Elu pour la première fois en 2001, Simon Renucci, maire d’Ajaccio et ancien député, tentera de conserver don fauteuil de la Maison Carré à la fin du mois de mars prochain, à l’occasion des élections municipales.
Celui que l’on appelle encore affectueusement « Tonton Simon » vient de dévoiler sa liste pour ce scrutin. Une liste particulièrement ouverte sur plusieurs sensibilités politiques, puisque cette dernière réunit une grande partie de la gauche ajaccienne, dans toute sa diversité, mais aussi des nationalistes, des écologistes, et quelques personnalités issues du monde associatif. Pour faire face à une droite rajeunie et réorganisée autour d’un nouveau leader, le conseiller général et député Laurent Marcangeli, Simon Renucci et son équipe entendent défendre un bilan solide. Assez solide toutefois pour prétendre à un nouveau succès ? Nous avons rencontré Simon Renucci afin de faire le point sur son bilan et quelques idées phares de son programme.
Que répondez-vous à vos contradicteurs qui disent que votre bilan est mauvais ? Lesquels ?
Les nationalistes et le FN n’ont pas de bilan. Si la critique est aisée, l’art est difficile. Anne-Marie Luciani, et dans une moindre mesure François Filoni, partagent le mien. Si je suis mauvais, alors la preuve est faite qu’ils n’ont pas toujours fait les bons choix ! Quant à la droite, que ce soit celle qui était en place à la Mairie avant 2001, à la CTC avant 2010 ou qui dirige actuellement le Conseil général, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle peut se montrer modeste pour ses réalisations à Ajaccio. Je vous le dis sereinement : personne n’a fait mieux ni autant que nous pour la capitale régionale. C’est incontestable.
Quels sont les grands chantiers dont vous êtes le plus fiers, réalisés dans vos deux mandats en tant que maire d’Ajaccio ?
Des grands chantiers il y en a eu vraiment beaucoup ! Les stations d’épuration et la requalification du vallon de Saint Antoine pour la protection de notre environnement ; la caserne des pompiers et les bassins de rétention pour la sécurité des habitants ; la construction du centre technique municipal pour la dignité et l’efficacité du service public ; la Parata et le Palais Fesch pour la mise en valeur de notre patrimoine ; les équipements sportifs et culturels (Espace Diamant, Palatinu, complexe de Vignetta, piscine des Salines etc.) pour l’épanouissement des Ajacciens et leur ouverture sur le monde ; le plan de rénovation et de reconstruction des écoles pour l’avenir de nos enfants ; les travaux d’embellissement du centre-ville (la place Miot, le Tribunal, la rue Fesch etc.) pour faire briller Ajaccio ; le programme de rénovation urbaine des Cannes et des Salines pour réunifier la ville.
Et la liste est incomplète. Et ce n’est même pas cela qui fait notre plus grande fierté : car nous sommes tout aussi heureux d’avoir étoffé l’offre de services à la population (service jeunesse, portage de repas pour les seniors etc.), d’avoir créé une tarification sociale, d’avoir mis en place les réseaux de médiathèques et de centres sociaux, d’avoir mécanisé le service nettoiement, d’avoir informatisé la mairie. Bref, d’avoir métamorphosé la Ville.
On dit que cela a coûté cher, et que vous avez été au-delà des limites du raisonnable…
Entre 1995 et 2001, la Ville (qui exerçait encore les compétences dévolues ensuite à la CAPA) investissait 6 M€ par an en moyenne. Si c’est cela le «raisonnable », alors nous sommes allés très au-delà ! Entre 2001 et 2014, la Ville a investi 240 M€ (20 M€ par an) et la CAPA 140 M€. Mais le montant de la dette et le produit des impôts par habitant (fiscalité communale et intercommunale confondues) est inférieur à la moyenne nationale des villes et agglomérations comparables. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les chiffres officiels du Ministère de l’Intérieur et les rapports de la Chambre Régionale des Comptes. Des institutions qui ne sont pas réputées pour leur grand sens de la fantaisie ! Eux me trouve très raisonnable…
La dette de la Ville n’a donc pas augmenté de façon exagérée ?
En 2001, la dette par habitant était de 1289 € contre 1256 € pour la moyenne des villes comparables. En 2012 c’était 1 004 € pour Ajaccio contre 1213 € pour la moyenne nationale. Nous n’investissions rien et nous étions plus endettés que la moyenne, maintenant c’est le contraire. Cela se passe de commentaire.
La droite était pointée du doigt à la fin des années 90, à propos du nombre d’employés municipaux à Ajaccio. Cela coûte cher. La tendance n’a pas été inversée. Pourquoi ?
Si la tendance ne s’était pas inversée ces treize dernières années, aujourd’hui nous serions à plus de 2 500 employés ! On en est loin et même très loin. Pour la Ville, il y a eu une stabilisation des effectifs autour de 1400 équivalents temps plein, c’est-à-dire le nombre d’employés que nous avons trouvé à notre arrivée. La CAPA, pour sa part, compte autour de 200 équivalents temps plein. Entretemps la Ville a gagné plus de 12 000 habitants, et les autres communes de la CAPA ont également vu leur population s’accroître. La Ville accueille deux fois plus d’enfants à la cantine, trois fois plus en crèche, quinze fois plus en centres aérés. Elle a créé de nouveaux services (vidéo-protection, médiathèques, centres sociaux, maison des aînés, épicerie et grenier solidaires). Quant à la CAPA, elle exerce des compétences nouvelles (développement économique, prévention de la délinquance…). Je crois qu’on a plutôt bien serré les boulons ! Je vous invite d’ailleurs à comparer l’évolution des effectifs de la Ville d’Ajaccio et du Conseil général sur la même période.
La note est toutefois salée pour les travaux du parking Campinchi. Est-il vrai que nous aurions pu avoir mieux, pour moins cher ?
La note n’est pas salée. Le parking ne nous coûte rien. Je ne vois pas comment il pourrait être moins cher ! La Ville participe à hauteur de 20 millions d’euros sous forme de prêts bancaires pour la construction du parking Campinchi et la reconstruction/agrandissement du parking Diamant. Elle recevra 41 millions d’euros sous forme de loyer pendant la durée du contrat qui est de 35 ans. Contrat au terme duquel les parkings nous serons rétrocédés. Je rappelle qu’il y a eu un appel d’offres international, que la Ville avait engagé un cabinet d’experts pour la seconder dans l’élaboration de la délégation de service public, et que le rapport a été adopté à l’unanimité au conseil municipal.
On pourra mieux se garer dans quelques mois, mais cela ne veut pas forcément dire que les Ajacciens circuleront mieux. Y-a-t-il une solution pour régler ce problèmes des embouteillages ?
Il n’y a pas une solution, mais plusieurs mesures qui ensemble forment la solution. Ces mesures, elles sont détaillées dans le Plan de Déplacements Urbains : développer l’offre de transports collectifs et garantir leur efficacité, limiter le nombre d’entrées en ville grâce aux transports en commun (train, bus et bateaux reliés à des parcs relais), augmenter le turn-over et faciliter le stationnement (stationnement payant souterrain et de surface), favoriser les déplacements alternatifs (deux-roues, itinéraires piétons), améliorer le réseau viaire pour fluidifier la circulation (prolongement de la rocade, projet fond de baie). Nous avons progressé sur tous les points (nouveaux itinéraires et nouveaux abonnements pour les bus, voie bus, parcs relais de Campo dell’Oro et de Mezzana, parkings motos et vélos, parking souterrain, modification des carrefours, lancement des travaux du fond de baie). Pour utiliser une métaphore qui me semble adaptée à la circonstance, nous sommes sur de bons rails, à quelques stations seulement du terminus.
Revenons à présent sur votre projet pour l’avenir. Quelles sont les lignes directrices que vous voulez mettre en avant dans cette campagne ?
D’abord, je veux faire valoir un bilan. En matière d’équipements publics et de services à la population, la Ville d’Ajaccio n’avait jamais fait autant en si peu de temps. Nous avons créé une dynamique, nous avons aussi démontré un savoir-faire et imposé une éthique, une méthode. Je pense que nous sommes les mieux placés pour relever les enjeux de l’avenir qui se trouvent dans le renforcement des solidarités, la défense de notre patrimoine et de notre identité, la prise en compte de la transition énergétique et du développement durable, dans une période d’incertitude où les crédits d’Etat diminuent, où les tensions sociale sont plus fortes, où le pic pétrolier est derrière nous et le changement climatique devant nous.
Laurent Marcangeli a pour ambition de faire rayonner la ville au-delà des limites actuelles de la CAPA, en lorgnant notamment sur la rive sud du golfe d’Ajaccio. Etes-vous d’accord et ce projet est-il réalisable ?
S’il voulait vraiment que la CAPA s’élargisse, il aurait pu se manifester au moment de l’élaboration du schéma départemental de coopération intercommunale voulu par Nicolas Sarkozy ! J’étais pour l’élargissement. Lui était conseiller municipal et conseiller général, et pourtant il était aphone. Croyez-vous qu’il soit possible d’obliger les maires de Bastelicaccia, de Grosseto-Prugna et de Cauro à intégrer la CAPA contre leur volonté ? Je leur ai déjà demandé, et ils ont préféré créer leurs propres intercommunalités. J’ai néanmoins réussi à constituer le SAGE (Parlement de l’eau) qui comprend l’ensemble des communes riveraines du golfe et des vallées du Prunelli et de la Gravona. Je rappelle qu’en matière de coopération, la droite n’avait rien fait.
Que comptez-vous faire, très concrètement, de la citadelle d’Ajaccio ? Certaines personnes sur votre liste affirment que le privé n’aura pas sa place dans ce nouvel espace de vie. Quel est votre sentiment ?
Personne sur ma liste ne tient un tel langage. Les gens qui m’accompagnent ont une réelle vision des enjeux financiers d’un tel projet. Notre gestion est progressiste, mais elle est aussi pragmatique. Nous chercherons à implanter le plus d’équipements collectifs possible sur ce site emblématique, qui doit être accessible à tous les Ajacciens. Mais nous ne sommes pas fermés à d’éventuels partenariats public/privé, pourvu que le patrimoine soit respecté et que les projets soient en cohérence avec un programme où les aspects culturels et éducatifs devront prédominer. J’ai toujours souhaité qu’Ajaccio accueille un pôle universitaire et de recherche, ainsi qu’un grand centre culturel ouvert sur la Méditerranée. La citadelle nous donne cette double opportunité ainsi que la création d’une école de tourisme.
Avez-vous été satisfait de la politique culturelle de ces dix dernières années dans la ville. Vos détracteurs ont avancé le mot « d’élitisme » dans la programmation. Vous trouvez cette critique injuste ?
Il faut vraiment n’être jamais allé au théâtre municipal pour juger sa programmation élitiste. D’ailleurs, vous ne serez pas surpris d’apprendre que ceux qui formulent ce genre de critiques ne sont pas les plus assidus à l’Espace Diamant. Eclectique est un adjectif beaucoup mieux adapté. De même qu’accessible, grâce à la mise en place d’une tarification sociale. Depuis 2001, nous avons plus que doublé le nombre de spectacles programmés par la Ville, mais nous avons également ouvert nos salles et nos places publiques aux partenariats extérieurs, aux festivals. Nous avons considérablement augmenté nos soutiens aux associations et aux artistes. Nous avons aussi encouragé les pratiques artistiques (les ateliers de chant, de peinture, de théâtre) et fait la promotion de la langue corse. Nous sommes la première commune de Corse à avoir proposé le bain linguistique dans les crèches et la seule à avoir créé un service de langue et de culture corses. Il s’agit d’une politique culturelle populaire et de qualité. Le public ne s’y est pas trompé : la fréquentation en témoigne.
En ce qui concerne la constitution de votre liste, nous pouvons y trouver des nationalistes. Pourquoi cette ouverture ?
Elle n’est pas nouvelle. Déjà en 2008, au-delà des représentants de la gauche et de personnalités issues de la société civile, des candidats de sensibilité nationaliste étaient à mes côtés et s’y trouvent toujours. J’ai toujours été pour l’union des forces de progrès. C’est l’ADN de Corse Social Démocrate. J’ai été sensible aux soutiens que j’ai reçus de la part de nombreux nationalistes avant et après les législatives de 2012 et j’ai décidé d’aller plus loin cette année en formalisant un accord avec un collectif dont les membres sont connus pour leurs engagements dans le domaine social.
Nous avons vu un rapprochement très étroit entre les nationalistes modérés et la gauche à Porto-Vecchio. Dans ce contexte, la liste d’union nationaliste Aiacciu Cità Nova pourrait-elle devenir un allié potentiel entre les deux tours ?
Je n’ai pas pour habitude de parler du second tour avant de connaître les résultats du premier.
Vous êtes le maire sortant, et pourtant, vous restez sur un cinglant revers face à Laurent Marcangeli lors des dernières législatives. Ne craignez-vous pas que la dynamique soit du coté de votre challenger ?
Pour le moment, je n’ai pas de challenger. A moins que des listes ne se constituent ou se retirent d’ici là, il y aura le 23 mars un sortant et six impétrants.
Après deux mandats, quelles sont les motivations qui vous conduisent à vous représenter ? Les électeurs pourraient craindre une certaine « usure du pouvoir ». Que pourriez-vous leur répondre pour affirmer votre détermination ?
En treize ans, nous avons relevé de très nombreux défis pour l’environnement, pour le service public et les solidarités, pour la culture et le sport, pour la coopération intercommunale. Autant de domaines où nos prédécesseurs s’étaient montrés impuissants. Des projets d’une importance considérable sont actuellement en cours, comme le programme de rénovation urbaine, l’aménagement du fond de baie, la réforme des rythmes scolaires et l’opportunité que cela constitue pour l’égalité des chances et la cohésion sociale. Nous avons construit en deux mandatures les fondations de la métamorphose d’Ajaccio. Nous souhaitons poursuivre la modernisation et la dynamique en encourageant le développement économique, en préservant la qualité de vie et en valorisant notre patrimoine. Nous avons une équipe crédible, expérimentée qui défend Ajaccio et qui sera heureuse de poursuivre le chemin pour le bien-être des ajacciens.
Article publié le 14 février 2014 à lire ci dessous
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CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
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