialisme original » porté par le mouvement national durant les années 70 de gauche («queue de comète de mai 68 » ?) les idées de la gauche universelle au plan économique et social  ne sauraient être éjectées de la revendication nationale corse, la différence avec les forces de gauche françaises et corses étant que ces idées de gauche pour le mouvement national doivent s’articuler autour du « logiciel des Corses et du peuple corse », logiciel que les forces de gauche en Corse, comme en France, refusent de prendre en compte. Et cela va bien au-delà malheureusement d’éventuelles alliances électorales sur des programmes communs communs d’action ou de gestion[1].

Un exemple portant à réflexion

En ce sens, nous ne pouvons que nous féliciter des positions claires et dans la continuité affichées tout u long de la campagne par la liste U Riacquistu-Corsica Liberade Porto-Vecchju. Ce fait est d’autant plus notable que c’est dans cette région de l’extrême-Sud de l’île que les requins de la finance sont le plus à l’œuvre et qu’elle constitue une sorte de laboratoire en matière de développement de la Corse. L’argent y est roi, les appétits y sont grands et la notion d’intérêt collectif et de développent pour les Corses s’efface au profit de l’argent-roi et des intérêts particuliers avec à la clé une société à deux vitesses où les Corses seraient majoritairement appauvris et marginalisés, même si une minorité de familles y compris de Corses en tirera profit dans un premier temps..

Blog Poggioli Pierre

(…)

CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)

Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]

. . A l'accorta annant'à Google Infurmazione For Latest Updates Follow us on Google News Nos dernière informations sur Google Actus

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