Jusqu’à présent, à travers les visites présidentielle (en octobre) et gouvernementales (Valls, Taubira, ou les deux ensemble), le climat politique apparaissait comme très frais, voire glacial. La venue en Corse de Marylise Lebranchu ce lundi 3 février a donné l’impression d’un début de réchauffement. Pas de quoi s’enflammer, mais à noter tout de même.
La météo gouvernementale est une science politique difficile. Elle varie d’un ministre à l’autre, d’un instant à l’autre, d’un endroit à l’autre, selon que l’on est à Paris ou ailleurs, en Bretagne ou en Corse, et elle peut générer des malentendus.
Il y a un peu plus d’un mois, depuis son bureau parisien, devant les caméras de FR3 pour l’émission Cuntrastu, Marylise Lebranchu était péremptoire : pas de co-officialité, encore moins de statut de résident, il fallait « remettre les pendules à l’heure » selon le résumé exprimé par le titre de Corse matin relatant sa prestation ; à l’heure parisienne comme de bien entendu !
Mais « l’heure corse » maintient sa réalité toute différente. Le vote sur le Padduc le 31 janvier a remis en avant la majorité très nette qui, à l’Assemblée de Corse, persiste et signe en faveur du triptyque regroupant la co-officialité, le statut de résident et la dévolution de la compétence fiscale sur les successions en réponse à la censure du Conseil Constitutionnel, et pour une reconnaissance de la spécificité de la Corse à travers un article 72-5 de la Constitution. Et, manifestement, l’opinion publique corse soutient très majoritairement cette démarche, sans compter le renfort du Conseil Constitutionnel qui, à l’occasion de la question des Arrêtés Miot, a clairement signifié que les Corses n’avaient rien à espérer à constitution constante.
D’autant que l’uniformisation à la française passe telle un rouleau compresseur sur toute velléité d’expression d’une quelconque autonomie de décision. Les derniers à en avoir fait les frais sont les Conseillers Généraux à propos de la nouvelle carte électorale des cantons. On aurait pu penser, après trente trois ans de statut particulier, et plus de vingt ans d’une loi électorale spécifique pour la Collectivité Territoriale, que les élus de la Corse auraient la latitude de décider par eux-même de la nouvelle architecture des cantons, tout en appliquant à la réalité insulaire les lois nouvelles en matière de parité ou les nouveaux équilibres démographiques. Que nenni ! Le fonctionnaire en chef de ce nouveau charcutage électoral, un certain Yves Colmou qui participe au cabinet de Manuel Valls, accompagnait Marylise Lebranchu dans son déplacement. Aux protestations de Camille de Rocca Serra contre le détachement de Quenza, commune-mère de Portivechju, vers Prupià, il oppose la tutelle sourcilleuse du Conseil Constitutionnel avec lequel il est obligé de travailler en étroite collaboration. Encore lui ! Bientôt c’est Michel Charasse en personne qui viendra décider de l’ordre du jour des sessions de l’Assemblée de Corse et des deux Conseils Généraux ! Arrêtés Miot, nouveau découpage cantonal et tant d’autres sujets sensibles : cette mise sous tutelle de la Corse n’a jamais été aussi marquée. Elle est insupportable. Et la détermination à en sortir en modifiant la constitution est de plus en plus grande.
Elle devient même contagieuse ailleurs qu’en Corse comme en témoigne le vote à plus de 70% de l’Assemblée Nationale pour modifier la constitution en vue de la ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales et Minoritaires. Il faudra en passer par un Congrès pour que cela devienne un vote solennel qui conduise à la ratification. Et rien n’interdira d’y accrocher alors la révision demandée par la Corse.
C’est ce qu’a murmuré Marylise Lebranchu, tout en y mettant de multiples conditionnels. Rien de bien exaltant, tout juste un léger frémissement. Mais une évolution positive tout de même.
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Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]