Quels seront les suites du scrutin municipal de mars 2014 ? La victoire de Gilles Simeoni à Bastia résonne très fort et propulse les nationalistes au premier plan. Mais le système claniste a fait aussi la preuve, à Portivechju et ailleurs, de sa force de résistance.
La Corse est au bord de la bascule, mais seule Bastia a basculé et les nationalistes, dans la foulée de Gilles Simeoni, emportent là un scrutin qui restera dans les annales.
A Aiacciu, il s’en est fallu de rien que l’union des nationalistes avec la gauche ne se réalise. A 17 heures, l’accord proposé aux nationalistes était accepté, puis il a été retiré in extremis en raison de pressions internes à la liste Renucci, et il a manqué quelques instants avant l’heure fatidique du dépôt des listes, le mardi à 18 heures, pour qu’un nouvel accord soit scellé.
Bilan négatif à tous égards : pour la liste Aiacciu Cità Nova qui se contente d’un élu d’opposition au futur conseil municipal, au lieu de plusieurs conseillers, d’adjoints et d’une vice-présidence à la communauté d’agglomération ; et pour Simon Renucci qui manque d’un petit pour cent sa réélection au profit de l’UMP Laurent Marcangeli. Ce rapprochement avec la gauche était le cas de figure probable, aussi il fallait l’anticiper davantage. Le manque d’expérience a joué en notre défaveur.
A Portivechju, la principale citadelle de la droite insulaire a jeté toutes ses forces dans la bataille, et elle a fini par l’emporter, comme six ans auparavant. Avec plus de 46% des voix, Jean Christophe Angelini a réaffirmé une solide assise sur le plan local, mais il n’a pas réussi pas à gagner, alors que beaucoup le voyaient en position de force au début de la campagne. L’union avec la gauche était indispensable à la victoire, comme à Bastia l’union avec la droite et la gauche dissidente. Mais elle a provoqué dans un sud sociologiquement plus à droite une réticence qui, à Bastia, sociologiquement très différente, n’a presque pas joué. Et la position excessivement hostile de Corsica Libera a fait le reste, assurant à la plus anti-nationaliste des droites la victoire sur notre candidat dont la liste était pourtant très majoritairement nationaliste.
Ailleurs, le mouvement nationaliste voit les maires proches de lui globalement reconduits, Veru, Cùttuli, Granace, Ambiegna, Lòpigna, Osani, Cristinacce en Corse du Sud, Belgudè, Lozzi, Santa Lucìa di Mercoriu, Pedipartinu, Ugliastru, Riventosa en Haute Corse, et plusieurs nouveaux maires élus dans des communes importantes, comme Joseph Pucci à Vighjaneddu dans le Valincu et José Poggioli à Patrimoniu dans le Nebbiu, deux importantes communes dans leurs régions respectives. Cela ne fait pas une « vague », mais cela exprime le confortement d’une audience en progression constante depuis 2008 et le précédent scrutin municipal.
Mais l’essentiel s’est joué à Bastia avec la victoire de Gilles Simeoni. C’est une victoire stratégique car, depuis sa précédente candidature de 2008, Gilles Simeoni a tissé un réseau dense de soutiens, et il a incarné dans sa ville l’image d’un nationalisme d’ouverture, apte à participer aux responsabilités. C’est aussi une victoire tactique, car la coalition de second tour a été anticipée avec beaucoup de lucidité et menée ensuite sans coup férir. Les sondages ont montré l’ascension régulière des intentions de vote en faveur d’Inseme per Bastia, jusqu’à rattraper la liste de la mairie sortante au soir du premier tour avec 34% des voix. Dès lors, positionné comme seule tête de liste légitime de l’opposition, Gilles Simeoni a conclu un accord équilibré apte à assurer sa victoire. Le « front rénovateur » ainsi fédéré a reçu l’aval indiscutable du corps électoral, notamment l’électorat nationaliste qui n’a pas suivi les réticences de Corsica Libera.
Cette victoire de Bastia suffit à nous renforcer considérablement dans l’opinion publique corse, et à impressionner hors de Corse ceux qui, au gouvernement et ailleurs, ont à traiter le problème corse. Démonstration a été faite que Femu a Còrsica est en mesure de fédérer une véritable alternative au système. En route désormais vers les européennes le 25 mai prochain, puis les territoriales de 2015.
François ALFONSI
Article publié le 31 mars 2014, à lire ci dessous :
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Revue de Presse et suite de l’article :
François AlfonsiCorsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]